Chapitre 3

273 20 20
                                    

Un soir, j'étais sorti avec mes amis -Joan et Maël- à une petite fête dans Recanati pour le fun (aussi parce que mes parents se plaignaient que je ne passais pas assez de temps avec les jeunes de mon âge. MAIS IL N'Y A PAS BEAUCOUP DE JEUNES ICI OH).
Je commençais à bien m'amuser, à danser avec Joan, un mojito sans alcool dans la main (parce que mes parents connaissaient les gens qui avaient organisé la fête et les avaient formellement interdit de me faire boire de l'alcool), quand les parents de Jonas-le blondinet vinrent vers moi sur la piste de danse.

- Excusez-nous, Silvio, mais pouvez-vous garder notre fils pendant que nous nous promenons?

Normalement, j'aurais crié :"Are you serious ?! Je suis en train de m'amuser, là!". Mais non. Ils sont très généreux par rapport au pourboire, du coup, j'ai répondu d'un air détaché :

- Mais pas de problème !

Je suis donc allé chercher Jonas qui bullait sur un côté de la piste de danse. Je l'attrapai par un bras et le tirai de force vers mes amis. Je les ai présenté à Blondinet qui semblait plus timide que jamais.
Lorsque la musique devint plus grouvante et que le blondinet restait immobile, je le secouai vivement en criant :"Mais bougeuh toi non!". Joan m'ordonna d'arrêter et Jonas partit en courant dans la nuit.

- Eh bouco del culo, m'insulta Maël, va retrouver ton p'tit Allemand si tu veux pas perdre de sous.

Ce qui m'embêtait le plus, c'était de réellement perdre Jonas dans la ville, parce qu'après 1) Ses parents me tueront 2) Mes parents me tueront. Donc, tout naturellement, j'ai courus à sa poursuite -en claquettes, c'était pas facile, je vous raconte pas. J'ai retrouvé le petit Allemand terré dans un coin près de la Mairie aux pieds de Leopardi. Bien sûr, ce n'était pas le vrai, sinon ce serait un zombie, je parle de la statue, voyons.
Mon instinct paternel (hahaha) est remonté à la surface lorsque j'ai vu que Jonas pleurait : je lui ai gentiment tapoté le bras en espérant qu'il se calme. Il se dégagea vivement.

- Lâche-moi!

De la colère s'empara de moi. J'aurais voulu le prendre par les épaules et le secouer, secouer jusqu'à ce que son cerveau bouge dans son crâne et qu'il fasse un K.O.
Jonas se mit à sangloter et il m'avoua :

- J'ai trop peur en vrai d'être seul pendant ces vacances, ça m'angoisse, je suis nul pour me faire des amis, je ne connais pas la langue, c'est un frein, je vais pas y arriver...

Je battis des paupières : je ne savais pas quoi répondre.

- Ouais mais... moi, je suis ton ami un peu, non?

- Tu parles! rétorqua Blondinet en reniflant bruyamment en m'écoeurant. Tu t'occupes de moi juste pour de l'argent.

Il n'avait pas tort sur ce point-là.
Je laissai mes mains retomber mollement sur mes cuisses. J'annonçai alors à Jonas :

- Chaque été, mes parents organisent une sorte d'apéritif géant pour fêter les vacances. Je t'invite, comme ça tu pourras t'intégrer à Recanati et aussi à ma bande d'ami, ja?

Jonas hocha la tête et quand il me regarda de ses yeux gris, je reçu un coup d'éclair, un coup que je n'avais jamais reçu auparavant : mon souffle se coupa, je sentais mes joues se chauffer et devenir rouges, mon ventre se serra et j'avais grave envie de vomir.
Oulah.

Juste le temps d'un été Où les histoires vivent. Découvrez maintenant