La réflexion

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Après ça, tout le monde décide de se coucher. Aude a disparu de ma vision. Je ne sais pas où elle est allée mais j'avoue que cela m'a rassurée. Key me laisse m'installer au-dessus d'elle en plaisantant que si je faisais encore dans ma culotte, on échangeait direct. Je l'ai regardée en plissant les yeux.

Maintenant, bien au chaud sous la couette, avec les respirations profondes de mes camarades, je n'arrive pas à trouver le sommeil. Pourtant, j'ai de quoi être complètement lessivée : toutes ces révélations, plus mon agression, mes émotions. Mais une fois dans le noir, je cogite et ressasse ce que j'ai entendu dans la journée.

Je n'arrive pas à croire que ma vie ait basculé comme ça, en un claquement de doigts. Je sais que c'est vrai, mais je ne peux m'empêcher de penser que peut-être que demain, je vais me réveiller dans mon lit. Avec ma famille.

L'image d'Hannah me saute aux yeux. Je retiens un gémissement de peur et de douleur et me frotte les yeux. Je ne veux plus jamais la voir. Je ne veux pas qu'elle me trouve.

Je me rends brusquement compte que mon corps est complètement tendu, et que je suis couverte de sueur. Je suis terrifiée, terrifiée par ma sœur et par sa cruauté. Je ne veux absolument pas qu'elle me trouve, je sais qu'elle le peut et qu'elle n'hésitera pas à venir me chercher. Et si elle doit employer la force pour me ramener, elle le fera.

Mais tout de suite après, je me ressaisis. Pourquoi viendrait-elle  ? Je ne suis qu'un boulet pour eux, rien de bien important. Aussi loin que je me souvienne, à part le moment de la photo, ils m'ont toujours détestée. Je dois me rendre à l évidence, même si ça fait mal. Je n'ai jamais fait partie de la famille. Parce que je ne suis pas vampire.

Tiens d'ailleurs, là on peut carrément parler de racisme en fait. Tout le monde parle de races. Et mes parents ne supportent personne, du moins, pas les humains.

Donc ! On peut parler de racisme.

Et d'ailleurs, l'autre là, Nicolas, je n'ai même pas eu le temps de vérifier ce qu'il était.

Ah ! Mais c'est peut être une fée ! Séréna m'a expliqué qu'il existe des fées garçons.

Ah mais non. Impossible. Il n'a pas les yeux dorés. Il les a bleus. Un bleu profond en plus, un bleu marine.

Oh, et Monsieur Capeoni. Lui aussi un vampire. Il m'avait demandé de saluer ma mère, qu'il aille se faire mettre avec ses salutations. Il ne vaut pas mieux que les autres.

En parlant de valeurs, les sorcières ne sont pas mal non plus. J'ai encore en travers les expériences sur les humains. Et si je faisais un coup d'État ? Je prends le pouvoir, je réforme tout ça comme le fait chaque année le Ministre de l'Éducation Nationale (qui fait des réformes plus que merdiques mais bon, je n'ai plus à m en plaindre), et hop ! Plus d'expérimentation !

Je m'arrête de penser n'importe quoi en constatant que je suis quand même passer d'Hannah à faire un coup d'État en moins d'une minute. Incroyable. Je suis tarée.

Je soupire et regarde ma montre. Putain ! Il est deux heures quarante du matin !

Je me maudis en m'insultant de tous les noms. Mais pourquoi je pense à des trucs pareils moi aussi ?! Je suis débile ! J'ai pas besoin de sommeil mais d'un psy ! 

Attend, quand on est débile on n'a pas besoin d 'n psy. La débilité ça se soigne pas.

Oh ta gueule conscience ! Ne t'y mets pas toi aussi !

Allez, et maintenant je réponds à ma conscience, mais je suis pas bien.

- Tu peux arrêter de réfléchir pendant une minute ?!

HumaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant