En Fumée

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Je me suis réveillée ce samedi, avec la ferme intention de me faire ce tatouage.
Peu importe ce que mon père allait en penser, c'était mon choix.
Il allait me permettre de faire une croix sur un passé douteux et de cacher certaines choses que je ne voulais pas dévoiler.

J'avais décidé de faire une simple rose au niveau de mon nombril. J'aurais préféré faire cela ailleurs, mais l'esthétisme n'est pas seulement ce que je recherche. Je veux juste ... cacher.

Après m'être discrètement faufilée hors de la maisonfamiliale, j'ai pris le premier bus en direction de la ville et j'ai regardé les arbres défilés pour voir apparaitre petit à petit de grands murs bétonnés.
Je trouvais ça triste.

Un violent coup de frein me sortit de mes rêveries. J'ai pensé que le conducteur du car devait être un chauffard. Seulement apres avoir balayé le paysage du regard j'ai vu que nous étions à mon arrêt.

En descendant du bus, un nuage de fumée vint obscurcir mes pensées.
Il ne s'agissait pas de la fumée de la pollution car nous y étions tous plus ou moins habitués.
Non, c'était celle d'un petit groupe d'étrangers qui s'en grillaient une, assis sous un abri bus.

Cette odeur. Cet objet. Pour moi ce n'était rien de plus qu'un moyen de torture.
Ces traces que je voulais cacher.
Ces petits gonflements roses pâles qui m'étaient restées.

Je n'ai pas pu m'empêcher de regarder ces personnes avec inquiétude.
J'étais revenue à l'état sauvage, ils avaient le feu, ils avaient le pouvoir.

Je suis enfin arrivée au salon, mon tatoueur m'attendait, il était prêt.
J'avais choisi mon dessin, j'avais déjà vu le rendu sur mon ventre.
J'étais définitivement prête.

La douleur que je ressenti ne fut pas à la hauteur de mes espérances.
Je sais avec le recul que j'aurais préféré avoir mal, sans doute pour me punir de désobéir à mon père. Ou pour avoir étais si faible lorsque ce garçon que je fréquentais m'humiliait.

Car non, ces cicatrices n'ont pas été laissé par un homme baraqué de quarante ans, mais par un adolescent de quinze ans, membre du club de littérature de son lycée. Certaines personnes ont un pouvoir sur les gens, et bien souvent, ceux qui les entourent ne voient rien. Ou alors ils voient, mais préfèrent le nier.
«tu exagères...», «ça va aller» non justement, ça va pas aller.

Le tatoueur avait fini. Bien que j'avais les yeux fermés je sentais son regard se poser sur moi. Pendant longtemps nous sommes restés ainsi.
Il était silencieux. Peut-être avait-il compris que j'étais effrayée à l'idée de voir le résultat final. Ça m'avais touché.

Lentement, j'ai ouvert les yeux.
Il me regardait. Il semblait doux, je n'avais pas vu tant de douceur dans les yeux de quelqu'un depuis bien longtemps.
Je m'étais renfermée. Peu de gens sont tendres face à un bloc de glace.

Il se décala, pour m'inviter à découvrir son travail et mon nouveau corps. C'était parfait. Exactement ce que je souhaitais. Ça les cachaient. Enfin, ça les camouflaient. De beaux pétales. Roses pâles. Cette rose, elle était belle. J'étais belle.

Avant que je puisse me redresser de ce fauteuil à l'allure dentaire.
Il me demanda si j'acceptai de boire un verre avec lui le soir-même.

C'était une excellente soirée et une belle nuit bien qu'elle fut compliquée.
Je ne regrette pas la relation que j'ai eu avec lui. Nous avons gardé contact et sommes restés bons amis.
Je l'ai aimé. Ça m'a fait du bien.

FIN

Bonjour, ça fait longtemps, encore désolée pour ce petit retard :/
J'espère que je avez aimé bien que ce soit un style un peu différent des nouvelles à chutes ou de ce que je fais d'habitude.
Spoiler : J'ai bientôt fini ce recueil !
Encore merci de l'avoir lu et a bientôt :)

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