Clé du sang

~• Chapitre 11 •~

Point de vue d'Aya

Le mal de tête qui me martèle le crâne m'empêche même d'ouvrir les yeux ou de penser à quoi que ce soit. Je n'ai pas de mot pour dire à quel point c'est horrible... C'est comme si on me tapait continuellement la tête avec un marteau. Je pousse un petit gémissement de douleur, avant d'ouvrir les yeux avec peine. À ma grande surprise, c'est dans ma chambre, plus principalement dans mon lit, que je me trouve.

Erwan est avec moi. Ici. Il a fait preuve d'une telle tendresse que je n'ai pu la supporter. Il éprouvait tant de pitié que son regard n'avait jamais était plus expressif. Seulement, à ce moment-là, seul moment où il n'était ni agressif ni passif, je ne voulais qu'être seule. Seule pour pouvoir réfléchir, analyser tout ce qui m'étais revenu en mémoire, tout ce dont je me souvenais à présent. C'est pourquoi je l'ai poussé dehors, ou plutôt mit poliment à la porte.

Il me faut bien dix minutes avant d'arriver à revenir à moi, réaliser qu'il est déjà huit heures du soir, que le soleil s'est couché et qu'il y a une violente tempête dehors. Surtout, arriver réorganiser tout ce que j'ai appris dans ma tête. Éviter de me mélanger est bien évidemment impossible, j'en ai plus appris ce soir qu'au cours des 16 années précédentes.

Bon sang, y repenser me donne la nausée. Je suis une descendante de la treizième famille suprême... Malheur à moi qui pensais être une simple vampire, j'en suis une à moitié. Mi vampire, mi vampire suprême. Alors que je croyais pouvoir échapper à toutes leurs histoires, leurs manipulations et leurs crimes, j'y suis plongée dedans jusqu'au cou.

Ma mère m'avait donc menti. Le gène vampirique n'a pas sauté plusieurs générations, ce qui est impossible. Nous descendons alors directement d'un vampire. Je n'arrive pas à croire que celui que j'ai toujours cru comme mon père ne le soit pas. Mon père est un vampire, un inconnu à mes yeux et mort, en se sacrifiant pour sa famille. Pour Nathan. Pour ma mère. Pour moi...

Réaliser que ma mère et mon frère m'ont mentis pendant toutes ces années me rend folle de rage. En y réfléchissant, je me dirais certainement qu'ils ont fait le meilleur choix possible et qu'ils ont seulement voulu me préserver d'un souvenir difficile pour tout le monde. Cependant, à l'heure actuelle, je ne peux songer qu'au fait qu'ils m'aient privé de mon libre arbitre et de mon droit de choix. Ils m'ont empêché de faire mon deuil, le repoussant seulement à une dizaine d'année plus tard où la douleur n'est que plus intense.

C'est le bruit de ma porte s'ouvrant qui me sort de mes pensées. Je relève la tête, et me ré-assois plus confortablement dans mon lit, sachant que mon frère va entrer dans la pièce. Bingo. Lorsque je vois la tête de mon frère passer par la porte, je tourne la tête en espérant le dissuader de venir à moi. Je crois qu'il est bien la dernière personne que j'ai envie de voir.

Je n'ai pas encore assez de recul et je risque certainement de dire des choses dépassant ma pensée. Mais peu m'importe. Je veux seulement qu'il souffre. Autant que je souffre. C'est égoïste, mais j'ai besoin qu'il comprenne et qu'il réalise que j'en suis ici par sa faute.

Je ne peux blâmer ma mère, cela m'est impossible. Elle est morte, tuée par ceux de mon espèce. Il ne reste que mon frère et mon père, enfin mon père non biologique dont je ne suis pas sûre qu'il connaisse l'existence même de James. Auraient-ils mentis à tout le monde où suis-je la seule à avoir été mise de côté ?

Lorsqu'il s'approche de moi, et s'assoit sur le bord de mon lit, la seule chose que j'ai envie de faire, c'est m'enfuir. C'est lui qui fait le premier pas : il commence à parler. En me regardant, il me murmure :

- Comment vas-tu ?

Un rire ironique m'échappe. Qu'est-ce qu'il veut que je lui réponde ? Oui, ça va vraiment très bien, je viens seulement d'apprendre que mon père, n'est pas mon père, que nous sommes les seuls descendants de la treizième famille suprême et que vous m'avez tous caché la vérité !