Chapitre VI

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- Moi, c'est Ricky Desantos. Mais appelez-moi simplement Ricky. Maintenant que Curt est parti dans le sous-sol, c'est moi qui m'occupe de votre surveillance, se présenta l'acolyte du démon, que personne n'avait entendu jusque là.
- Tu n'es qu'un gamin, se moqua Cheryl. Et tu n'as même pas d'arme pour nous empêcher de partir ! Il me suffit de briser une de ces fenêtres et je serai libre.
Elle remit d'un revers de main précis, sa chevelure rousse derrière ses épaules puis croisa les bras sur sa poitrine. Fière.
Le mini démon opina du chef :
- C'est vrai, tu as raison.
Il s'avança. Un rictus se forma sur ses lèvres.
- Mais j'ai Betty.
Il marqua une courte pause :
- Et si l'un d'entre vous tente de s'opposer à moi, Curt la descendra sur le champs.
Jughead, qui était toujours à genoux, le front contre la porte froide, serra les poings encore plus fort, si c'était possible.
Il ne touchera pas à sa Betty.
La rousse, qui était assise à côté de l'allée, se leva et lâcha :
- Je n'en ai plus rien à faire d'elle.
Elle se dirigea vers le comptoir d'un pas décidé et saisit un moulin à poivre sur celui-ci.
Ricky la laissa faire, presque amusé par la situation : ce n'était pas avec ça qu'elle allait briser une vitre.
Néanmoins, la fille aux cheveux de jais savait que jamais, il ne fallait sous-estimer la fille Blossom.
Elle se leva brusquement et accouru s'interposer entre la vitre et son agresseur.
- Cheryl, s'il te plait calme toi ! Betty est ma meilleure amie, tu ne peux pas lui faire ça.
La rousse avait le bras droit levé, empoignant avec determination le moulin à poivre. Devant celui-ci, Veronica, elle aussi les bras en avant, pour calmer Cheryl.
On aurait dit que c'était l'unique enfant Lodge que l'agresseur souhaitait frapper ce soir là, et ça n'en était pas si loin.
- Je mettrais ma main à couper que tu n'étais pas au courant de ce que ta supposée meilleure amie avait fait !
- Oui c'est vrai ! Mais si tu commences à te rebeller, ils vont la tuer ! Et personne ne mérite de mourir ! tenta Veronica, presque suppliante en face d'une Cheryl en colère.
- Va dire ça au gars qu'elle a enterré ! rétorqua cette dernière.
Elle continua :
- Et aucun d'entre nous ne mérite de rester là à risquer sa vie pour celle d'une meurtrière ! Elle peut mourir, moi, je pars de cet endroit maudit.
Alors que la meilleure amie de Betty avait échoué et qu'aucun autre n'était prêt à sauver la blonde au point de se frotter à Cheryl Blossom, un bonnet gris fit irruption sans que personne ne s'y attende.
Il saisit la rousse par le bras droit, celui avec lequel elle tenait son ticket de sortie. Elle se retourna et se retrouva nez à nez avec Jughead.
Les yeux rouges, en colère.
La tête légèrement penchée en avant, triste.
Les joues creusées, fatiguées.
Sa voix était rauque :
- Si tu tentes quoi que se soit qui pourrait nuire à ma petite-amie, je te fais la promesse que je tuerai.
Ce n'était pas une simple menace jetée en l'air pour l'en dissuader. Il était sérieux.
Cheryl l'avait vu dans son regard. Noir.
Décidément ce soir là, notre pauvre brun avait promis à bien des gens qu'il les tuerait.
Bien que cela était déjà trop, le problème n'était pas là.
Car malheureusement, il savait pertinemment qu'il tiendrait ses promesses si l'on touchait à un seul des cheveux de sa belle.
Là était le pire, pour lui comme pour les autres : il n'hésiterait pas à le faire.
Et la rousse l'eut compris. Voilà pour quoi ce soir là, la grande Cheryl Blossom se plia à Jughead Jones, le garçon étrange de Riverdale.
Il était un outsider, jamais personne n'aurait parié sur lui. Et pourtant cette nuit là, il était craint par tous.
« La première et dernière fois », se jura Cheryl, faisant allusion à sa fuite devant l'écrivain.
Elle repensa à Betty, sa cousine.
Puis à Clifford, son père.
A son arrière arrière grand-oncle.
A son oncle, Hal Cooper.
Décidément, toute sa famille, de près ou de loin, était destinée à suivre ce chemin.
A devenir des meurtriers.
Elle avait peur.
Elle redoutait de devenir comme eux.
Peut-être était-ce son destin ?
Peut-être était-ce le sort inévitable qu'on lui réservait ?

Evelyne préparait son plan d'attaque.
Offrir à Jughead la garantis qu'elle, ainsi que tous les membres de « La Ferme » garderaient le silence sur ce qu'il avait commis avec Betty, en échange de quoi ils devraient rejoindre son groupe, lui semblait être un bon parti, pour elle comme pour lui.
Elle pourrait de plus, proposer son aide pour libérer la benjamine Cooper.
Néanmoins, le brun était dans un état émotionnel extrêmement instable et même pour la « fille » d'Edgar, il était difficile de savoir comment le bonnet gris réagirait.
Ne restait plus qu'à convaincre Toni, Kevin, Fangs, Poly et Cheryl.
Cette dernière n'allait pas lui rendre la tâche facile.
Mais il fallait tout de même qu'elle tente. Leur présence parmi eux devenait presque indispensable.

Josie était perdue. Elle avait encore du mal à réaliser et n'avait pas ouvert la bouche, ni même bougé depuis le coup de feu.
Le corps d'Archie avait évidemment été déplacé dans l'arrière boutique, par Pop et les deux garçons de « La Ferme ».
Cependant, notre chanteuse voyait toujours le cadavre encore chaud de son ex petit-ami, assis sur la banquette rouge, comme le sang coulant en un filet depuis le trou entre ses deux yeux.
Son regard se perdait dans le blanc de la table et dans le vide de la place à sa droite. Elle se concentrait un maximum sur sa respiration. Elle en oubliait presque dans quelle situation elle se trouvait, tout comme celle du rouquin.
Elle en oubliait tout.
Puis prenait conscience d'un tout plus important.
Cela était incompréhensible, surtout pour elle.

Veronica se laissa tomber sur le siège où elle se trouvait, Jughead en face d'elle.
Si il n'était pas intervenu, sa meilleure amie serait peut-être dans le même état qu'Archie à l'heure qu'il était.
La fille aux cheveux de jais plongea son visage entre ses mains.
Qu'aurait-elle fait si, justement, Jughead n'était pas intervenu ?
Jusqu'où aurait-elle pu aller ?
Personne, pas même elle, ne pourrait le savoir.
Et Archie ?
Le garçon que jamais elle n'avait cessé d'aimer.
Mort.
C'est ce qu'il était.
Veronica commença à pleurer, silencieusement, dans la paume de ses mains.
Elle s'arrêta, empêchant ses larmes de couler d'avantage.
Elle ne devait pas sombrer, pas encore.
Il y avait Betty à sauver. Il y avait Curt et Ricky à neutraliser. Il y avait le groupe à sortir de là.
Ensuite, elle pourrait pleurer la mort de son amour.

JB observait son grand frère.
Il était debout, encore.
Les poings serrés.
La tête baissée.
Le regard vide.
Quelque temps plus tôt, il était prêt à se sacrifier pour elle.
Cela l'a touchait.
Mais l'idée qu'il ait dissimulé ce corps lui restait coincé en travers de la gorge.
Aucune rédemption ne lui semblait envisageable, malgré ce qu'il avait fait pour elle.
Et puis, JB avait la mauvaise impression que si il venait à être dans l'obligation de choisir, se serait elle qu'il sacrifierait pour épargner sa petite-amie.
Et ce sentiment d'être considérée comme seconde dans le cœur de son frère, après Betty Cooper, la refroidissait grandement.
Elle aurait dénoncé la blonde sans scrupule.
Mais ce faisant, elle condamnait également Jughead.
Et malgré tout, ils étaient unis par les liens du sang et cela l'obligeait donc à protéger son frère.
Néanmoins pas à lui pardonner.

Pop s'accouda à son bar.
Il se passa une main sur le visage.
Il devait rêver. Il avait envie que tout cela ne soit qu'un rêve. Un mauvais rêve.
Son Diner, qui avait résisté aux émeutes. Tenu face à l'agression de la cagoule noire.
Son Diner, qui conservait son statut d'havre de paix à travers les décennies, était à présent touché par « G et G » ainsi que témoin d'un meurtre.
Un jeune fut abattu là, devant ses yeux, dans son Diner.
Un jeune qu'il avait vu grandir au fil des années, mais qui venait encore et toujours s'assoir sur ces banquettes rouges avec sa famille ou ses amis.
Il redoutait de ne pas s'en remettre.
Il craignait que Pop's ne s'en remette pas non plus.
Car si c'était le cas, plus aucun endroit de Riverdale ne saurait apporter sérénité aux âmes égarées qu'abritait cette ville.
Plus aucun endroit ne serait sûr pour les habitants.
Et plus aucun endroit ne saurait être aussi joyeux et ne saurait accueillir tant de bonté.
Son Diner était iconique.
C'était le cœur de Riverdale.
Ses murs enfermaient tous les murmures prononcés sur les banquettes rouges.
Ses néons bleus gardaient précieusement tous les baisers échangés entre les tables blanches.
Pop's était chargé de souvenirs.
Pop's, c'était le cœur de Riverdale.
Et il était en train d'être brisé.
Et quand le cœur se brise.
C'est tout le reste qui sombre.

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Hey !
J'espère que ce second mois de vacances se passe bien et que vous, vous allez bien !
J'espère que vous profitez à fond, de vos vies et de mon histoire 🤫😉 !
Toujours très contente d'écrire ce récit et surtout très contente qu'il plaise bien !
Comme toujours, n'hésitez pas à me faire part de vos remarques, elles ne pourront qu'être constructives ou encourageantes.
A bientôt pour la suite !
Gros bisous 😘

Tout détruire pour se sauverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant