7 - Terreur

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Abasourdie, je restai immobile dans la boue. L'homme qui me surplombait, dague au poing et froideur au visage, n'était ni plus ni moins que l'assassin étranger qui m'avait attaquée.


« Debout, m'ordonna-t-il, suis-moi sans moufter et tout ira bien pour toi. »


Je déglutis. S'il était vraiment le sbire du Seigneur Alikar,  je risquais de finir trente pieds sous terre que j'obtempère ou non. L'étranger s'impatienta.


« Si tu continues de gober les mouches, je te traîne aux pieds du patron par les cheveux, me menaça-t-il. Je n'ai pas de temps à perdre ici. »


Je ne réfléchis pas plus longtemps et me levai maladroitement. Lorsque la plante de mes pieds ensanglantés toucha les pavés, je couinai. Les pavés me faisaient horriblement souffrir, leur saleté s'infiltrant dans mes cloques et irritant les zones à vif. L'assassin leva un sourcil, curieux. Il s'avança de quelques pas.


« J'étais censé te ramener en un seul morceau pas en lambeaux... soupira-t-il.

- Alors pourquoi m'avoir tiré dessus l'autre soir ? demandai-je sans vraiment savoir où je puisais la force de parler.

- J'ai dis en un seul morceau, pas vivante. »


À ces mots, il brandit son épée. Un petit cri s'échappa de ma gorge tandis que je masquais mon visage de mes bras. Un déchirement se fit entendre ; le son du tissu que l'on tranche. J'osai un regard vers lui et constatai qu'il n'avait fait que découper une bande dans son haut. Il me la tendit et je restai interdite.


« Il faut vraiment tout faire soi-même... pesta-t-il en s'accroupissant au niveau de mes mollets.

- Qu'est ce que vous faites ? piaillai-je.

- Je cuisine un ragoût, ça ne se voit pas ? ironisa-t-il. Maintenant laisse-moi faire au lieu de remuer comme ça. »


Il prit l'un de mes pieds dans sa main avec une fermeté qui me fit grimacer et le banda en quelques gestes experts. J'ignorais s'il s'agissait de gentillesse ou de simple obéissance à des ordres venus d'en haut. Pourquoi nem'avait-il pas encore tuée ? Celui qui tirait les ficelle des récents événements avait-il d'autres projets pour moi ? Je me posais tant de questions qui ne trouvaient pas de réponse dans l'immédiat. L'étranger aux yeux perçants, ayant fini de bander mes pieds, me prit sans délicatesse par le bras et me jeta, trois rues plus loin, dans un fiacre où il s'assit à mes côtés.

Le véhicule était de ceux que les nobles utilisent : avec des rideaux pour dissimuler les passagers et d'un confort sans nom. La banquette était douce et moelleuse. Je fermai les yeux : autant profiter du voyage s 'il fallait mourir à la fin.



Mes craintes s'étaient avérées en arrivant au palais seigneurial. Je maudissais intérieurement l'épuisement qui m'avait ôté l'envie de fuir dans le fiacre. Le seul point positif était que mes pieds ne me faisaient plus trop souffrir dans leurs bandages de fortune. Assassin ou pas, il était plutôt doué pour les soins.

Je me trouvais triplement embarrassée dans ce palais : enfermée dans une cage, pieds entravés par une chaîne et à moitié déshabillée par une esclave qui s'empressait de me laver sous le regard sans émotion de l'étranger. Complètement perdue, incapable de comprendre ce qu'il m'arrivait et gênée au plus haut point par l'homme qui me surveillait, les larmes m'étaient montées aux yeux.

ExplosiveWhere stories live. Discover now