Rouge

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11h50. Le sol blanc était devenu rouge. Rouge comme les roses qu'il arborait fièrement. Rouge comme l'embrasement d'un feu. Rouge comme le sang présent dans ses veines.
Rouge.

11h40. Il avait décidé de lui offrir des fleurs pour se faire pardonner. Il opta donc pour les roses de l'amour charnel et de la sensualité.

11h41. Il sortit de chez Monsieur le fleuriste et pénétra sa petite Corsa blanche.

11h42. Il était sur le chemin. Il repensa à ce qu'il s'était passé hier. Il regrettait. Il avait été mis à bout. Elle l'avait énervé.
C'était de sa faute à elle.
Il s'était convaincu et ne regrettait plus.

11h43. Il prit l'avenue sur sa gauche.
Il se trouvait à deux pâtés de maisons de là où elle habitait. Ils n'habitaient pas ensemble, c'était plus sain. Elle avait peur de trop l'énerver.

11h44. Il mit la radio. S'intéressa plus ou moins aux informations qu'elle diffusait.
Cette histoire que les chroniqueurs racontaient lui semblait familière sans le concerner particulièrement. Il éteignit la radio. Sans qu'il sache vraiment pourquoi celle-ci l'avait troublée. Il n'aimait pas ça.

11h45. Il s'était engouffré dans l'Allée des Sapins. Dans trois minutes il serait arrivé. Il jeta un coup d'œil sur son bouquet de fleurs. Il douta. Se persuada.
Il devait se faire pardonner même si il n'admettait pas que sa voix pouvait grimper ou ses mains s'appuyer là où il ne fallait pas. Il ne percutait pas.
«C'est normal, tout le monde fait ça. Mon père aussi le faisait, et ils étaient heureux ensemble ».
Naïveté ou bêtise humaine.

11h46. Ça y est, il apercevait enfin la maison de sa bien aimée. Dans une centaine de mètres il allait la retrouver.
Il avait aussi pris quelques pansements, pensant qu'elle en aurait besoin. Au cas où.
Mais il ne voulait surtout pas la perdre. Peut-être était-il juste trop épris pour en arriver à de tels extrêmes.

11h47. Il arriva devant sa maison.
Une petite résidence blanche dont les fenêtres étaient toutes accompagnées de barreaux gris et froids.
Une cage à oiseau.

Les gamins du quartier disaient qu'elle était hantée et qu'à l'occasion on pouvait y entendre une femme crier à n'importe quel moment de la journée.
Il trouvait ça stupide. Elle ne criait jamais en sa compagnie. Elle semblait heureuse, épanouie, amoureuse.

11h48. Il coupa le moteur et regarda une dernière fois les fleurs à sa droite.
Confiant, il prit ses clés dans une main, son bouquet dans l'autre, et sortit de sa voiture. Il observa chaque issues de la maison et se dit dans un soupir de soulagement
«C'est bon, elle n'est pas partie...».

Se dessinait alors devant cette petite résidence un corps svelte habillé d'un simple jean noir et d'une chemise jaune pâle. Le propriétaire de ce corps était un jeune garçon boutonneux qui avait de petites lunettes de vue et de soleil calées entre ses cheveux légèrement ondulés, teintaient de quelques reflets blonds créaient par les rayons du soleil.
Il était ce qu'on pouvait appeler,
un garçon parmi tant d'autres.

11h49. Il sortit son téléphone. Aucun appel manqué. Aucun message. Il avait peu d'amis, tout comme sa compagne.
Il préférait ne rester qu'avec elle et qu'elle voit le moins de gens possible.
Ils avaient selon lui une mauvaise influence.

Il prit le temps de se remémorer le petit speech remplit de remords et d'amour qu'il lui sortait à chaque fois.
Il était confiant.
Il toqua à la grande porte blanche.
De légers pas hésitants se faisaient ressentir de l'extérieur. Il savait qu'elle était juste derrière la porte.
Elle tourna la poignée. Ouvrit la porte.

11h50. Le canon de son pistolet était planté sur son front. Il ne compris pas,
ils s'aimaient. Elle, pleurait, saignait.
Elle s'arrêta soudain de pleurer et un sourire se dessina sur son visage bouffi par les coups. L'expression paniqué qu'il lui dévoilait était exquise.

Elle n'hésita pas plus longtemps. Un court mais intense bruit retentit dans tout le quartier.
Et son carrelage blanc devint rouge.

FIN

Bonjour, Merci encore de l'avoir lu!
J'espère que ça vous a satisfait et si c'est (ou non) le cas n'hésitez pas à me le dire en commentaires !
A dimanche prochain ;)

FleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant