7h30

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Été 1945. 7h28. Le colonel Belfort venait d'assigner chaque homme à son poste.
Une perle de sueur coulait sur la tempe de ce dernier. La chaleur causée par le lourd uniforme lui pesait. Le silence régnait.
La terre soulevée par le vent, rentrait dans les deux crevasses terrestres qui se faisaient face. Chacun craignait pour sa vie. Néanmoins ils avaient quelque chose ou quelqu'un a protéger.

Entre ces deux camps; une victime.
Elle n'en était pas encore une, cependant la minute qui allait suivre serait décisive. Elle le savait. Mais malgré ça, elle continuait de briller.

Le colonel ennemi attendait les ordres.
Il était recroquevillé. A l'affût. Peu importe quel sommation aurait le prochain message, il savait qu'il devrait défendre ses hommes et l'idéologie de son consul.
Car même si son avis pouvait divaguer, il se tenait là et il était trop tard pour se revolter.

7h29. Une minute s'était déjà écoulée et tout le monde était résigné.

La future victime ne pourrait pas se défendre et se verrait écrasée par de larges bottes. Elle n'était pour aucun camps. Elle n'avait d'ailleurs rien à voir avec tout cela mais par malchance, elle se retrouva là, au beau milieu de cette guerre. Elle aurait sans doute préféré  vivre dans une ferme ou un endroit boisé. Mais la vie l'avait placé là.
Choix injuste.

Aucun d'entre eux n'avaient envie d'être ici. Ils auraient sans doute préféré se rencontrer et discuter autour d'un café.
Ils auraient alors appris que cette personne qui allait se prendre une balle entre les deux yeux était le paternel d'un petit garçon de cinq ans.
Et même si ce père de famille avait évité la balle et avait pu rentrer chez lui, une fois le conflit terminé. Il avait vu trop de choses, abandonné trop de gens et tué, tellement tué.

7h29. Le silence régnait. Une autre perle de sueur coulée sur la tempe du Colonel Belfort. Assit, attendant lui aussi les dernières nouvelles.

Un son retentit. Chacun se regardèrent, la mort dans les yeux. La future victime, elle aussi résignée, attendait.

Des mots furent prononcés. Un battement de coeur fut oublié. Des sourires vinrent illuminer les visages poisseux des soldats. La victime fut sauvée.

Ils se levèrent, crièrent, pleurèrent, firent des accolades.
Et les camps opposés se regardèrent, chacun craintifs que l'information ne fut pas passée et que cette effusion de joie soit mal interprétée. Un drapeau blanc fut dressé dans l'un des camps. 

Ils se sourirent, ils n'oubliaient pas qu'ils furent ennemis il y a de cela cinq minutes et qu'ils avaient tous tué, trop tué.
Cependant, même si ils se détestaient.
Durant un instant. Ils oublièrent le conflit. Ils allaient vivre.

On vit enfin apparaître des silhouettes sortir de la terre. L'une d'entre elles s'avanca de notre rescapé. Elle la contempla un instant, «j'en verrais d'autres» se dit-elle, soulagée.

Une idée lui vint. Inoffensive en apparence. Elle se baissa. Arracha ce symbole de paix de son sol et voulu l'offrir a une silhouette du camp opposé qui s'était elle aussi échappée de terre.

Le premier soldat lui tendit alors ce cadavre, un grand sourire timide caché sous un casque et un couche de boue. Le second l'accepta.
Cette attention naïve et touchante lui dévoila le jeune âge de celui qui avait survécu à tout cela. Ce sourire fut partagé.
Tout semblait fini.

Seulement ce jeune homme ne prit pas conscience que naïvement, à 7h30, il ôta une autre vie. Une vie qui aurait pu être épargnée mais qui portrait un lourd symbole de paix malgré elle.

FIN

Bonjour a tous,
j'espère que cela vous aura plu et que vous avez compris la fin! car elle n'est pas tres explicite.
Pour cette nouvelle je me suis laissée inspirée par Surface de Olivier Norek , est ce que vous connaissez?
N'hésitez pas a me partager des livres que vous me conseillerez, je suis en pleine quête de romans intéressants.
Merci d'avoir lu jusqu'ici, j'espère que vous continuerez a suivre mes nouvelles. :3
A bientôt :)

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