Clé du sang

~• Chapitre 5 •~

Point de vue d'Aya

Escarpins à la main, je marche dans les rues vides de ma ville. Car oui, qu'on se le dise : je n'avais pas prévu de presque égorger Erwan, de sauter du toit de la maison et de devoir traverser toute la ville pour pouvoir rejoindre la maison de Sarah, où j'étais sensée dormir ce soir. Je passe mes mains sur mes bras glacés.

Ils vous en restent beaucoup à apprendre sur les vampires. Si je vous fais un petit topo, ça donne vitesse et pouvoir surnaturels, oui, mais qui nous épuisent beaucoup lorsqu'on les utilise ; on ressent la douleur mais seulement un court instant, avant de cicatriser ; on ne scintille pas au soleil -et oui, on est des vampires, pas des ampoules-.

Je sens le froid d'automne mais ça ne me dérange pas, comme tout autre vampire. Les villes sont quasiment vides et presque aucune voiture ne passe. Le sol est glacé sous mes pieds, mais entre porter ses échasses qui me font souffrir à chaque pas ou être pieds nus, je préfère largement la dernière option. Courage, je suis bientôt arrivée. Enfin, je l'espère.

Je soupire en continuant d'avancer, le plus vite possible. Enfin, aussi vite que mes pieds me le permettent. Je pourrais, en effet, utiliser ma rapidité, mais ça voudrait dire devoir me nourrir en rentrant, ce qui me parait impossible puisque le sang d'Erwan hante mes esprits. Alors que je pensais que je ne pourrais jamais arriver chez ma meilleure amie sans être contrainte de me déplacer plus vite, une voiture s'arrête à côté de moi. Je me tourne vers celle-ci tout en marchant et tombe sur... Vous ne devinerais jamais...

Zakaria.

Il baisse la fenêtre de sa voiture, puis s'exclame :

- Aller monte, tu es congelée.

Le souvenir du coup qu'il a fait à Sarah me revient à l'esprit et il me semble impossible de monter dans sa voiture ou même d'accepter son aide. Je tourne la tête sans m'arrêter et m'exclame à mon tour :

- Non merci, je préfère marcher.

Alors que je continus mon chemin, la voiture s'arrête encore à côté de moi. Je soupire encore une fois, sans daigner tourner la tête vers ce vampire.

- J'ai ça, à toi.

Je me tourne, curieuse et vois qu'il me désigne mon manteau sur le siège à côté de lui. Mon manteau ? Je ne me souvenais même pas l'avoir laissé là- bas.

- Monte, je ne vais pas te manger, reprends Zakaria.

- Mais tu pourrais, non ?

Je l'entends pouffer de rire avant de me faire signe de monter.

- T'inquiète pas, je préfère la chair fraiche humaine et de loin.

Je m'exécute, à contre cœur et enfile mon manteau froid préféré alors que le vampire redémarre. Je le vois sourire avant de monter le chauffage de la voiture. Il se croit tellement irrésistible... Je le remercie du regard en me demandant pour la énième fois ce que je fais dans cette voiture.

- Je n'arrive pas à croire que tu ais réussi à avoir une discussion avec Erwan.

- Tu m'as espionnée ?

Je le vois encore sourire en coin.

- Espionner est un grand mot. Disons plutôt que mon ouïe a été attirée par votre discussion et que je me suis dit que tu avais besoin de quelqu'un pour le remettre à sa place s'il était trop agressif.

- Je peux me débrouiller seule. Pourquoi tu crois toujours que j'ai besoin d'aide ? Je ne suis plus une humaine fragile qui a besoin d'une protection. Aujourd'hui, je suis forte, puissante et je n'ai besoin de l'aide de plus personne. Alors arrête ça.