5. Pourquoi tu veux pas?

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Le ciel bleu rend presque sa vie plus supportable, presque...

Taylor, un prénom normal pour quelqu'un de normal. Aujourd'hui il ne ressentait rien, seulement le vide. Un vide continu, sans possibilité de se sortir de cette cage. Son souffle avait du mal à rester régulier, il avait mal, si mal. Pourquoi fallait-il que ce soit SON père qui soit le méchant. Sept milliards, il y avait eu sept milliards de chance que ce soit quelqu'un d'autre qui soit le méchant dans l'histoire. Et pourtant s'était tombé sur son père, oh si vous saviez ce que les coups et les menaces peuvent faire...

Il le savait, mieux que personne, son corps était tout comme celui de sa mère le triste dessin d'une aquarelle violente, destructrice. Les coups, les poings, les pieds, tous servaient de matériel pour tracer les traits d'une douleur sans nom.

Le problème était que l'artiste de ces sombres œuvres, était aussi l'homme qui aurait dû les protéger de cet art. Son père était le peintre du malheur que vivait Taylor et sa mère, sans réel objectif...

Une simple soif de violence, un liquide chaud et incolore nourrissait cet être. Les douces et frêles larmes de ceux qu'ils battaient parfois à mort sans raison, sans regrets, aucuns.

Taylor était terrifié et pourtant en lui vivait une haine d'une grandeur infinie pour son géniteur. Lui broyer les doigts aurait été trop doux, face aux peintures qu'il éclatait sur la peau de ceux qu'il disaient "aimer".

Taylor ne pouvait que fuir ce désastre en faisant la fête. Loin de ce destin qu'il ne pouvait pas changer. Il voulait partir loin, très loin, il finirait peut-être même par partir trop loin. Il ne voulait pas rester bloqué, sa nuque à découvert, ses larmes contraintes à satisfaire la soif immense de ce monstre. Une chose abreuvait sa haine, chose que sa mère ne saurait jamais. Son père était l'auteur d'un art bien plus pénétrant, bien plus détestable. La nuit noire était le berceau d'une blessure intérieure, profonde, meurtrière. Depuis ses 17 ans, Taylor avait peur du noir, peur d'entendre un souffle frôler sa nuque, son torse, son dos, son ventre, et bien d'autres endroits qu'il ne pouvait protéger après une exposition de toile bleues, mauves et noires sur sa peau. Plus de force, plus de cris, plus de larmes, juste la douleur, silencieuse, prenant l'entièreté de son âme. C'était un assaut bien trop violent, marquant au plus profond de son cœur, de son corps...

Alors pour sortir de ce cauchemar il se réfugiait souvent dans l'ambiance festive qu'il trouvait dans les fêtes avec ses amis. Amis qui ignoraient évidemment le triste tableau qui se dressait secrètement en face d'eux. Taylor voulait avoir l'illusion d'avoir une vie normale, ou bien simplement d'avoir au moins la force de continuer celle-ci.

Il reçu un message de son ami Sacha.

- Sasha: On est devant chez toi, on t'attend mec.

- Je suis là dans 5 secondes. Répondît-il rapidement.

Le trajet se fit dans un silence presque apaisant.

Une fois rentrée dans l'énorme maison, la musique occupait la totalité des sons perçus par le jeune homme. La fête battait son plein. Sasha avait déjà repéré une fille brune qu'il essayait maintenant de se mettre dans la poche, il était comme ça juste une nuit rien de plus et Thomas dansait sensuellement avec Laura. Donc évidemment Taylor se retrouvait comme à son habitude seul dans un coin. Il décida de prendre un verre d'un alcool inconnu et alla s'affaler sur un canapé à proximité. La solitude dont il était victime à cet instant le ramena au cauchemar qu'il quittait quasiment chaque soir, c'était son échappatoire, sa porte de sortie, le seul endroit où les barreaux de sa cage était détruit. 

- Quelle triste liberté... pensa-t-il, dessinant lui même sans grande motivation mais peu à peu une envie de s'échapper bien plus loin. L'illusion de pouvoir réellement fuir le marquage que son père avait fait sur lui. Absurde, tout était absurde, évidemment que rien ne pouvait le sauver, oh non rien ne pouvait lui rendre sa liberté. Il était enchaîné à un monstre. Aucune chaîne, aucune plainte, aucun son n'allait sortir un jour de sa cavité buccale. Cet espace trop bien écrasé par le poids des coups, autant des coups de poing que des coups de butoir féroces dont son père faisait l'agréable ballet lorsque la nuit avait dévoré le jour. Sans moyen de replis, non, sans rien. Cela ils l'avaient compris, l'un comme l'autre. L'un s'en servant afin d'immobiliser sa proie et l'autre s'en abreuvant pour nourrir les démons qui lui criaient d'exterminer le monstre qui l'attirer vers une mort douloureuse et lente. Taylor était prisonnier même en dehors de chez lui, en dehors de ces bras forts, en dehors de ces griffes qui le tatouer de croquis sanguinolents. Une terrible envie de vomir lui tiraillait le ventre, il se dirigea alors vers les toilettes afin d'extirper le venin qui coulait avidement dans ses veines.

Mais à un moment de faiblesse un bras fort saisit son poignet, des griffes revenaient le sculpter, le façonner avec violence. Il se retrouva plaqué au mur et collé à un homme musclé qui puait l'alcool. Il l'observait de la tête au pied et le détaillait comme un prédateur détaille sa proie avant de lui sauter à la gorge et de la dévorer vivante. Soudain il ouvra sa mâchoire pour broyer le peu d'espace vierge de la toile noire qu'était devenu Taylor.

- Inconnu: Salut petit blond, ça te dit de tirer un coup vite fait? T'as l'air d'être une petite pute sous tes airs de saint. dit-il d'un ton qui se voulait sensuel alors qu'il parut absolument répugnant.

- Merci mais je vais m'en passer, à plus. Répondît-il aussi détaché que possible, essayant de fuir.

- Inconnu: Allez fait pas le coincé, je te promets que je vais te faire du bien. Tu vas prendre ton pieds avec moi. Insista-t-il en le retenant et serrant plus fort son poignet.

- J'ai pas envie, t'as compris sale alcoolique! Lui cracha-il à la figure comme pour prouver qu'une proie pouvait se défendre. Prouver qu'une feuille vierge de peu de place pouvait vouloir protéger le peu de blancheur qu'il lui restait.

Il commençait à faire peur, Taylor essaya de se dégager mais l'inconnu avait un gabarit bien plus imposant que le sien. C'était peine perdue...

- Inconnu: Alors comme ça j'tiens un petit emmerdeur entre mes mains. Tu sais ce que je fais aux petits insolents comme toi, non? Je les prends sauvagement jusqu'à ce qu'ils n'en peuvent plus et qu'ils en hurlent. Je me nourris du sang qui coule le long de leurs cuisses, et je lèche leurs larmes. Dit-il avec un calme pétrifiant et un ton menaçant. Alors, il y avait plusieurs méchants finalement? Plusieurs monstres, bien trop de violeurs et de violence.

- Inconnu: Bah pourquoi tu veux pas hein? T'as peur d'aimer ça? Tu vas voir je vais te faire aimer ça moi. Cracha-t-il d'envie. 

L'envie de vomir de Taylor se fit plus importante, prête à faire exploser son ventre. L'impression d'être piégé, humilié, de n'être qu'un objet. Le dégoût fit convulser son cœur et ses forces se firent écraser par l'épuisement de n'être encore qu'une proie.

L'inconnu commença à toucher le torse de sa proie et descendit bien plus bas, des bras forts vinrent l'arracher à celle-ci. Sous la peur et le choc les yeux du jeune homme se fermèrent, se laissant glisser jusqu'au sol, il n'entendit plus rien à part ce qu'on pouvait supposer être une bagarre. Lorsqu'il ouvrit de nouveau les yeux, ceux-ci se retrouvèrent en face de deux saphirs d'un bleu envoûtant et juste derrière eux l'alcoolique étendu sur le sol, le nez en sang. Le regard de Taylor s'accrocha de nouveau aux océans en face de lui. L'homme avait l'air inquiet, apportant avec lui une aura apaisante et reposante.

- Inconnu saphir: Est-ce que tu vas bien? Tu n'es pas blessé? demanda-t-il essoufflé.

Le seul mot qui ne pût sortit alors de la bouche de Taylor fût...

- Tu es trop près. Sur un ton aussi froid que la glace, il valait mieux rester tout de même prudent. Après tout les méchants peuvent porter des jolis masques bien accrochés, non?

L'homme écarquilla soudain les yeux surpris par un ton aussi dur puis s'écarta et repartit sans même prononcer un seul mot. On aurait cru voir une once de tristesse au fond de ses iris océaniques.

Après l'incident Sasha et Thomas avaient accouru en demandant si tout allait bien mais aucuns mots n'avaient réellement pus sortir. Puis ils avaient ramené chez lui une toile noircie par le monde. L'homme au regard d'azur ne se montra pas parmi les gens de la fête ce soir là, sans doute lui aussi devait échapper à ses propres cauchemars

- Tant pis. Pensa Taylor.

Ses cheveux blonds mi-longs et sa peau un peu bronzée avaient donné au jeune homme des sueurs froides, une fois l'adrénaline retombée. Sans oublier son magnifique regard aussi bleu que les eaux de corse. Enfin, une fois chez lui Taylor monta directement dans sa chambre et essaya de dormir sans réel succès, la faute aux images des mains de l'alcoolique sur lui. Et à cela s'ajoutait sa peur du noir. Il ne réussit à s'endormir qu'en repensant aux yeux bleus du "héros" inconnu. 

Et hop le sixième le chapitre bon clairement il est un peu moins drôle que les autres et un plus long.  J'espère ne pas vous avoir choqué avec les propos de l'alcoolique et la vérité sur le père de Taylor mais je tenais à dénoncer les actes ignobles que peuvent faire certaines personnes même les plus proches. Bientôt le chapitre 7

La réincarnation du cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant