Humaine

La terreur

La terreur s'empare de moi avec une violence inouïe.

Même quand toutes les sorcières ont failli mourir, je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie. Je tente de bouger, un bras, mes jambes.

Bouge!

Mon corps refuse de m'obéir, alors que mes yeux s'écarquillent d'horreur et que je commence à trembler. Hannah est là.

Hannah est ici.

Elle m'a retrouvée.

Ma conscience me hurle de bouger, me dit qu'il y a une autre personne avec elle. Je ne l'écoute pas. Je suis focalisée sur le fait que ma cadette est là, en Arizona, qu'elle a réussi à me retrouver, et en beaucoup moins de temps qu'il n'en est normalement possible.

Moins de quatre jours.

Il a fallu moins de quatre jours pour qu'elle me trouve.

L'Anneau à mon majeur lance des vagues de chaleur dans mon bras droit, peut-être pour me donner du courage, mais je ne réagis pas. Mon regard est fixé sur ce message, que bientôt je ne vois plus, car l'écran se met en veille.

Une nouvelle vibration le rallume, me faisant sursauter. Je clique, telle une automate, sur la notification.

SÉRÉNA : TU FAIS QUOI??? ELLES SONT JUSTE DEVANT L ÉCOLE !!!

Je ne suis qu'une lâche. Incapable d'effectuer le moindre mouvement.

J'appelle mon âme-sœur, c'est la seule chose que je puisse faire.

La sonnerie retentit une fois. Deux fois.

Bouge putain!

Mais rien à faire, mon corps refuse de m'obéir. La terreur me paralyse, littéralement. Je n'avais jamais ressentir quelque chose d'aussi puissant, horrifiant.

Au bout de la cinquième sonnerie, elle décroche enfin.

- Où es-tu? je demande. Pourquoi tu n'as pas répondu tout de suite ?

Silence. Je me tends sensiblement, si c'est encore possible.

- Camille.

Des sanglots menacent de sortir. Je les retiens de justesse.

- Tu ne voudrais pas que cette petite sorcière ne perde la vie par ta faute? continue Hannah.

La rage s'empare brusquement de moi. Je parviens enfin à me sortir de l'état dans lequel je m'étais plongée et hurle après ma sœur.

- Si tu t'avises de toucher A UN SEUL DE SES CHEVEUX je te tuerai!

Hannah éclate de rire. J'entends en arrière-plan les pleurs de Séréna, des pleurs qui me déchirent le cœur.

Je suis une imbécile.

Je n'entends pas Alicia. Sans doute ne doit-elle pas apprécier la situation. Ou alors, cela ne la dérange pas. Dans tous les cas, je ne sais pas ce qu'elle fait et cela me tend d'une manière ahurissante.

- Grande sœur, poursuit Hannah au téléphone, que peux-tu faire face à nous? Tu n'es pas grand chose après tout.

Un temps.

- Montre-toi, Camille. Et personne ne sera vidé de son sang aujourd'hui.

Et elle raccroche. Je balance mon portable de rage sur ma valise.

Je fonce dans le couloir. Je cours dans le bâtiment, comme le premier jour, traverse à une vitesse improbable les dortoirs et saute littéralement les marches de l'escalier.