▶️ Chapitre 29

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PDV Shoto :

Du noir. Un silence imperturbable. Le temps s'écoulant sans être défini. Aucune sensation valable. J'ai tout perdu, dans cet espace que je ne réussirais même pas à définir. J'ai tantôt l'impression qu'il y fait froid, puis une chaleur vient me rencontrer et réchauffer l'endroit. J'ai l'impression d'entendre des voix, des mots et de deviner le bruit des battements de mon cœur. Mais, l'instant d'après, je ne ressens à nouveau plus rien.

La seule et unique fois où j'ai réellement cru que j'avais à nouveau une enveloppe charnelle, c'est quand j'ai senti quelqu'un attraper ce qui semblait être ma main. Je sentais une odeur forte de médicaments autour de moi, et j'entendais indirectement des sons plus lointains comme d'autres personnes.

Une voix qui m'était douloureusement familière s'était exprimée à moi, le timbre brisé par le chagrin. Elle avait énoncé ces mots en sanglotant, ce qui a eut le don de me rompre le cœur. Je n'ai pas immédiatement compris le sens de ces paroles, puis j'ai eu une étrange douleur quand j'ai enfin deviné.

" Bonjour, Shoto. Voilà bientôt cinq mois que tu es dans le coma et je perds peu à peu espoir de te revoir vivant un jour. J'en ai parlé avec Izuku, ton copain, et il m'a assuré que ce jour arrivera bientôt. Il m'a déjà annoncé ça il y a deux mois, et le résultat est que tu es encore dans cet état végétatif. "

La personne avait pris une pause puis avait repris plus doucement.

" D'ailleurs, en parlant d'Izuku... Il est enfin sorti de l'hôpital, il y a quelques semaines. Il est parti vivre temporairement chez sa mère puis prendra une colocation avec des amis. J'aimerais t'assurer qu'il va bien, qu'il rayonne depuis qu'il est dans le stade de guérison. Mais j'ai deviné depuis longtemps que ce n'était qu'une impression qu'il se donnait. Il souffre, je le sens, Shoto. Mais je ne peux rien faire pour l'aider. "

Des sanglots avaient étouffé la voix douce et maternelle.

" J'ai peur que si je te débranche un jour et que je ne prolonge pas tes soins, j'ai peur qu'il fasse une bêtise. Tu sais... Quand je l'ai vu il y a une semaine à ton chevet, que j'ai vu sa mine désespérée et que j'ai surpris ses paroles, j'ai tout de suite compris ce qu'il comptait faire si tu ne revenais pas. Il n'y a pas longtemps, quand il est venu rendre visite à Fuyumi et moi à la maison, j'ai découvert des plaies de toutes tailles sur ses poignets. J'aimerais assurer que ce n'est rien, juste une chute, mais elles sont bien trop régulières pour n'être que d'une chute. "

J'avais senti la main resserrer la prise sur la mienne et des gouttes d'eau s'écraser sur mon avant bras, apparemment découvert.

" Ton père a été jugé coupable, il est parti dans une prison du pays. Fuyumi est enceinte de quelques semaines de son copain, et elle rayonne de bonheur. Je vais être grand-mère...  J'ai malheureusement perdu contact avec Touya, qui est parti vivre en France avec sa copine, une certaine Toga... Natsuo s'est renfermé sur lui-même, ces derniers temps et ça m'inquiète terriblement. J'ai peur qu'il s'en veuille de ne pas avoir cru à nos aveux. "

J'avais senti ma lèvre inférieur trembler. Depuis tellement de temps je n'avais plus ressenti aussi bien un corps, le mien.

" Enfin... Je suis venue ici pour une autre raison. Malgré les circonstances qui peuvent paraître positives, je ne vois que ton semi-éveil prolongé. Tu dois bien souffrir actuellement, dans un tel cas. Ce n'est pas ce que je veux, Shoto. Je te veux en paix. Même si Fuyumi et Izuku semblent contre, en tant que mère c'est à moi que reviens le choix. Je vais demander aux médecins de te débrancher la semaine prochaine, pour que tu sois en paix. "

Elle avait pleuré pendant quelques minutes, essayant de se reprendre à  plusieurs reprises.

" J'ai peur des conséquences que ça peut avoir. J'ai peur qu'Izuku mette fin à ses jours, face à la nouvelle. J'ai peur que Fuyumi me tourne le dos, déçue par mes choix. J'ai peur qu'on me traite à nouveau comme une folle. Mais je pense tout de même que ça reste le meilleur choix. Je ne supporterai pas de te voir encore dans six mois dans cet état. C'est trop douloureux... "

Pas sans ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant