▶️ Chapitre 14

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" Mon père... mon père s'est suicidé quelques temps après ma première hospitalisation. "

Ma gorge se coince et je sens les larmes me monter aux yeux. J'en ai déjà parlé avec énormément de gens à l'hôpital, mais j'ai toujours la même réaction. Les plaies sont encore douloureuses et elles ne veulent pas guérir.

Je sens son pouce caresser doucement le revers de ma main, m'encourageant à poursuivre.

" C'est de ma faute... ( Je souffle. ) Il a appris que son fils unique était atteint d'une leucémie, et ça a été la chose de trop. Je ne sais pas exactement ce que c'est, mais ma mère m'a expliqué qu'il avait eu énormément de soucis personnels et que nous étions la seule chose qui le maintenait ici. Cette annonce... l'a brisé... C'est de ma faute... "

Je ne dis plus rien et laisse les larmes couler le long de mes yeux, je ne retiens même plus mes sanglots. Je sais qu'il doit être outré de savoir que j'ai causé la mort de quelqu'un indirectement.

Deux bras m'entourent et je sursaute. Il ne dit rien, il se contente juste de m'envelopper de sa douce chaleur. Je lui rends son étreinte et le sers dans mes bras. Je place ma tête dans le creux de son cou et laisse ma tristesse évacuer.

Je me souviens... De ce jour-là. Je venais d'apprendre que mon père avait péri et j'étais seul, sans personne. Maman n'était même pas venue me voir, me rassurer comme elle le faisait si bien. Non, j'étais seul. Les autres enfants ne comprenaient pas ma peine, ils ne pouvaient rien faire pour m'aider. Alors, ils s'étaient contentés de rester avec moi, sans pour autant m'étouffer.

A cet instant, je ne souhaitais qu'une chose : m'excuser correctement. Mais je n'ai pas pu et je ne pourrais jamais. Il est parti à jamais, je garderai toujours cette douleur au fond de moi quoi que je fasse.

Je ne suis doué qu'à blesser les autres. Alors, je me suis promis après sa mort que plus jamais je ne laisserai quelqu'un souffrir par ma faute pour qu'il en vienne au fait.

Le bicolore se sépare de moi et essuie mes larmes du bout de ses doigts.

" Ce n'est pas de ta faute. Il n'était pas bien, s'il a fait ça, c'est qu'il avait ses raisons. Jamais il n'aurait voulu que tu te sentes coupable. C'est son choix. "

J'acquiesce.

Il se lève de sa chaise et s'étire difficilement.

" Bon, je dois te laisser. Je suis désolé, mon père m'a inscrit à des cours du soir et j'ai déjà loupé une bonne demi-heure. Je reviendrais demain. "

Il me tourne le dos et sort de la pièce. Me laissant seul dans ma peine.


* *

" Ton mal de tête dure depuis longtemps ? ( Me demande une gentille infirmière. ) "

J'hoche la tête et me tiens le crâne. Je pense que les pleurs et les vieux souvenirs n'ont pas arrangé mon état.

Nous sommes le soir, à présent. J'ai passé le reste de ma journée, après le départ de Todoroki-kun, a jonglé entre conscience et inconscience. Je me sens un peu vide, comme ailleurs. Comme si les choses ici ne m'importaient plus et que je n'étais plus concerné. Comme si j'étais là mais sans y être.

Je ne sais plus exactement comment les infirmières ont réussi à être prévenues de mon état.

Une femme aux longs cheveux noirs, à l'allure très osée s'avance vers moi et accroche de drôles de machines à mon corps.

" Bonjour, Izuku. Je suis le Médecin Kayama. Je suis là pour t'aider, alors dis-moi comment c'est arrivé. "

Comment quoi ? Qu'est-ce qu'elle me raconte ? J'ai juste mal à la tête, ce n'est arrivé par un incident ou quoi que ce soit.

Je vois une brune prêt de ma porte me regarder anxieusement. Ochako ? Que fait-elle là ? Il y a aussi Tsuyu... Pourquoi me regardent-elles comme ça ? Je suis si horrible que ça ?

Le médecin se penche vers l'infirmière et lui murmure des mots que je ne suis pas sensé entendre. Enfin, je suppose.

" Je ne suis pas de ce service, alors pouvez-vous m'expliquer quelle est sa maladie ?

- Une leucémie aiguë. ( Lui répond une infirmière. )

- Stade combien ?

- Stade trois. "

Elle revient vers moi et attrape un de ses appareils avant de tripoter mon visage. Qu'est-ce qu'elle fait ? Mais ça fait mal ! Elle touche délicatement mon nez, ce qui m'arrache un cri de douleur. Pourquoi est-ce que j'ai mal ?

J'apporte ma main libre, l'autre étant branchée de partout, à la partie douloureuse de mon visage. J'ai mal sur toute la longueur du nez et quelque chose de visqueux en coule... En grande quantité. Je mets la main sous mes yeux et les écarquillent.

D-du sang ? Je commence à remuer dans tous les sens, affolé. Pourquoi est-ce que je saigne ? Ça me fait si mal... Je n'arrive pratiquement plus à respirer, le souffle me manque. Comment n'ai-je pas pu le remarquer plus tôt ?! Je le sens vraiment à présent.

Toutes les personnes se tournent vers moi en rythme en murmurant des mots que je n'entends pas. Pourquoi je n'entends pas ? Pourquoi c'est aussi douloureux ? Que disent-elles ?

Je vois Ochako hurler quelque chose, les larmes aux yeux, tendant une main vers moi. Une infirmière la sort de la pièce avec sa copine.

Je sens que la quantité de sang coulant de mon nez à terriblement augmenter. J'en ai à présent partout sur moi, sur mes vêtements, sur mon visage, sur mes mains... Le médecin essaie de me dire quelque chose, mais je ne comprends pas.

Ma tête se fait lourde... La douleur s'estompe... Je n'entends plus rien, ma vision se trouble... J'en suis sûr, c'est la fin. Puis, plus rien.


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Salut !

Eh, ne me tuez pas encore ! La suite est tout de suite publier avec, ne vous inquiétez pas ^^

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Pas sans ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant