chapitre six

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— Afghanistan, 2013 —

Environ trois semaines après avoir passé la frontière, le petit groupe était arrivé dans la ville de Karachi, située au bord de la mer.

Mercy boitait encore à cause de sa jambe, et par on ne sait quel miracle, la plaie ne s'est pas infectée.

Elle était la seule, avec un autre garçon qui lui est inconnu, à avoir survécu dans cette traversée du Pakistan.

Étant chanceuse, l'inconnu en question connaissait un passeur, qui pouvait les faire monter sur un bateau, direction l'Espagne.

     — Avec un peu de chance, nous pourrons embarquer sans dépenser un sou.

     — Mmh. Tu penses qu'en Espagne ils vont nous renvoyer chez nous ?

     — Tant que tu ne te fais pas choper par la police, tu es libre. À partir du moment où ils te demandent tes papiers d'identités, c'est mort. Donc si tu vois des policiers, cours.

     — Je suis tellement rassurée grâce à toi, fit-elle avec ironie.

Le garçon leva les yeux au ciel avant d'emmener Mercy derrière des caisses, assez grandes pour les cacher entièrement.

     — Pourquoi on se cache ?

     — Il faut attendre la nuit pour partir, si on se fait choper, retour à la case départ, en Afghanistan. Donc nous restons ici.

La jeune femme souffle avant de se poser contre l'une des caisses, à moitié vide. Elle fouille dedans, et y trouve de quoi se nourrir un minimum.

La nuit tombée, les deux migrants arrivèrent devant l'embarcation. Mercy paniqua légèrement en voyant les centaines de personnes dans le même état qu'elle, tenant dans un minuscule bateau.

Il ne tiendrait pas la traversée avec autant de monde à l'intérieur. Ils allaient couler.

     — Dépêche-toi, nous allons embarquer.

Le garçon prit sa main pour l'aider à grimper dans le bateau, qui les emmènera loin du cauchemar.

La jeune femme souffla en se collant contre un inconnu. Elle regardait, éclairée par la lumière d'un réverbère, le quai s'éloigner petit à petit.

C'était enfin fini. Enfin, c'est ce qu'elle croyait.

Au bout de quelques heures de traversée, le bateau commençait à fatiguer. Des gens paniquèrent et se poussèrent malencontreusement dans l'eau.

Des hurlements raisonnaient dans les oreilles de Mercy, impuissante quant à la noyade de plusieurs migrants.

Elle se serra au milieu de l'embarcation.

     — J'espère que l'on va bientôt arriver.

Le jeune homme eut à peine le temps de finir sa phrase, qu'une personne la poussa sans le vouloir à l'eau.

Mercy cria en se postant au bord du "navire". Le garçon se débattait comme il le pouvait, ne sachant pas nager.

     — Attrape ma main !

Il essaya tant bien que mal de l'attraper, et au moment où leurs mains se frolèrent, une vague emporta le bateau, loin des cadavres flottant à la surface.

Mercy ne pouvait plus rien pour le garçon avec qui elle avait traversé cette épreuve. Elle était à présent seule, avec la dizaine de survivants.

Elle plia ses genoux contre sa poitrine, et laissa couler ses nombreuses larmes. Cela faisait trop longtemps qu'elle se retenait.

Elle pensa à son passé, si affreux.

Elle ne pouvait plus se cacher, ne pouvait plus se montrer comme quelqu'un de forte alors qu'elle ne l'était pas.

La jeune femme n'avait plus qu'à attendre l'arrivée en Espagne, espérant ne pas chavirer, ni se faire attraper par la police.

Avec un peu de chance, ils seront plus cléments que les français.

Mercy a traversé tant d'épreuves pour s'enfuir, elle n'avait aucunement envie de se faire renvoyer dans ce pays cauchemardesque.

— Barcelone, 2013 —

     — Allez Davi, viens.

Le petit garçon, d'à peine deux ans, se précipita dans les bras de son père.

Neymar a fraîchement emménagé en catalogne, et débutera les entraînements avec son nouveau club dans les jours à venir.

S'étant séparé de la mère de son fils, il ne le voyait que très peu.

D'ailleurs, Davi doit rentrer au Brésil dans quelques heures à peine.

     — Veux pas partir.

     — Oui mais tu dois rejoindre maman au Brésil, d'accord ?

Il embrassa sa joue avant de le reposer par terre, en l'emmenant dans le jardin.

     — On se reverra bientôt, promis. Et puis, tu n'es pas encore parti.

Il regarda son fils comme s'il était la huitième merveille du monde.

Il remerciait Dieu de lui avoir offert de si beau cadeau.

Mais, de l'autre côté de l'océan, plusieurs personnes auraient tant voulu être à sa place.

Avoir une belle vie de famille, une belle maison sur Barcelone, un père aimant, une mère aimante, une sœur à l'écoute, un fils magnifique.

Mais tout était si différent.

« deux étrangers, au bout du monde, si différents. »

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-trenteseptkm

mercy» NEYMAR JR Où les histoires vivent. Découvrez maintenant