Chapitre 8

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Lorsque nous sommes revenus à la ferme, nous dûmes nous séparer car Jonas allait visiter Austia, une autre ville italienne. Nous étions cachés derrière ma maison, mon petit blondinet enfouissait sa tête dans mon torse tandis que je lui caressais les cheveux. Il se plaignait, disant qu'il n'avait pas envie d'être avec ses parents parce que 1) ils étaient ennuyants 2) ils le faisaient poser pour des photos-souvenirs pour sa grand-mère.

- Tu peux venir avec nous? demanda soudain Jonas.

- Non, répondis-je en embrassant le bout de son nez, Je vais à Rome voir ma famille.

Jonas se décolla de moi et croisa les bras, et fit sa petite moue mécontente. Attendris, je lui dis qu'on pouvait peut-être s'arranger.
Nous partîmes chacun de son côté afin de supplier nos parents respectifs. Malheureusement, nos jérémiades furent vaines et nous ne nous sommes pas vu du reste de la journée.

C'était comme si nos parents s'étaient mis d'accord pour nous séparer : chaque jour, ils avaient prévu des choses différentes, et le soir, nous rentrions exténués, donc aucune escapade possible. Plusieurs semaines passèrent, et avec Jonas, on ne pouvait que s'apercevoir.
Un jour, alors que mes parents s'apprêtaient à sortir pour aller manger chez des amis, les parents de Jonas entrèrent en trombe dans notre maison (sans frapper en plus oh) en criant :"Notre fils! Notre fils a disparu!" Je fronçai les sourcils : ce n'était pas la première fois que Jonas partait sans les prévenir, ils devraient avoir l'habitude, non? Inquiet néanmoins, je montai dans ma chambre pour aller chercher une veste plus chaude pour aller retrouver mon Blondinet, sûrement caché chez le vieux Al où près de la statue de Leopardi.
Lorsque j'allumai la lumière de ma chambre et que j'aperçus un corps assis sur mon lit, je criai de frayeur -un cri pas très viril en plus- : Jonas! C'était Jonas! Il s'était réfugié chez moi, aux nez et aux barbes de nos parents! Je refermai précipitamment la porte et chuchotai théâtralement :

- Mais qu'est-ce que tu fais là ?! Tes parents sont à deux doigts de se suicider pour te retrouver dans l'au-delà !

Jonas vint vers moi.

- Je voulais de voir... répondit-il en se pendant à mon cou.

Je me mordis les lèvres et lui murmurai d'attendre. Je descendis en courant dans les escaliers, respirai un bon coup et entrai dans le salon en geignant :

- Maman... je ne me sens pas bien... je peux rester ici...?

Marla et son mari me regardèrent d'un air dégoûté : qu'est-ce que je jouais bien la comédie ! Ma mère acquiesça à contre-coeur, mais la mère de Jonas me cria dessus :

- Mais mon fils ?! Où est mon fils?! Je sais que tu sais où est mon fils !

La fin de sa phrase se perdit dans des sanglots (longs de l'automne) et s'effondra misérablement sur le canapé, la tête dans ses mains. Ma mère la rassura :

- Ne vous en faites pas, Jonas est grand...

- Il va faire une crise d'asthme ! la coupa Marla.

- Mais non... continua Maman, Il sait se gérer, il a quinze ans tout de même.

Marla renifla et hocha la tête. Son mari lui frotta fort les bras, lui murmura des choses à l'oreille et ils partirent enfin. Mes parents se tournèrent vers moi en soupirant, m'accablèrent de recommandations, prirent leur manteaux et partirent enfin. J'attendis quelques minutes avant de retourner en courant dans ma chambre rejoindre Jonas.

- Tu as été long.

Je tendis les bras vers lui en m'excusant, et tout ce qu'il trouva à faire, c'est de m'envoyer un regard noir qui me transperça. Jonas m'avoua :

- J'ai cru que tu allais me dénoncer à mes parents.

- Mais non. le rassurais-je en avançant vers lui. Ils sont tous partis, on est seuls.

Jonas me jeta un regard enivreur en me caressant le torse. Il dit :

- Seuls, hein?

C'est à ce moment-là où des multitudes de pensées bizarres ont germées dans ma tête. Je m'en trouvais gêné et eu un petit rire nerveux que mon Blondinet décripta immédiatement. Il explosa dans un rire pareil à celui du Petit Prince de St-Exupéry, comme lui seul sait qualifier les rires.

Très niais tout ça.

Jonas et moi étions allongés sur mon lit, côte-à-côte, les épaules collées, je sentais sa chaleur corporelle (à l'époque, c'était le bonheur pour moi). On se murmurait des choses sur nous, histoire de mieux se connaître, Jonas avait enlacé ses doigts avec les miens, il s'amusait à lever nos deux mains en l'air.
Il me demanda soudain :

- Tu m'aimes?

Je me tournai vers lui, rouge : comme à chaque fois, il me prenait au dépourvu.

- Bien sûr que je t'aime. lui répondis-je.

- Redis-le moi. ordonna-t-il.

- Je t'aime.

Il sourit et se leva précipitamment de mon lit. Il alla vers la fenêtre, enjamba le cadre .

- Mais qu'est-ce tu fais?! criais-je, alarmé.

- Il y a une super fête au milieu de la ville, je veux y aller.

- Pas moi. répliquais-je.

Il sourit.

- Qui m'aime me suit.

Juste le temps d'un été Où les histoires vivent. Découvrez maintenant