Chapitre IV

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Sonna minuit.
L'heure des ténèbres.
L'exact milieu entre la nuit et le levé du jour.
Ils ne leur restaient plus que huit heures à patienter, ensuite, quelqu'un se rendrait bien compte du problème au Diner, tout comme leurs parents remarqueraient leur trop longue absence.
Après avoir parlé à Betty, ce qui était sa priorité, Veronica se concentra sur l'autre point d'interrogation : Archie.
Au fond d'elle, elle se doutait un peu que le rouquin avait toujours des sentiments pour elle. Ou alors était-ce simplement de l'espérance, puisqu'elle aussi l'aimait encore ?
La fille aux cheveux de jais ne savait plus.
Elle était totalement perdue, comme la plupart dans ce Diner.
Pop était aux fourneaux, Curt l'y avait envoyé suite à une soudaine faim l'assaillant. Toute cette angoisse et cette colère lui donnaient faim.
Et puis si il voulait continuer à s'amuser, il fallait également que ces jouets soient d'aplomb.
Jughead avait ensuite voulu converser avec sa petite sœur durant ce moment de répit. Elle le repoussa, joint d'un regard, comme jamais le bonnet gris n'aurait cru que JB lui lancerait. Pas sa propre sœur.
Il avait un instant pensé qu'elle lui accorderait une rédemption, néanmoins Betty avait raison.
Personne ne les pardonnerait.
Le gros problème était que les deux amoureux n'allaient pas pouvoir garantir leur sécurité.
Certains ne parleraient pas mais pour d'autres, ils leur seraient impossible de les empêcher de tout raconter à la police et dans ce cas, eux ainsi qu'Alice et FP risquaient gros, très gros.
Les deux enquêteurs allaient absolument devoir trouver une échappatoire solide pour quand ils sortiraient de là, c'était une question de vie ou de mort cependant pour eux, la mort s'apparenterait à la prison.
- Toujours fourrés à deux ceux là... qui sait s'ils ne projettent pas de tous nous tuer pour préserver leur secret ! s'énerva Cheryl en observant Jughead et Betty, assis sur la table du fond.
Ils étaient l'un à côté de l'autre et se tenaient les mains, en parlant de temps en temps.
- Calme toi Cheryl, essayant de la résonner, Evelyne lui toucha l'épaule.
- Qu'elle se calme ? Qu'elle se calme ! Tu te fou de moi Evelyne ! Ils ont pratiquement commis un meurtre ! s'indignait Toni, défendant sa petite-amie.
Avec son pragmatisme habituel et sa soit disante sagesse, la concernée rétorqua :
- Chacun commet des erreurs, nous en avons tous commis. Et nous avons tous eu ici quelqu'un pour nous pardonner. A nous d'être ce quelqu'un pour eux.
La "fille" d'Egard voyait là une superbe opportunité de faire rentrer Betty et son copain dans les rangs de "La Ferme", et elle comptait bien la saisir.
- Hors de question ! s'opposa la rousse. Je ne veux pas de meurtrier avec nous ! Vous ne savez pas ce que ça fait de s'endormir chaque soir avec un assassin dans la chambre voisine et avec la peur de ne pas se réveiller le lendemain !
Cheryl avait les larmes aux yeux. Cela lui faisait remonter tant de mauvais souvenirs.
Son père, son frère...
Sa vie à elle aussi avait volé en éclats. Comme celle de tous.
Ils avaient tous été touchés par Riverdale, qui semblait à présent être une ville maudite. Tous leurs idéaux furent balayés d'un revers de main dédaigneux.
Celle de Clifford ? Ou bien celle de beaucoup d'autres avant lui, soigneusement tapis dans l'ombre ?
Alors que la lune était à son point culminant, Pop revenait avec un repas qui habituellement, avait pour don de redonner immédiatement sourire à quiconque y goûtait.
Néanmoins pas ce soir.
Ce soir, ce fut de mouvements lents, d'un silence pesant et d'un goût fade dont fut agrémenté ce dîner.
La lumière blanchâtre se faisait plus faible, plus rare.
Tout comme les mots.
Plus personne n'osait parler.
Pour quoi dire de toute manière ?
Le garçon au bonnet et la blonde étaient de retour à leur place initiale. Ils inspiraient dégout et haine, cela dépendait de chacun.
Beaucoup n'auraient pas supporté. Cependant étonnement, ils s'en sortaient plutôt bien. Ils avaient tous deux l'habitude des critiques et des remarques, bien que jamais cela n'ait pris autant d'ampleur.
Ils avaient tous deux l'habitude de n'être aimés de pratiquement personne mais dans ces cas là, peu importait car eux, étaient amoureux.
Et l'amour qu'ils se portaient était plus que suffisant pour remplir la jauge.
Car, tout le monde à besoin d'amour.
Ce sentiment si merveilleux mais également si dévastateur.
Néanmoins, malgré les dégâts que celui-ci peut causer, personne ne pourrait se résoudre à vivre sans une quelconque forme d'amour.
Car l'amour, c'est la vie.
Et la vie, c'est compliqué.
Tout cela pour dire que nous en arrivons à la conclusion de cette boucle infernale.
L'amour, oh combien c'est difficile. Mais indispensable.
- Je pense que je vous dois bien quelques explications, commença Curt.
Ce dernier prenait grand plaisir à les torturer de la sorte. Bien que rien n'ait réellement commencé, les laisser dans l'incompréhension et le silence rendait le dévoué au "Roi des Gargouilles" euphorique.
Il ressemblait à un gosse testant pour la première fois son tout nouveau jouet.
Et, ce n'était pas si loin que ça, finalement.
- Vous vous doutez tous bien que vous n'êtes pas ici par hasard. Que, j'ai fais en sorte qu'il n'y ait que vous dans ce Diner cette nuit.
Curt effectuait de lentes allées et venues entre les tables. Des mimiques joyeuses mais terrifiantes prenaient place sur son visage grisonnant.
- Mais vous vous doutez aussi que je ne fais rien sans raison. Et qu'importe la raison, elle était assez tentante pour que ce soir, je sois là avec vous, accompagné d'un flingue !
Il dégaina l'arme. Tout le monde se plaqua sur le dossier de son siège, comme si ces quelques centimètres d'écart allaient pouvoir les sauver.
- Maintenant, ce dont vous ne vous doutez pas c'est, qui m'a engagé ?
Jughead pensa directement à sa mère et rejeta aussitôt l'idée. Jamais elle n'aurait accepté que JB soit présente et pire, prendre le risque qu'elle soit blessée.
De plus, si Curt avait donné son accord, c'est qu'il y avait gros à la clef, et Gladys n'avait pas les moyens.
Le démon continuait de parler alors que l'esprit de Jughead fonctionnait à toute allure.
- Mais encore une fois, peu importe qui est derrière tout ça...
Il y avait les Blossom qui étaient extrêmement riches. Cependant, cela ne collait pas. Certes, Pénélope n'en avait que faire de sa fille et justement, étant indifférente, elle n'aurait pas essayé "d'arranger" la situation.
- Car son offre était assez tentante pour que j'accepte.
Hiram. Il avait de l'argent et était animé par un ardent désir de vendetta envers le jeune Archie Andrews.
- Hiram, déclara Jughead, d'un ton grave.
Curt afficha une mine surprise, puis sourit.
- Bien Jughead, tu as trouvé la solution en quelques secondes seulement. Tu m'impressionnes, vraiment. Mais seras-tu assez intelligent pour éviter ce qui va suivre ?
Ils se fixaient. L'écrivain baissa les yeux sur le revolver que tenait son ennemi, dans la main droite.
Son esprit ne fit qu'un tour avant qu'il ne crie :
- Archie baisse-toi !
Pan !
A peine avait-il ouvert la bouche que la détonation se fît entendre.
Des hurlements survinrent alors que tous se cachaient sous les tables tout en plaçant leurs bras au dessus de leur tête.
Le silence retomba et les visages, creusés par la peur et les larmes apparurent de part dessus les tables blanches.
Il en manquait une à l'appel.
Jughead fut le premier à s'en rendre compte.
Certains n'avaient même pas eu le temps de comprendre que Curt avait été engagé par Monsieur Lodge pour exécuter le rouquin, que le brun dégagea Veronica et se pencha sur son meilleur ami.
Peut-être Josie l'eut-elle vu avant lui, l'impact. Nous ne le saurons jamais.
Ce qui est cependant certain, c'est que le jeune Jones fût le premier à réaliser ce qu'il signifiait, ce trou entre les deux yeux d'Archie Andrews.
- Pour que j'accepte de faire ça, termina le démon, baissant son bras droit, qui était encore tendu dans la direction dans laquelle se trouvait l'ancien musicien, il y a quelques fatales secondes.

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Hey !
J'espère que vous vous portez bien et que vos vacances se déroulent pour le mieux ! Merci à vous tous de lire mon histoire et merci à ceux qui laissent des votes et des commentaires ! Cela me fait toujours aussi chaud à cœur et me donne encore plus envie de continuer à écrire ce récit !
On se retrouve bientôt pour le prochain chapitre !
Gros bisous 😘

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