La main

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Dès que j'entre, une odeur de cerise et de cannelle me chatouille les narines. J'inspire à fond pour ne manquer aucune effluve, ça sent vraiment bon !

Mais quand la voix de la directrice me sort de ma contemplation olfactive, je me ressaisis.

- Camille ? Je ne pensais pas te revoir ce midi, plutôt ce soir à vrai dire.

- Il faut croire que je ne cesse de vous surprendre, je dis acidement.

Le courant ne passe pas. Séréna me serre un peu pour me signifier de ne rien dire de mal.

La vieille femme me sourit. Elle s'attarde sur la main de Séréna sur mon épaule.

- Que me vaut votre visite ?

- Eh bien, à vrai dire, on a un petit problème, commence mon amie.

- De quel ordre ?

- Deux vampires sont sur les traces de Camille, annonce de but en blanc Chloé.

La directrice fronce les sourcils. Elle se cale contre le dossier de sa chaise en croisant ses doigts.

- Les mêmes vampires qui t'ont attaquée ?

Je hoche la tête.

- Ne t'inquiète pas. Ils n'ont aucun droit sur toi. Ils ne te feront rien. Je m'occuperai d'eux.

- Vous ne connaissez pas ma sœur, je rétorque, très sérieuse. Elle ne recule devant rien. Nos parents lui ont ordonné de me ramener. Alors elle le fera, de gré ou de force.

- Madame, reprend Séréna doucement. Ambre est préoccupée par la puissance de cette fille. Elle sent en elle un danger.

- Sens-tu la même chose Camille ? As-tu peur de ta sœur ?

Si j'ai peur d'elle ? J'ai plus peur d'elle que d'une bête enragée !

- Oui, je souffle, et Aude m'a dit que le pouvoir de ma mère n'est rien face au sien.

- Tu ne nous l'avais pas dit ça, constate Séréna.

En vérité, j'étais tellement concentrée sur le fait qu'elles ne devaient pas savoir à propos de ce mystérieux "il arrive" que j'en ai oublié sa première phrase.

- Tout simplement oublié.

Même pas besoin de mentir, c'est la pure vérité.

- Ta mère doit être très puissante.

- C'est la Présidente Madame.

- Je vois.

Elle me fixe pendant plusieurs secondes et se pince l'arête du nez, en enlevant ses lunettes.

- Je ne sais pas pourquoi ils cherchent à te récupérer. Ta place est ici, pas avec eux.

Elle se redresse soudain, comme si elle venait d'avoir une illumination.

- Tu es médium ?

- Apparemment.

Ma marque sur ma cuisse me chauffe. Des vers du poème me reviennent en tête, sans raison.

Deux pour une seule, six pour une,
Détruire le voile de Sang sur la Lune.

Je ne sais pas pourquoi ça me revient en tête maintenant. Il faudrait que je pense à la noter. Mon petit doigt me dit que ça peut être utile.

Pour l'instant, j'ai tout en tête, mais ça ne va pas rester ainsi éternellement.

- Donne-moi ta main, s'il te plaît.

HumaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant