Chapitre VIII

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Le sang se voyait à peine, sur la banquette rouge.
Le tintement de la lame tombant sur le carrelage résonna dans tout le Diner.
Le sol blanc était taché deçà-delà, d'un liquide rougeâtre.
- Et de deux, sourit Ricky.
Ces mots s'échappèrent de la bouche du jeune démon pour se perdre au fin fond de tous les cœurs.
Josie saignait abondamment, étalée négligemment sur le siège.
Le temps planait.
Il ne restait rien d'autre.
Malgré l'irréalité de la situation, il n'y avait, en ce moment précis, rien de plus concret qu'un nouveau cadavre.
Deux meurtres. Une banquette.
Toni recula d'un pas, puis deux. Elle fila se réfugier dans les toilettes.
La chanteuse vedette de "La Bonne Nuit" n'eut pas réalisé qu'elle mourrait. Sûrement n'eut t-elle même pas ressenti la douleur lorsque l'arme s'enfonça sauvagement dans sa carotide.
Après tout, peu importe. La vie l'avait quittée et ça, c'était une certitude. Certes, atroce, mais une certitude.
Et malgré ce que tous peuvent dire, les certitudes sont importantes. Elles nous permettent de savoir. De ne se perdre dans ce monde de fous.
Tous, dans ce Diner, préféreraient connaître la vérité, aussi horrible soit t-elle, plutôt que de rester dans la désillusion.
Et cela se comprend.
Mais encore une fois, peu importe. Car en ce moment, le cadavre de Josie gisait sur la banquette rouge.
En voilà une autre, de certitude : Topaze avait choisi sa vie.
Inutile de préciser l'état dans lequel se trouvaient nos personnages. Cet état qui, était arrivé au point de non retour et qui, ne pouvait donc plus empirer. Chaque drame qui survenait avait l'effet d'un coup de massue, néanmoins, ils y étaient tant habitués que leur moral ne s'aggravait plus ; il était déjà au plus bas.
Cependant, la seule qui sombrait peut-être encore était JB.
Une nouvelle certitude : cette enfant était beaucoup trop jeune pour ce carnage.
Elle ne savait que faire, que penser ou même que ressentir ?
Elle était totalement perdue, se fondant dans le néant de son cœur, entre deux meurtres et des pleurs.
Elle en aurait eu bien besoin, de certitudes.
Etre certaine qu'au dehors, quelqu'un lui ferrait oublier tout cela. Etre certaine que quelqu'un l'aimerait, qu'elle occuperait la première place dans le cœur d'un autre.
Malheureusement, rien de tout cela n'était vrai.
JB était une jeune fille née du mauvais coté de la voie ferrée, dans une ville maudite.
Elle avait grandi loin de cette ville, mais loin de son père et de son frère.
Elle avait grandi en connaissant la faim et le besoin. Au côté d'une mère hors-la-loi.
Et dans la vie - dans la société, plus précisément - les gens comme elle ne s'en sortent pas. Ils sont reniés, bafoués, insultés. Les autres leur dédient un parcours similaire à leurs parents. Mais comment ne pas suivre ces derniers, quand personne ne fait rien pour vous aidez ou pour vous dissuadez du fait que vous ne valez pas mieux qu'eux ?
La petite sœur de Jughead était différente. Donc après tout, elle était comme tous les autres, me direz-vous.
Et je vous répondrai que vous n'avez pas totalement tord, ni raison non plus.
JB était vraiment, différente.
Elle n'était pas extrêmement sensible, comme son frère.
Elle était encore au collège, et n'avait aucun rêve, aucun but.
Aucune envie ne lui traversait l'esprit, ni aucun espoir ni aucune passion ne faisait vibrer son âme.
Non, elle était tout le contraire de Jughead : insensible.
Vide, c'est ce qu'elle était.
Comme beaucoup d'autres, là, en ce moment, et même ailleurs.
Mais, elle avait son vide à elle.
Personne ne pouvait toucher le cadavre de Josie.
Personne n'avait le courage de le déplacer ; le besoin de ne plus se trouver en face de la mort vous fixant d'un regard livide, cependant, l'emporta.
Pop et Veronica la soulevèrent alors, avec délicatesse, et allèrent l'installer le plus paisiblement possible aux côtés d'Archie, dans l'arrière boutique.
JB était triste.
Elle ne s'en rendait pas compte. Elle se pensait perdue, et rien d'autre.
Mais la vérité, est qu'elle n'était ni en colère ni désemparée.
Simplement triste.
Une tristesse plus puissante et plus profonde que tout.
Ces larmes qui ne coulent pas, tellement elles sont douloureuses.
Cette impression de n'être que spectateur du monde qui nous entoure.
Cette manie de souvent fixer le vide, les yeux embrumés.
De regarder par la fenêtre, sans même plus espérer.
La petite sœur de Jughead n'avait aucun but, aucun avenir précis.
Néanmoins, jamais elle ne s'était sentie aussi impuissante.
Sans plus aucun espoir de quoi que se soit.
Malheureusement pour cette pauvre enfant, il lui faudra bien du temps avant de comprendre tout cela ; mais faut-il encore qu'elle ait le courage de vivre jusque là.

Les pas, d'une lenteur sadique, avançaient autour de la chaise.
Le manche noir tournait dans cette main assassine, en une ronde régulière, jubilatoire.
Les lumières tamisées enfermaient l'atmosphère insoutenable de cette situation.
La jeune fille, ligotée, emprisonnée, mal.
Elle ne tremblait pas.
La tête haute, elle était prête à affronter son ravisseur.
Rien ne lui faisait peur.
C'était une jeune fille courageuse.
L'homme termina son trajet circulaire en s'arrêtant en face de son otage.
Plantant ses yeux dans les siens.
Un rictus aussi large que sa cruauté se dessina sur ses lèvres.
Ses paroles reflétèrent son sadisme ; ce qui donna à la jeune fille encore plus de détermination pour mettre un terme à l'emprise de ce démon :
- Betty...

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Hey ! Longue absence je sais... j'en suis désolé.
Je n'ai pas vraiment d'excuses valables si ce n'est un petit manque d'inspiration ces dernier temps et un besoin de me ressourcer en d'autres écrits.
Je suis d'accord, ce n'est pas réellement un retour en beauté, mais j'essaierai de faire mieux la prochaine fois.
Merci à tous de lire mon histoire, grâce à vous, cette dernière peut continuer à vivre et a toujours plus grandir.
Bisous 😘

Tout détruire pour se sauverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant