On pose le décor II

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Veronica était heureuse.
Le commerce de « La Bonne Nuit » était florissant et rapportait bien.
Elle avait compris que le divorce de ses parents n'était pas une mauvaise chose et s'était faite à l'idée qu'il en valait mieux ainsi.
Elle ne se souciait pas trop de « La Ferme » et de « G et G », tout du moins, ce n'était pas elle en tête de l'enquête.
Elle se répétait qu'aider Betty serait ce qu'il y aurait de mieux à faire. Mais la brune avait un côté égoïste, qu'elle laissa cette fois parler. Elle ne s'en voulait pas.
Elle avait droit à quelques jours de répit.
D'autres, comme Betty ou Jughead par exemple, se seraient sentis coupable de cette bonne humeur, alors que la ville était à son plus grand déboire.
Mais pas Veronica.
Pour elle, c'était mérité.
Elle savait que sa meilleure amie était absorbée par tout cela. Qu'elle avait été emportée dans la spirale inextricable des méandres de Riverdale.
Comme la jolie brune ne comptait pour le moment pas se lancer avec Betty dans cette aventure, elle l'aida à sa manière.
Alors, ce matin, quand notre détective blonde arriva au lycée, Veronica ne se fit pas prier et la força presque à venir faire du shopping avec elle.
Elle savait que ce n'était pas l'activité favorite de Betty, mais elle savait aussi que ça lui ferait du bien.
De plus, à l'arrivée du jeune couple, la fille aux cheveux de jais avait remarqué ce silence, bien que non pesant, mais tout de même présent.
Elle avait hésité à aborder le sujet            « Jughead » avec sa meilleure amie durant leur après-midi.
Elle s'abstint.
Et elle fit bien car plus tard, chez Pop's, elle se rendrait compte qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter.
Décidément, Betty et Jughead étaient probablement les seuls à pouvoir se comprendre, aussi bizarres soient-ils.

Lors de cette même après-midi, à l'autre bout de la ville, dans l'ancienne maison de redressement « Les Sœurs de la Sainte Miséricorde », l'atmosphère était lourde de secret.
Dans ce seul établissement, tous s'y retrouvaient.
Les meneurs, les suiveurs, et la rebelle.
Les Meneurs n'étaient autres qu'Edgar Evernever et sa fille : Evelyn.
Ils se disaient divins et leur but était de délivrer les habitants de leur souffrance. Présentée comme cela, cette secte n'a rien de maudit, me direz vous.
Et je suis d'accord.
Il est vrai qu'en apparence, « La Ferme » vend du rêve.
Qui n'a jamais rêvé de se débarrasser de ses cauchemars ? De noyer ses peurs et ses tristesses dans Sweet Water River ? De se laisser tenter par le bonheur ?
Cependant, quand on savait ce qu'il se passait dans l'esprit d'Edgar, on prenait ses jambes à son cou sans hésiter.
Car effectivement, un plan machiavélique ne cessait de grandir, bien à l'abris entre les murs d'anciennement « Les Sœurs de la Sainte Miséricorde ».
Nos quatre amis et une minorité d'autres semblaient définitivement être les seuls à se rendre compte de la supercherie, alors que chacun rejoignait la secte, qui s'agrandissait donc dangereusement de jour en jour.
Pendant que son père tirait les ficelles, Evelyn recrutait des adeptes dans le lycée.
Et tous les moyens étaient permis.
C'était le schéma choisi, qui pour le moment, fonctionnait.
Mais n'en révélons pas trop pour l'instant. Vous en saurez davantage en temps voulu.

Les suiveurs, il y en avait tout un tas.
Chaque jour, de nouvelles recrues étaient enrôlées. Et même ceux auxquels on s'y attendait le moins rejoignirent    « La Ferme ».
Kevin Keller, Fangs Fogarthy, le principal Weatherby, Alice Cooper, Cheryl Blossom.... et la liste était encore longue.
Trop longue.
Mais comment des caractères forts et bornés, tels que ceux de la rousse et de madame Cooper avaient-ils pu se faire manipuler ainsi ?
Aussi surprenant soit-il, Edgar avait réussi, même avec ceux que l'on croyait être les plus résistants.
C'est dans les moments de crise ou de détresse que la réelle personnalité des gens se révèle. C'est là que l'on remarque lequel est lâche ou courageux, lequel est déterminé ou dépité. C'est là que la souffrance enfouie refait surface et que seuls ceux qui la gèrent du mieux qu'ils peuvent parviennent à survivre.
Vraisemblablement, ces deux femmes n'avaient pas encore fait leur deuil.
Et ce deuil était le seul véritable point faible de la forteresse infranchissable d'émotions façonnée, qui protégeait l'esprit de Cheryl et d'Alice.
Le plan était donc simple : leur faire croire qu'elles pouvaient communiquer avec leurs proches, en l'occurrence Jason, le frère jumeau de Cheryl et puis Charles, le fils pas si caché que ça.
La question n'était pas comment « La Ferme » avait-elle réussi à convaincre la terni du lycée et la mère de Betty d'une chose pareille - la drogue y était probablement pour beaucoup - mais comment avait-elle été au courant pour eux ?
Jason, tout le monde savait et il n'avait pas été difficile de prendre connaissance de la tragédie qui avait frappé la vile deux ans plus tôt, sonnant le premier coup d'une longue série d'autres problèmes. Cependant, seulement cinq personnes étaient au courant pour Charles : FP, Alice, Hal, Jughead et Betty.
Nous sommes d'accord, jamais les deux adolescents ne seraient aller dire quoi que se soit à « La Ferme », et encore moins une information de ce genre.
Alice, quant à elle, l'existence d'un fils a présent décédé était la seule chose qu'elle n'avait pas confiée à Edgar.
Souvenir trop douloureux.
Ne restaient plus qu'en liste les deux hommes. Fallait-il encore trouver le bon.
Mais après tout, peut importe le pourquoi du comment. « La Ferme » était au courant, et le problème était tout là.
Elle savait tout.
Les moindres secrets de chacun.
Les moindres fautes des pécheurs.
Cette secte maudite s'était immiscée à Riverdale.
Que se soit chez la boulangère ou alors au premier coin de rue, partout, on entendait parler d'elle.
Elle infestait la ville, sans que personne ne s'en rende compte.
Tel une tumeur ne cessant de grandir dans l'ombre, Edgar et ses adeptes réduiraient la ville autrefois sereine qu'était Riverdale, à néant.
Néanmoins, je m'égare.
Le contrôle total de Riverdale était, certes, dans les projets de « La Ferme », mais était encore loin d'être réalisé.

Tout détruire pour se sauverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant