Il était deux heures du matin.
H-6 avant l'ouverture habituelle du Diner.
H-7 avant que les gens ne commencent à se poser des questions.
H-9, minimum, avant que le shérif ne soit présent devant chez Pop's.
« Comment va t-on tenir jusque là ? »
C'était la question que tous se posaient, je suppose.
Néanmoins à cet instant, ce fut dans l'esprit de Toni qu'elle germa, pour la énième fois.
La leader des « Belles Empoisonneuses » commençait à réellement douter.
La lune, qui continuait paisiblement son trajet dans les cieux obscures, semblait emporter avec elle, l'espoir de la fille aux cheveux roses.
Tous, étaient au plus mal, chacun à leur manière.
Josie était dans une espèce de déni, elle ne bougeait pas et restée concentrée sur un point, la respiration régulière. A la moindre défaillance, elle aurait craqué.
Veronica se raccrochait, comme elle le pouvait, à son devoir de sauver tout le groupe et de sortir de cet endroit.
Jughead n'avait de pensées que pour sa petite amie enfermée à la cave, en la mauvaise compagnie de Curt. Qui sait ce qu'il lui faisait subir ? Le brun s'imaginait toutes sortes de situations, toutes plus horribles les unes que les autres et cela le mettait dans une colère folle. Il ne réfléchissait à rien d'autre qu'à Betty. Il aurait laissé faire n'importe quoi, tant que cela ne faisait pas de mal à sa belle.
JB était terrifiée, bien qu'avec un caractère borné et impulsif, cela était trop pour elle, comme pour tous les autres. Elle en voulait à son frère ainsi qu'à ses ravisseurs. La petite Jones priait pour qu'elle se réveilla et que sa mère vînt lui dire que ce n'était qu'un simple cauchemar.
Cheryl passait successivement par de grands pics de stress et d'adrénaline. Elle était parfois confiante, même peut être joueuse. Elle se le refusait évidement, mais les battements retentissants de la peur se faisait entendre au plus profond de son cœur.
Pop en avait vu tout du long de sa vie, des horreurs. Il avait plus peur pour ces jeunes que pour lui. Lui, s'en sortirai, il ne se faisait pas de soucis pour cela. De toute manière, il n'était plus tout jeune et il ne voulait pas qu'on lui accorde trop d'importance. Ce qu'il craignait, c'était que les adolescents perdent un à un les pédales de leur raison.
Kevin et Fangs étaient de parfaits moutons et bien qu'ils tremblaient de frayeur, ils essayaient de suivre le modèle de la « fille » du dirigeant ainsi que de la sœur de Betty.
Effectivement, il n'y avait qu'Evelyne et Poly, qui, étrangement, semblaient « sereines », tout du moins par rapport à la situation extrême dans laquelle elles se trouvaient.
La brise s'était adoucie.
La cime des arbres de la forêt bordant « Sweet Water Rivers » ne dansait plus.
Un calme absolu régnait sur la petite ville alors qu'un nouveau jeu avait démarré dans le Diner, sous le commandement de Ricky.
De ce qu'avait compris Toni, il s'agissait là « d'action ou vérité », ce jeu dont les jeunes sont si friands en soirée.
Il était néanmoins, bien évidemment, modifié à la sauce « G et G ».
Ce n'était pas plus compliqué que de, chacun son tour, tirer une carte de « Griffons et Gargouilles » et de répondre à la question ou de réaliser l'action inscrite sur cette dernière.
La petite amie de Cheryl n'écoutait que d'une oreille, si ce ne fut d'aucune.
Elle n'en avait que faire des péchés d'autrui. Ils en avaient tous commis et elle avait déjà assez à faire avec les siens pour s'intéresser à ceux des autres.
Jughead et Betty par exemple, elle ne les dénoncerait pas. Elle n'avait rien à y gagner de toute manière.
- Eh ho ! Toni !
Des doigts claquèrent devant le visage de l'intéressée, qui la sortirent de sa sombre rêverie.
- A ton tour, commanda le petit démon, en tendant une carte à jouer à l'ex serpent.
Action.
Le sang se glaça dans les veines de Toni.
Son cœur rata un battement et manqua presque de s'arrêter.
Elle releva la tête. De la sueur perlait sur son front. Chacun pu constater sa mine horrifiée suite à la lecture de sa carte.
- Je refuse, déclara t-elle en posant cette dernière face cachée, sur la table blanche.
Elle avait essayé de paraître sûre d'elle, mais son air mal assuré n'avait échappé à personne, encore moins à Ricky.
Il empoigna fermement le couteau de cuisine qu'il était allé chercher une demie heure plus tôt.
C'était un long couteau, tranchant, aiguisé pour venir à bout de toute sorte d'aliments, même des plus robustes.
La main de Desantos faisait à peine la moitié du manche noir de l'arme.
Sa lame, brillante, était plus grande encore.
- Je pense que tu sais ce qui t'attends si tu n'obéis pas, supposa t-il.
Le reflet de la hantise de la fille aux cheveux roses, dû aux néons de Pop's, ressemblait à celui de la lune.
Décidément, pas même elle n'aurait pitié d'eux en cette nuit de printemps.
- Une vie, ou la tienne, sourit l'associer de Curt.
Contrairement il y a quelques secondes paraissant interminables, le cœur de Toni battait la chamade. Un stress intense l'envahit jusque dans l'âme.
Elle ne savait que faire.
Elle repensa à Jughead, qui, quand ce dilemme c'était abattu sur lui, était prêt à se tuer plutôt que d'arracher la vie à un autre.
Était-elle capable d'un tel héroïsme ?
Avait-elle une si grande force intérieure ?
Ce sacrifice, - quel qu'en soient les conséquences - pouvait-elle s'y résoudre ?
Était-elle prête, là, maintenant, à dix-sept ans, dans ce Diner, à tout arrêter ?
Elle se leva, lentement.
Enjamba la rousse.
Tremblante, elle s'approcha du preneur d'otages.
Sa vision se troubla alors qu'elle saisit le manche noir.
Comme si elle n'était plus consciente de rien, ses jambes la portèrent à la table d'en face, où se trouvaient Jughead, Josie, Veronica, Pop et JB.
Le gérant se leva et se plaça comme rempart :
- Mon enfant, ne fais pas ça, implora t-il, avec le ton et les paroles d'un homme d'église.
Aucun son ne fut émit par la leader des « Belles Empoisonneuses ».
Son regard en disait long.
Il était le même que celui de Curt ou de Ricky lorsqu'ils les menaçaient de mort ; sans cette touche d'une joie sadique.
Mais Pop s'en fichait.
Il ne laisserait pas un drame de plus survenir ici.
Topaze aurait pu changer ses plans morbides et abattre celui qui lui barrait la route. Cependant, un genre de folie meurtrière s'était éprise de son être tout entier et cela était pour elle, à cet instant, le seul moyen de survivre.
Sans réfléchir, elle entailla la cuisse de l'homme qui, avec un reflex immédiat, plaqua ses mains contre sa blessure et s'écroula sur la banquette rouge dans un cri étouffé.
Pop était hors d'état de nuire. Il aurait pu se relever, ce qu'il fît. Néanmoins, une autre blessure, plus profonde encore, vient s'ajouter à la première.
Jughead quant à lui, se fichait de ce qui pouvait bien arriver à quiconque.
JB n'était qu'une enfant, et ne pouvait rien face à une adolescente possédée par la faucheuse en personne, un couteau à la main.
Josie était plongée dans ce qu'on aurait pu comparer à un commas, inutile donc de vous préciser pourquoi elle ne put s'opposer a Toni.
Evelyne et Poly ne comptaient - pour des raisons qui seront dévoilées plus tard - pas lever le petit doigt et Kevin et Fang les suivraient, bien évidemment.
Il n'y avait donc plus que Veronica qui était susceptible d'arrêter de courroux de la mort, qui n'hésiterait pas à s'abattre.
La fille Lodge se leva en un bon, ayant une impression de déjà vu... pour laquelle elle eut tout donné pour l'empêcher de revenir.
L'arme blanche la menaçait de ses crocs lacérés.
Veronica ne voulait bouger, mais ne pouvait se résigner à se retrouver dans le même état que Pop, si elle voulait mener à bien la mission qu'elle s'était donnée pour ne pas perdre la tête face à ces effroyable événements.
Elle s'écarta.
La mort avait la voie libre.
Libre de faire ce qu'elle sait faire de mieux ; tuer.
Toni assura sa prise sur le manche noir, semblable à celui d'une fourche.
La chanteuse de « La Bonne Nuit » était assise, droite et immobile.
Aux yeux d'un observateur, elle aurait pu paraître normale, mais la vérité était que la pauvre jeune fille venait de subir un traumatisme et qu'elle était aux portes de la mort.
Des portes qui s'ouvraient en même tant que la fille aux cheveux roses avançaient.
Chaque pas laissait découvrir un peu plus, ce qui se trouvait derrière cette somptueuse entrée.
L'ex serpent était-elle prête à accomplir ce que s'apprêtait à faire Jughead, face à ce dilemme : « Tuer ou être tué » ?
La réponse fut non.
Arrivée à la hauteur de la fille qui n'avait aucune idée de ce qui était en train de se produire, la main gauche de Toni partit toute seule, d'un coup.
Le couteau se planta directement dans la jugulaire de Josie.
La meurtrière senti un goût âcre dans sa bouche.
Elle retira l'arme de la carotide de sa victime, aussi promptement qu'elle l'y avait enfoncée.
Une plaie suintante se dévoila devant elle.
Elle baissa les yeux.
Dans le reflet de la lame, elle perçut les gouttes rougeâtres du sang qui avait giclé jusque sur ses lèvres.————————————————
Hey !
Je vous présente mes plus plates excuses pour cette absence prolongée...
Je suis partie en randonnée à la montagne durant plusieurs jours, puis ensuite plus d'une semaine en bateau et je n'avais pas accès au réseau. Cela ne m'a pas empêché d'écrire puisque me voilà, le jour de mon retour à la civilisation 😆 avec un tout nouveau chapitre qui j'espère, vous plaira !
Gros bisous 😘
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Tout détruire pour se sauver
FanfictionIl y avait là deux adolescents à l'âme brisée. Enfermés entre les barreaux macabres d'une ville perdue. Engloutis sous les pesants nuages du désespoir. Bloqués entre la voix ferrée et ses histoires. Il y avait là deux adolescents inconscients, d...