13 - Enchères

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En plein centre de la scène, la jeune fille se tenait debout. Elle était d'une beauté classique mais sa santé de fer avait sensiblement fait augmenter son prix. Pourtant sa mine colorée avait pâli, son calme mis en péril par les offres enragées des acheteurs. Une armée de diables s'étendait à ses pieds : sifflant et hurlant le prix qu'ils étaient prêts à mettre pour l'acheter.

La jeune fille le savait, l'un de ces hommes ou l'une de ces femmes serait son futur maître ; celui ou celle qui essoufflerait les autres avec le meilleur montant. Son regard, résigné mais fort, affrontait la foule. Serais-je aussi résistante et digne qu'elle ? Je l'ignorais. Je me contentais de la regarder, droite sur scène,accepter son sort sans un mot ni une larme.


« Cinq-mille quarante-cinq couronnes, mes amis ! hurlait l'organisateur de la vente, gesticulant sans arrêt. Qui pourra dépasser cette somme et acquérir la demoiselle ? »


Quelques bras se levèrent, mais personne ne put égaler la dernière offre de six mille cent couronnes. Finalement vendue, la jeune femme descendis de l'estrade, rejoignant ce qui semblait être ses propres parents.


« Félicitation sà notre heureux acquéreur, congratula l'organisateur, il a fait une très belle offre pour une très belle jeune femme ! Mais nous n'avons pas le temps de tergiverser ; cher public, préparez-vous maintenant à accueillir la prochaine vente ! »


Dans les coulisses, cette annonce fit frémir chacun des esclaves. Je touchai mes hématomes couverts de fard et y plantai nerveusement mes ongles.


« Il s'agit d'une jeune femme... »


Des bruits de contentement résonnèrent dans le public. En coulisses, les hommes s'étaient relaxés tandis que les femmes s'étaient raidies. Derrière moi, Père me surveillait. Il s'assurait que je ne m'échappe pas mais sa forte odeur de liqueur faisait plisser plus d'un nez.


« ... Une très séduisante danseuse dans la vingtaine... »


Je déglutis et Père ricana. Nous n'étions que cinq à correspondre à cette description. La foule semblait aussi ravie que j'étais terrifiée.


« ... Vendue pour un mariage arrangé par ses maîtres ! Qui fera la plus grosse offre ? Les enchères commencent à trois cent couronnes pour la séduisante Fhabe ! »


Il n'y avait plus d'autre issue. Je m'avançai dans la lumière de la scène, projetée par une brusque poussée du proxénète sur l'omoplate. Mes yeux étaient clos ; je craignais de m'effondrer si je ne reconnaissais pas Diama dans le public. Il m'avait assuré maintes et maintes fois que sa place y était déjà réservée sans pour autant que je sois complètement rassurée.


« Six-cents ! Huit-cents ! Neuf-cents-cinquante ! Mille-deux-cents pour Monsieur en bleu ! »


Loin d'être comblée par mon succès, je m'étais décidée à chercher le visage de mon fiancé dans la foule. Des hommes inconnus et des femmes d'un certain âge s'époumonaient pour moi. Ce fut alors que je remarquai un second étage au public : des loges nous surplombaient tous, celles des nobles venus faire leurs achats.

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⏰ Last updated: Jul 25, 2019 ⏰

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