Un retour victorieux

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L'éclat des tours dorées de la cité éblouissait le roi. Le ciel était si clair sur Asgard. En tête de cortège, Loki s'avança sur le pont arc-en-ciel en tenant l'épée fermement tout contre lui. L'armée atteignit le palais sous les acclamations de la foule qui s'était amassée dans les rues après avoir entendu le fracas du Bifrost qui annonçait le retour des guerriers. Enivré par un tel accueil, Loki fut transporté par l'euphorie. Ses lèvres n'arboraient plus qu'un sourire ravi.

Arrivé aux portes du palais, le dieu distingua une silhouette familière qui l'attendait patiemment en haut des marches. Entourée de quelques suivantes, Sigyn, vêtue d'une robe qui lui seyait tant, se tenait noblement devant lui. Lorsqu'il se présenta à son épouse au regard inquiet, Loki posa un genou à terre et tendit, de ses deux mains, l'épée vers elle.

« Ma reine, je rapporte l'épée de Surtur, fit-il solennellement avant de se relever. Pour le bien d'Asgard ! lança-t-il.

— J'en suis honorée mon roi. Oh, comme vous devez être épuisé ! s'exclama-t-elle en lui prenant le bras pour le serrer contre elle.

— Il faut s'occuper de nos morts et de nos blessés, ordonna Loki au reste de la garde qui avait veillé sur la cité. Tyr, prends-la et mets-la en sûreté dans la salle des reliques  », fit-il en confiant l'épée à son fidèle capitaine.

Le ciel d'Asgard s'assombrissait peu à peu. D'épais nuages blancs recouvraient désormais le bleu azur. Un vent frais s'engouffra dans le palais par la porte qui était grande ouverte alors que le roi suivait sa reine qui le guidait jusqu'à leurs appartements. Maintenant qu'ils n'étaient plus en public, ils pouvaient discuter simplement sans employer un langage pompeux.

« Tu n'es pas blessé au moins ? s'enquit-elle.

— Non.

— J'étais si inquiète ».

Un sourire presque imperceptible gagna les lèvres du dieu. Elle n'avait pas eu tort la dernière fois, la savoir tourmentée à son sujet lui plaisait. Tous les deux entrèrent dans la chambre royale, gardée nuit et jour par des soldats.

« Et comment va ta blessure ? »

Comme souvent, Loki ne prit même la peine de lui répondre.

« Nous devons organiser un banquet pour honorer les guerriers.

— Cela attendra mon chéri. Tu dois te reposer maintenant ».

Sigyn faisait rarement preuve d'autorité mais la situation l'exigeait. Elle avait bien remarqué que son visage blême traduisait une extrême fatigue.

Après avoir refermé la porte de la chambre, la déesse entreprit de retirer l'armure de son époux. Ce dernier avait déjà commencé à la détacher lui-même.

« J'irai quérir Sören, en temps voulu. Elle se chargera d'organiser les préparatifs du banquet. Pour l'heure je vais rester auprès de toi. »

Ce soudain caractère affirmé n'était pas dans ses habitudes mais il lui conférait une prestance souveraine qui n'était en rien pour lui déplaire. Au contraire, Loki en était plus que charmé.

Sigyn lui retira ensuite son haut et lui intima de s'asseoir sur le lit avant de s'en aller vers la salle de bains.

Était-il réellement capable de la rendre heureuse ? Tout ce qu'il touchait, il finissait par le détruire. Et un mauvais pressentiment pesait sur son esprit.

Lorsqu'elle revint, Loki, torse nu et assis au bord du lit, était songeur. La déesse déposa sur le sol un bol d'eau propre avant de s'agenouiller devant lui. Ses yeux étaient rivés sur elle. D'un geste doux, elle retira les bandages qui entouraient le torse de son époux. La blessure s'était refermée et n'était presque plus sensible. Quelques rougeurs étaient apparues sous les bandes de tissu qui n'avaient pas été changées depuis plusieurs jours.

Le Crépuscule d'Asgard (Loki - Tome I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant