9 - Foutue

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J'avais chaud. Une moiteur désagréable recouvrait ma peau. Je tentai de me retourner mais quelque chose maintenait les couvertures en place. Un grognement de mécontentement s'échappa de ma gorge. Ma jambe s'élança vers la masse qui me retenait prisonnière, la poussant sans répit.


« Aïe ! s'écria une voix masculine. »


J'ouvris grand les yeux. La masse n'était autre que Milloh qui s'était assis sur mon lit. Je me dégageai des couvertures à regret et me traînai vers lui,ensommeillée.


« Qu'est ce que tu fais ? baillai-je le plus distinctement possible.

- Je n'arrive plus à dormir, dit-il.

- Moi non plus,surenchérit Em allongé en étoile sur son matelas, mais ce n'est pas pour autant que je regardais Fhabe dormir, espèce de sale pervers.

- Tais-toi ! couina Milloh, rouge de honte. »


Je ne savais que penser et que répondre ; je me contentai de me lever. Maintenant que j'étais réveillée, je n'aurais pas pu me rendormir : les garçons se jetant des oreillers à la figure ne m'y auraient pas aidé non plus.



Je me dirigeai vers une table vide du hall, Em et Milloh sur les talons. Au milieu des filleset des cuisiniers, je n'eus pas la chance de passer inaperçue : Giil fondit vers moi presque immédiatement. Elle m'enlaça si for tque mes gardes du corps se braquèrent.


« Elle est blessée ! la gronda Em.

- Je m'en fiche ! sanglota-t-elle sans même se décoller de moi. J'ai cru que tu étais morte !

- Ça suffit, tu vois bien qu'elle est couverte de bleus ! enragea de nouveau l'ancien sans-abri. »


Il la repoussa et elle le fusilla du regard. Je ne pensais pas qu'Em prendrait son nouveau rôle aussi sérieusement et la tournure des choses m'était assez désagréable.


« Tu ne peux pas tenir à distance tous ceux qui m'approchent et surtout pas mes amis,lui reprochai-je. Giil, tu ne les as jamais vus donc je te les présente ; voici Em et Milloh.

- Les fameux ! se moqua-t-elle gentiment, essuyant ses larmes de soulagement, à peine ébranlée par la rudesse d'Em. J'ai beaucoup entendu parler de vous deux. »


Em peina à dissimuler sa fierté, m'arrachant un rire, et Milloh baissa la tête,soudainement plongé dans ses pensées. Giil posa son plateau garni de nourriture sur une table et nous invita à en faire de même. Nous mangeâmes et je lui expliquai la raison de la présence des garçons à Rose Bée. Elle acquiesça à chacun de mes mots sans jamais m'interrompre, seules ses lèvres s'entrouvraient par moments, soufflant quelques mots muets, mais se refermaient dans la seconde. Mon amie avait un air contrit inhabituel.

Autour de nous, les filles les plus commères se murmuraient à l'oreille en nous détaillant sans pudeur. Giil détournait le regard à chaque fois qu'elle croisait le leur, visiblement très mal à l'aise. Milloh semblait très perturbé également par toute cette attention ; son front s'était perlé de sueur et ses doigts s'entremêlaient et se décroisaient nerveusement. Seul Em semblait perplexe. Entourée de toutes ces paires d'yeux, je commençais vraiment à me sentir cernée.

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