Ficelles

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- Qu'est-ce que tu en sais ?

La décision prise, dilemme résolu en un pari risqué.

- « Un enfant par semaine, dans la forêt. »... Vous ne m'avez jamais dit ça.

Sous-entendu qu'à son oncle, oui.

- Ça ne m'intéressait pas avec toi. Je change le jeu comme bon me semble.

L'interlocuteur mentait avec indécence, sans pudeur.

- Ce n'est pas vrai. Vous n'êtes pas aussi libre que vous voulez me le faire croire.

Marmonné tout bas mais assez fort pour qu'elle puisse l'entendre :

- Ton enflure d'oncle, j'aurais du le pendre moi-même, et dès les premiers jours.

Ignorant la remarque, elle expliqua :

- Vous n'êtes pas celui qui tire les ficelles. La créature aux tentacules peut-être ? Enfin, ce n'est pas important.

- Où est-ce que tu veux en venir ?

- Le jeu consiste à amener un enfant dans la forêt pour une obscure raison, raison que mon oncle n'a pas supporté.

Des histoires sordides grouillaient sous ses yeux à son moindre temps libre, l'implication d'enfants pesante sur la conscience, et son oncle épris de culpabilité.

- Et ?

- Vous faire sortir ne fait pas partie des règles.

Elle rehaussa sa posture, le regard à la fenêtre pour mieux se concentrer.

- Si à la fin de la semaine, je n'ai pas amené l'enfant dans la forêt, vos supérieurs réaliseront que je n'ai pas eu les bonnes informations. Et vous êtes à la fois celui chargé de me les communiquer, et de me surveiller. Ça vous retombera dessus.

Un temps de réflexion.

- Non. Je n'ai qu'à affirmer que tu ne suivais pas mes directives.

- Et ils n'ont qu'à avancer qu'il est étrange que tu ne les aies pas prévenu plus tôt. Comme pour la dernière fois, quand j'ai refusé et-...

Les mots s'étranglèrent dans sa gorge, la vision du sang sous la porte de la cuisine, le corps déchiqueté de son père.

Il ricana, le son de plus en plus courant, de moins en moins désagréable.

- Tu es aussi rapide qu'agaçante. J'aurais dû choisir une victime plus imbécile.

Son ton amusé déstabilisant, elle continua à parler, pressée.
Ses derniers mots, note finale à ce qu'elle aimerait appeler une stratégie, mais qui rendait l'apparence d'un pauvre plan de sauvetage.

- Je te fais sortir sans poser de problème, en une semaine, et tu nous sors de ce foutoir.

Étonnement fugace, envolé en une seconde à peine.

- Tu essaies de passer un marché avec moi ?

Il appuyait le dernier mot avec insistance. Le silence insoutenable, pétrifiant.

- J'ai tort ?

- Ce n'est pas ce que j'ai dit. Faisons ça.

L'ombre d'un message [Creepypasta]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant