Chapitre XI

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Jughead avait la tête baissée.
Les poings serrés.
Les larmes inondaient ses yeux ; néanmoins pas ses joues.
Il voyait trouble tandis qu'il fixait on ne savait trop quoi.
Sa mâchoire était contractée et ses pensées n'allaient qu'à une seule et unique personne : Betty.
Il faisait presque peur à tous les autres présents dans le Diner.
Ce sentiment d'impuissance le rongeait un petit peu plus chaque minute qui passait sans qu'il n'ait de nouvelles de la blonde.
Curt lui faisait très certainement vivre les pires horreurs - Jughead serra davantage les poings - et lui il était coincé là, prit en otage par un enfant.
Il ne pouvait néanmoins rien faire face au canon froid qui se serait pointé sur lui à peine aurait-il fait un geste. Et Betty était toujours en bas, sans lui.
Deux heures avaient passées.
Plus que quatre avant l'ouverture du Diner.
Plus que quatre avant que son père ne commence lui aussi à travailler. Se doutait-il de quelque chose ? Probablement pas. Il n'était pas rare que Jughead passe la nuit chez Archie ou alors dans le bunker avec sa petite amie.
Mais FP Jones était le Shérif de cette ville. Il arriverait au petit matin et les sortirait de là, lui ainsi que tous les autres. Il le fallait. Il voulait croire en ce moment. Il le redoutait cependant tout autant car, si son père échouait, cela voudrait dire que le cauchemar serait loin d'être terminé.
Le brun savait aussi que quand ils seraient libérés, certains, comme Cheryl par exemple, n'hésiteraient pas à raconter le crime qu'il avait commit avec Betty et leur famille. Il savait que son avenir était réduit en miette si il ne trouvait pas rapidement une solution. Il savait qu'il devait absolument y réfléchir. Néanmoins rien ne tirait Betty Cooper de ses pensées. Il lui était impossible de se concentrer sur autre chose que la jolie blonde dans ce sous sol.
Cela rendait Jughead fou de rage.
Il sentait ses ongles s'enfoncer dans sa paume. Lui qui avait tant l'habitude d'empêcher sa détective de faire de même, voilà qu'il s'y mettait.
- Ahhhhhh ! cria t-il en se levant brusquement.
Le bonnet gris s'isola davantage en se dirigeant vers l'autre côté du Diner. Il passa devant Ricky qui était assis au comptoir, s'amusant à on ne savait quoi sur le téléphone de ses victimes.
Pop's était plongé dans le silence.
Chaque fois que des regards se croisaient, on ne pouvait y lire que de la peur. Tous s'évitaient donc.
Personne ne parlait et ne se regardait.
Aucune activité n'avait été relancée, et aucune ne le serait avant le retour de Curt.
Le soulagement aurait dû être au rendez-vous cependant tous, ce soir là, auraient préféré continuer ces horribles jeux plutôt que de se tapir dans cet insoutenable silence.
Il y avait également cette banquette, où personne n'était assis.
Cette banquette ou plus aucun d'entre eux ne s'assiérait jamais.
Ce siège rouge, rouge comme le sang, qui avait vu mourir deux jeunes en une nuit. Deux cadavres. Deux cadavres qui reposaient maintenant dans l'arrière boutique du Diner. Là, à quelques pas d'eux.
Jughead avait la nausée.
Il les apercevait tous.
Sa sœur dans les bras de Pop.
Toni, l'air cadavérique, tout de fois moins que Josie.
Cheryl, ne cessant de triturer sa belle chevelure rousse.
Veronica semblait en crise d'angoisse constante, tantôt brutale et tantôt atténuée. Elle se passait les mains sur le visage puis remontait en plaquant ses cheveux de jais sur son crâne en un geste frénétique.
Les membres de « La Ferme » en silence, la tête baissée, plus effrayés pour leur vies que traumatisés par les événements. Comme si c'était étonnant...
Evelyne le fixait.
Jughead avait la nausée.
La « fille » d'Edgar allait mettre à l'œuvre son plan de recrutement. Depuis le temps qu'elle tentait d'attraper Betty et son copain dans ses filets. C'était le bon moment : ils étaient on ne peut plus vulnérables. Tout du moins, c'est ce qu'elle pensait.
Evelyne était la seule qui paraissait normale.
Elle n'avait pas le visage creusé comme JB.
Elle n'avait pas les larmes qui la rongeait comme Jughead.
Ni la terrible angoisse qui menaçait Veronica.
Elle semblait elle même ; peut être aussi folle que Curt et Ricky.
La jeune Evernever avança d'un pas déterminé vers sa proie.
Le jeune démon leva les yeux de son activité et s'intéressa à la scène. Il espérait que cela se gâterait.
Alors que tout le monde était pendu aux lèvres d'Evelyne et que Jughead la toisait, elle parla d'une voix basse :
- J'aimerais te proposer un arrangement, Jughead.
Le brun ne comprenait pas. Avait-il bien entendu ?
- Je... la rousse respira un bon coup, je peux te garantir qu'aucun ne parlera de ce que toi et Betty avaient fait.
Les yeux de l'écrivain s'écarquillèrent, mais pas dans le bon sens du terme. Comment pouvait-elle oser ?
Jughead était loin d'être bête et il connaissait très bien la contrepartie qui allait lui être imposée. Il coupa alors Evelyne, n'accordant aucune importance à ce que les autres l'entendent :
- Va te faire voir !
Elle recula d'un pas.
- Tu oses te pointer devant moi et me demander de devenir un membre de ta putain de secte ! Tu oses me demander ça alors que ma copine est probablement en train de se faire violer sous nos pieds ! avait-il hurlé, glaçant le sang de tous.
Évidemment que cette idée était venue dans la tête de chacun, néanmoins personne ne souhaitait y accorder du crédit espérant qu'en y pensant pas, cela ne se réaliserait pas.
Evelyne regagna le pas que la peur lui avait fait perdre.
- Si tu aimais vraiment Betty, tu accepterais ! Pour elle.
Elle planta ses yeux verts dans ceux de son interlocuteur.
« Peut-être cela le ferait-il changer d'avis ? », espérait-elle.
Ce fut tout le contraire.
- Ne vient pas me parler d'amour, Evelyne Evernever.
Il avança, le regard noir. Ses poings ne s'étaient jamais desserrés et une larme rebelle perla au coin de son œil.
- Ne vient pas me parler d'amour, répéta t-il. Toi qui ne jures que par le chantage et n'opères que part le profit ! Toi qui te sers des faiblesses des gens pour les attirer dans tes filets ! Ne vient pas me parler d'amour !
Ses pas étaient lents, plein de haine. La larme roula le long de sa joue. Plus il avançait, plus la fille du dirigeant de « La Ferme » se sentait menacée.
- Ne vient pas me parler d'amour, toi qui ne le connaît pas !
La larme mourut à la commissure de ses lèvres.
- Ne vient pas me parler d'amour, toi qui ne sais pas ce que cela fait que de se le faire arracher.
Evelyne continuait de reculer. Jughead d'avancer. Tout se déroulait lentement. L'écrivain n'en était pas un pour rien. Ses paroles s'échappaient naturellement, comme si elles avaient été écrites à l'avance.
- Va demander à Veronica et même à Poly ce que ça fait ! Va leur parler d'amour, à elles qui l'ont perdu !
La rousse avait peur. Elle le voyait dans le regard du brun. Il était si triste, si désespéré.
Et il était en colère, très en colère.
Elle n'était pas loin de capituler. Comme Cheryl un peu plus tôt. Néanmoins sa raison la rattrapa vite.
Elle ne voulait pas se plier à lui. Il avait fait peur à trop de personnes cette nuit là. Pas à elle.
- Et qu'est ce que tu vas faire ? Hein ! Me tuer !? Et puis ensuite tu dissimuleras mon corps comme tu l'as fait avec ce type ! rétorqua t-elle.
Tout cet épisode mélo-dramatique semblait irréel. Veronica et Poly pleuraient, sincèrement touchées par ce qu'avait exprimé le garçon au bonnet. Il avait raison sur ce point et ça, personne ne pouvait le nier.
Jughead n'eut pas besoin de répondre. Ses yeux parlèrent pour lui. Ses yeux qui se perdaient entre haine et désespoir.
Malgré toute sa détermination et son courage, un frisson de terreur parcouru l'échine d'Evelyne.
- Tu es fou... souffla t-elle.
L'intéressé se stoppa. Son regard brillait de tristesse.
Oui, il était fou.
Fou de se retrouver enfermé ici.
Fou de savoir sa petite amie seule avec Curt.
Fou d'espérer que sa sœur lui pardonnerait et que son père les sauverait.
Fou amoureux de Betty Cooper.
Mais tout cela, n'était ce pas de la bonne inconscience, après tout ? Une folie nécessaire ? L'espoir et l'amour étaient probablement les pires folies, oui, mais de biens belles folies.
- Mais sait-on quels sont les sages et quels sont les fous ? Dans ce monde où la raison devrait souvent s'appeler sottise et la folie s'appeler génie, prononça une voix féminine, que Jughead aurait reconnu entre mille.
Betty.

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Hey !
La citation prononcée par Betty vient de Guy de Maupassant.
Un nouveau chapitre après longtemps !
C'est compliqué de poster avec les cours et tout ça alors je ferai de mon mieux mais je ne garantis rien. En tout cas ce qui est certain c'est que je continuerai cette histoire que je prends grand plaisir à écrire durant les vacances et quand j'aurais le temps !
Merci pour tous vos gentils commentaires et votre détermination à me faire écrire 😁.
J'espère que vous avez passée un très heureux Noël et que votre réveillon le sera tout autant.
Bonnes fêtes de fin d'année ( déjà... je suis trop nostalgique ) et gros bisous 😘.

Tout détruire pour se sauverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant