chapitre cinq

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— 2013, Espagne —

     —Tu vas être bien ici mon fils.

Sa mère le prit dans ces bras. Il a quitté le Brésil il y a quelques jours, pour s'installer pour de bon en Europe.

Il sera présenté au FC Barcelone demain.

     — Flash info. Qu'est devenu Mercy, la migrante née sur un bateau entre deux pays ?

Sa mère fronce les sourcils en écoutant la télévision, après l'avoir allumée.

Elle se détache de son fils pour augmenter le son de celle-ci avec la télécommande.

     — Mercy est née il y a maintenant plus de vingt ans, entre le Pakistan et la France. Elle n'a malheureusement pas pu être logée sur le territoire francophone, et fut ramenée dans son pays d'origine, l'Afghanistan.

     — Est-il possible qu'elle soit encore en vie aujourd'hui ?

     — Il y a peu de chance qu'elle le soit, ce pays est en guerre depuis une vingtaine d'années. Cette miraculée le sera peut-être une seconde fois, et qui sait, atteindra-elle l'Europe ?

Elle baissa le son de la télévision avant de se tourner vers son fils.

     — C'est quand même pas croyable qu'ils n'aient pas laissé cette petite vivre en France tranquillement. Je trouve ça inhumain.

     — C'est la vie maman, quand certains passent leur temps dans l'abondance, ne manquant de rien, d'autres luttent chaque jour pour leur vie. Et malheureusement, nous, nous ne pouvons rien y faire.

— 2013, Afghanistan —

Mercy était partie depuis deux jours de son point de départ, avec dix personnes voulant comme elle, quitter le pays.

Cinq filles, cinq garçons. Tout le monde avait de l'eau, sauf elle.

Se préoccupant du bien être des autres, –alors qu'elle se l'était interdit– elle en a oublié de prendre de quoi se nourrir.

De toute manière, là où elle était, les magasins étaient vides, tous vandalisés.

Ils étaient presque arrivés à la frontière Pakistanaise. Ils devaient se rendre à Karachi, une ville bordée par la mer, en espérant qu'un passeur puisse les faire monter dans un bateau, direction l'Europe.

     — Il faut faire attention, on se rapproche de la frontière, ça peut être très dangere–

Une femme hurla quand une balle transperça le crâne du pauvre garçon qui venait de prendre la parole.

Le groupe s'éparpilla, essayant d'éviter à tout prix les balles perdues des terroristes qui les avaient trouvé.

Voyant que personne n'osait bouger de sa cachette après plus d'une heure, Mercy se sacrifia.

Enfin, le garçon le plus peureux préféra la pousser en dehors, comme étant un cobaye pour ce piège.

Elle courut le plus rapidement possible, sous les balles tirées à foison par les ennemis.

Elle ne pouvait plus faire demi-tour, elle s'était jetée dans la gueule du loup.

Elle se faufila sous le grillage, délimitant la frontière afghane et pakistanaise.

Avant de se cacher derrière ce qui semblait être un énorme rocher, elle se prit une balle dans la jambe, lui arrachant un hurlement de douleur.

Elle n'avait rien pour soigner tout cela, juste elle-même et son mental, qui semblait avoir disparu depuis quelques temps, et priant pour que la plaie ne s'infecte pas.

Une hémorragie arriva rapidement, elle exerça avec sa main une pression sur l'impact de la balle, en hurlant tant la douleur était forte.

Elle entendit des pas très rapides arriver dans sa direction.

Elle fut surprise de retrouver trois personnes, dont celle qui l'avait poussé en dehors de la cachette, en vie.

Les autres y avaient laissé leur peau. Ils n'arriveront jamais à quitter le pays, cette guerre aura eu raison d'eux.

     — Tout va bien ?

     — Oui, j'ai reçu une balle dans la jambe, mais je vais bien, ironisa-t-elle.

Un garçon la souleva pour l'asseoir contre le rocher, lui arrachant un gémissement de douleur.

Les larmes dévalaient sur ses joues. C'en était certainement fini pour elle.

Elle retarderait le groupe avec sa blessure.

     — Mmh... Je crois que j'ai pris une trousse de secours dans mon sac.

Le jeune homme fouilla dans son sac pour y sortir un bandage.

Il nettoya la plaie, qui ne cessait de rougir, le sang coulait en abondance de la plaie. Il enroula le bandage autour de la cuisse de la jeune femme.

Il arracha un bout de sa manche, et serra le bout de tissus autour de sa cuisse, priant pour stopper l'hémorragie.

     — On continuera avec toi. On y va ?

La jeune femme se releva, en grimaçant. Elle fit quelques pas en boitant.

Elle allait nettement retarder les trois autres personnes présentes avec elle.

     — Partez devant, je vous rejoins. Je ne veux pas vous retarder.

     — Tu es folle ? Y'a des terroristes derrière nous. Avec un peu de chance ils nous laisseront tranquille, mais s'ils ne l'ont pas décidé comme ça, tu vas crever. 

     — On ne se connaît pas, on s'en fou. Partez devant.

     — Hors de question.

     — Alors je pars devant.

En une trentaine de secondes, elle ne fit même pas quarante mètres à cause de sa jambe.

Bien que traumatisée, elle avait tellement l'ambition de s'en aller, qu'elle se sentait puissante, et sûre d'elle, chose qui n'arrivait jamais.

Elle devait le faire, pour sa mère qui n'a jamais pu s'en aller de ce calvaire.

Et également pour tous les habitants de Barmyan, qui étaient restés bloqués dans la ville, se faisant tués sans scrupule.

« S'il est urgent de naître, comprenez aussi, qu'il est urgent de renaître, quand tout est détruit. »

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-trenteseptkm

mercy» NEYMAR JR Où les histoires vivent. Découvrez maintenant