Chapitre V

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Le cadavre encore chaud, gisait sur la banquette rouge.
Jughead avait l'impression que ses yeux étaient recouverts d'un voile et qu'ils s'apprêtaient à sortir de leurs orbites.
Tout autour de lui lui semblait flou.
Ce ne sera que plus tard, qu'il entendra les pleurs de Josie, Veronica et Betty.
Leur monde à elles semblait se dérober sous leurs pieds. Les jeunes femmes furent confrontées à une douleur insurmontable.
La fille aux cheveux de jais essayait tant bien que mal d'étouffer ses sanglots en appuyant aussi fort qu'elle le pouvait, sa main contre sa bouche.
Elle, elle la ressentait, cette sensation d'un amour perdu.
Comme si son cœur avait implosé, elle ne se sentait plus capable de quoi que se soit.
Josie quant à elle, faisait partie des gens qui, face à un choc trop violent, ne réalisent pas.
Quelques petites larmes descendaient tranquillement le long de ses joues alors qu'elle restait le regard vide, fixé sur le rouquin.
Notre détective n'avait rien retenu. Elle s'était laissée tomber dans un hurlement de douleur.
Elle aurait assassiné Curt sur le champs, si elle avait trouvé la force de faire quoi que se soit.
Archie était son meilleur ami depuis tous petits. Elle se souvint de sa demande en mariage alors qu'ils n'étaient qu'en maternelle, un des rares souvenirs qu'elle conservait de cette époque qui lui paraissait si lointaine.
Et à présent, il était là.
Mort.
Abattu sous ses yeux de la main désinvolte de Curt.
- Jughead, prend ça, ordonna le démon.
L'intéressé ne bougea pas d'un iota.
Il était à genoux, fixait ses mains ensanglantées de celui de son meilleur ami.
Il tremblait.
- Je te confie ça, continua t-il en déposant violemment un objet sur la table, qui produit un bruit assourdissant.
- Je vais vous laisser quelques temps, pour que vous soyez tranquille. Quand je reviendrai, Jughead, je veux que tu aies abattu l'un d'entre vous.
Le brun releva subitement la tête.
Ses yeux étaient rougis et des larmes perlaient au coin de ces derniers.
- Autrement, ce sera ta petite sœur qui rejoindra ce cher Archie, termina Curt en serrant contre lui JB, apeurée.
Puis, il s'en alla.
Le garçon au bonnet fixa ses mains.
Le sang.
Son ami.
Les yeux ouverts, tout comme sa bouche. Un trou au milieu du front.
Il était mort.
Une pression s'abattit sur les épaules de cet écrivain.
Il se retourna en sursaut, s'éloignant.
C'était Betty.
Il l'a regarda dans les yeux et y vit toute la souffrance qui y habitait. Il s'en voulu. Il ne voulait pas qu'elle aille mal, cela le rendait encore plus triste et désemparé, si c'était possible.
La blonde s'était relevée, son petit ami l'imita.
En un bon, il se retrouva debout.
Tituba, quand il remarqua le pistolet posé sur la table.
Il s'en approcha et le saisi.
Il tremblait de tous ces membres.
Jughead tourna lentement sur lui-même en observant tous les visages présents dans le Diner.
Il termina par celui de sa blonde préférée.
Elle avait mal.
Ils avaient tous mal.
Le jeune Jones observa sa sœur, elle pleurait et était hantée par la peur.
Ensuite son meilleur ami, que JB rejoindrait bientôt si il n'agissait pas comme lui avait ordonné Curt.
Non... il ne pouvait pas faire ça.
Il scruta l'arme froide qu'il tenait dans la main. Le sang, toujours le sang.
Il s'avança dans l'allée de manière à un peu s'éloigner des autres.
Sa respiration était haletante. Ses mouvements non contrôlés, partaient dans tous les sens. Ses yeux lui piquaient. Sa tête lui faisait horriblement mal.
Jughead avait l'impression de mourir de l'intérieur.
Non. Il ne pouvait pas faire ça.
Il pointa le canon contre sa tempe.
- Jughead, non !
La voix de Betty n'atteignit qu'a peine les oreilles de ce dernier.
- Ne fais pas ça, Jug...
Elle pleurait. Elle l'implorait.
Le garçon au bonnet se retourna doucement.
Sa main tremblait si fort.
La blonde fut encore plus détruite qu'elle ne l'était déjà. Jamais elle n'avait vu son petit ami dans un état pareil.
Jughead réussit à articuler, d'une voix chevrotante :
- Je... je ne peux pas faire autrement.
- Si Jug, si. On va trouver un moyen.
Le brun secoua négativement la tête.
- Lequel ? Hein ! Lequel ?!
Il pointa l'arme sur sa petite amie. Cette dernière se figea.
- Que se soit toi que je descende ?!
Lui aussi pleurait.
- Ou toute autre personne ici ?! cria t-il en effectuant un grand geste du bras.
- Écoute la je t'en prie. Pause ce flingue ! s'écria JB
Jughead la regarda puis assura :
- Je ne laisserai pas mourir ma sœur.
De nouveau, le canon froid et noir se retrouva contre la tempe du sacrifié.
Il ne fallu pas plus de temps à Betty pour savoir quoi faire.
Ses paroles en choquèrent plus d'un. Aucun ne pensait qu'elle allait abandonner aussi rapidement. Cela paraissait impensable de la part de n'importe qui, mais encore moins de celle de la tête blonde.
Elle s'approcha :
- Laisse moi au moins te dire au revoir.
La benjamine Cooper était à présent au même niveau que Jughead.
Front contre front, elle chuchota :
- Je t'en supplie Jug, ne me laisse pas...
Il trembla.
- J'ai besoin de toi, termina Betty.
Il ferma les yeux.
C'était le moment.
Notre détective s'empara du pistolet alors que Jughead avait légèrement relâché son emprise sur lui.
- Betty... le souffle rempli de désespoir du brun se fraya un chemin au creux des oreilles de la voleuse d'arme.
- Je ne te laisserai pas te tuer Jughead !
Tous, observaient la scène en silence.
Ils ne pouvaient intervenir, choqués par toutes les révélations et évènements produits en si peu de temps.
Cela n'aurait servi à rien de toute manière.
Et même si ils avaient pu, personne n'aurait voulu se mettre entre eux.
Certains, comme Cheryl par exemple, pensaient que c'était tout ce qu'ils méritaient.
- Et moi je ne te laisserai pas assassiner quelqu'un pour me sauver ! s'écria le bonnet gris.
Mais Betty avait sa petite idée.
- Curt ! appela t-elle.
- Je n'ai pas entendu de coup de feu, ce qui veut dire que...
Le démon se tût.
La blonde pointait l'arme droit sur lui.
Visant la tête.
Elle repensa à tout ce qu'il venait de se passer.  
A Archie, ce Diner cette nuit là, « La Ferme », au « Roi des Gargouilles » et à ce stupide jeu.
A Jughead et Veronica, les personnes auxquelles elle tenait le plus, qui n'étaient qu'habités part la souffrance.
A JB, cette malheureuse enfant qui n'avait rien à faire dans cet endroit à ce moment là.
A la Cagoule Noire, son père.
A sa mère, l'ayant abandonnée pour rejoindre une secte maudite.
A Jason, Clifford.
A tous les habitants de cette ville.
A cette ville, Riverdale.
Une rage immense la submergea. Elle ne pouvait rien contre elle, elle n'en avait même pas envie.
Elle abhorra tout et n'importe quoi à cet instant précis.
Elle ressentait toute sa souffrance et sa haine. Et cela la rendait forte.
Elle visa entre les deux yeux de ce démon. Pour Archie.
- Va brûler en enfer, déclara t-elle, froide et inquiétante, avant de, sans aucun scrupule, presser la détente.
Clic.
La puissance que Betty avait ressenti tomba net.
La blonde abaissa l'arme et comprit : non chargée.
Elle l'a regarda avec terreur.
En s'en prenant à leur agresseur, elle venait de signer son arrêt de mort ou tout du moins, de le précipiter.
- Ce n'était qu'un test, ma courageuse Betty... rien qu'un simple test, se moqua le preneur d'otages.
- Merci. J'ai vu ce dont tu étais capable, termina t-il en s'approchant et en saisissant la rebelle par le bras.
Cette dernière se laissa faire, se débattre n'aurait servi à rien à part aggraver sa situation. Elle le savait.
Néanmoins Jughead, ne partagea pas cet avis.
Alors que Curt était pratiquement devant l'entrée de « La Bonne Nuit », le brun lui sauta dessus, le ruant de coups et lui hurlant de relâcher sa belle.
La porte claqua et le verrou se fit entendre.
L'écrivain ne cessait pas. Il tambourinait comme un fou sur l'objet massif qui le séparait de l'amour de sa vie.
- Curt relâche la ! Je ferrai tout ce que tu voudras, tout ! Je te le jure ! Je t'en prie Curt... supplia Jughead au tout début.
Mais la colère prit vite le dessus sur notre bonnet gris.
Il frappa fort.
- Je vais te tuer salopard ! Si tu oses la toucher, je te fais la promesse que je te tuerai !
C'était un tout autre Jughead qui se dévoilait à tous ainsi qu'à lui-même ce soir là.
Dans des situations extrêmes, il est difficile de rester fidèle à soi-même.
Ce jeune homme en expérimenta les conséquences dans le Diner, en face de cette porte.
- Ahhhhhhhh ! hurla t-il en se laissant tomber à genoux, front contre ce qui était actuellement, un terrible obstacle.
Les larmes coulèrent alors qu'il chuchota, semblable à une réelle promesse à lui-même :
- Je vais te tuer Curt. Je te tuerai...
A quelques pas d'un homme meurtri, probablement pour toujours, un autre qui ne respirerait plus jamais, ouvrait les yeux.
Au dehors, les néons bleus de Pop's illuminaient la nuit, ayant grande peine à faire de même avec le cœur de tous nos adolescents.
Encore un peu plus loin, la cime des arbres dansait au rythme apaisant de la musique du vent.
Tout semblait si calme par ici, alors que pas très loin, régnait le chaos et le désespoir.
La lune en était témoin.
Les étoiles, grandes gardiennes de tous les secrets et des promesses envolées attrapèrent au vol, quelques paroles perdues dans l'air.
« Je vais te tuer Curt. Je te tuerai... »

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Hey !
J'espère que vous vous portez bien !
Déjà un mois de vacances écoulé... ça passe vraiment trop vite.
Merci encore à vous tous de suivre mon histoire ! N'hésitez pas, comme habituellement, à voter et à commenter.
J'aimerai beaucoup avoir plus de vos avis sur ce récit, savoir quoi améliorer et ce qui vous plaît.
Gros bisous 😘

Tout détruire pour se sauverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant