Fleurs

l'Amaryllis

Lorsque j'étais plus petite, ma mère m'a  toujours dit que mon père lui envoyait un bouquet de fleurs à chaque mois de grossesse.

Et deux semaines avant ma naissance, il lui fit parvenir une lettre de l'armée lui demandant de choisir parmi les neuf variétés de fleurs des bouquets précédemment envoyés, qui correspondrait ainsi à mon nom.

Ma mère qui n'avait pas encore eu d'idée de prénom trouva l'idée charmante et accepta.

Elle fit plusieurs recherches sur les différentes fleurs, pour la plupart complètement fanées, qui ornaient son salon. Et découvrit la signification de celles-ci.

Mais le prénom qu'elle choisit et que je porte aujourd'hui fut Camélia, une fleur sensée représenter le désir, le raffinement, la perfection, la loyauté et l'optimisme.

Mais en choisissant ce prénom, ma mère ne s'est pas rendue compte que porter une identification qui contient comme caractéristique perfection, pouvait me peser. En même temps elle avait raison d'espérer et de penser que son enfant serait parfait car il provient d'une union pleine de tendresse et d'amour.

Seulement je ne suis pas parfaite, mais ma mère a toujours prétexté ne rien voir et elle préférerait nier les faits et me bercer d'illusion dans un monde où les enfants sont influençables et cruels malgré eux.
Me protéger de la sorte était bien naïf.

Seulement en grandissant, je prenais conscience que la différence en était bien une.

Les désirs, les passions, je n'ai malheureusement pu gouter à la satisfaction d'une victoire de l'équipe de foot de mon collège ou à la note que l'on reçoit lorsque l'on met sueur et sang dans un examen, car à la fin de mon année de primaire, ma mère décida de me déscolariser car ma différence dérangeait.

Je sais pertinemment qu'elle a fait ça pour mon bien, seulement je n'ai pas pu me construire correctement.

Mais je devais rester loyal envers ma mère qui avait tout sacrifié pour moi et qui m'élever seule.

J'essayais malgré tout de rester optimiste, me disant que lorsque j'aurais l'âge d'aller à l'Université, je pourrais quitter le nid et faire ma vie.
Seulement ma mère tomba enceinte après un coup d'un soir, mais garda le secret.
Je du élever cet enfant avec elle, car elle était devenue plus âgée et avait mis trop d'énergie dans mon éducation.

Mais je restais optimiste, je me disais que quand mon petit frère Arthur aura la majorité, je pourrais enfin aller faire des études à l'étranger avec l'argent que j'avais mise de côté grâce aux quelques petits boulots que j'avais multiplié.

Mais j'ai perdu l'espoir, il s'est avéré que ma différence avait pris le dessus sans que je m'en rende compte et mes possibilités étaient réduites.

J'ai abandonné, mon petit frère qui devait lui, passer son baccalauréat réussit avec succès. Je l'ai toujours envié, presque jalousé d'être ce qu'ils appelaient normal.

Je déteste ce mot. Qu'est ce qui est normal? Le fait d'avoir un papa et une maman qui s'aiment, font deux beaux enfants qui eux mêmes un jour trouveront la personne et qu'il épouseront pour finir en maison de retraite avec une visite de sa famille tout les huit mois, car ils ne viennent que pour déculpabiliser de ne plus penser à eux et pour finir seul, triste et complaisant?

C'est d'un triste. Seulement c'est ce dont ma mère devait vouloir pour moi, une vie banale.

Je pense que j'aurais pu me plaire à jouer la femme heureuse. Mais je n'ai pas pu.
Et maintenant que je vais mourir, je pense à ce que mon père avait dit à ma mère, il lui avait écrit qu'il aurait songé au prénom Amaryllis, une fleur puissante et parfumée qui transmet un message de victoire.

Une beau nom pour une personne dont la vie fut une défaite.   

FIN

                    

Bonjour bonsoir,
encore un texte un peu long (excusez moi mais j'étais inspirée :3)
Encore une fois j'espère qu'il vous a plu et que le thème du prénom qui fut déjà (vite) abordé pour la première nouvelle ne vous aura pas donné l'impression que je ne me renouvelle pas.
Merci beaucoup de l'avoir lu
et à bientôt j'espère ;)