C'est comme un souvenir, flou mais bien réel. Douloureux à s'en torturer l'esprit, à se faire sombrer dans la folie, lentement. Si lentement que lorsque l'on s'en rend compte, il est trop tard. Douloureux à en mourir.
Ce n'est pas un souvenir ordinaire. Peut-être est-ce parce que c'est mon dernier souvenir. Peut-être est-ce parce que je ne peux m'en souvenir comme je me souviens du parfum qui embaumait la cuisine quand maman sortait du four son fameux gâteau au chocolat. Je ne m'en souviens pas comme je me souviens de chacune de mes vacances d'été, de la sensation du soleil sur ma peau ou de la glace qui fond sur ma langue.
Je m'en souviens comme si ce n'était pas mon souvenir. Comme s'il ne m'appartenait pas. Comme si c'était une autre personne qui avait vécu ce moment avec mon corps pendant que moi, je plongeais dans une autre dimension. Comme si le temps s'était arrêté. Mais le temps ne s'arrête pas. Ce n'était pas moi. Ce n'était plus moi.
Je me souviens d'avoir sentis un choc, ma tête qui tombe au sol je crois. J'entends quelqu'un qui m'appelle...une fois, deux fois. Un cri. Un bruit de sirène. On me porte, je le sens. Des lumières m'aveuglent. On m'appelle...encore et encore. Je n'arrive pas à répondre mais de toute façon à quoi bon. Je me sens partir. Depuis le temps que j'attends de pouvoir cesser le combat. Baisser les armes et partir vers un monde où j'aurai enfin ma place. Rejoindre les étoiles, j'y pensais depuis tant de temps déjà. Je sens mon cœur faiblir. Il va s'arrêter je le sais. Je ne ferais rien pour l'en empêcher. Et puis de toute façon ma volonté seule ne suffirait pas. Mon corps est épuisé. Ils essayent de me réanimer mais je ne veux pas. Laissez-moi...laissez-moi m'envoler. C'était si bon de se laisser aller. J'étais tellement fatiguée.
Je me souviens de ce sentiment étrange entre peur et plénitude. Hésitais-je encore ? J'étais pourtant si près du but. J'étais attiré par le vide depuis si longtemps. J'avais lutté mais il était temps. Je le savais. Je le voulais. Mais j'avais si peur. Et si... Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais je suis restée. Mon cœur est reparti. Un battement après l'autre.
Tout est calme, excepté ce bip incessant. Je ne sais pas quel jour on est. Je ne sais pas qu'elle heure il est. Je n'ai pas conscience de grand-chose en fait. Mais que ce passe-t-il ? Je suis coincée dans une pièce inconnue. Une chaise est installée à côté d'un lit. Mon corps est allongé sur ce même lit, il ne bouge pas. Il semble simplement endormi mais je suis reliée à des machines. J'ai déjà vu ça dans les films. Il y en a une pour me nourrir je crois, une pour mesurer mon pou et même une pour m'aider à respirer. J'ai compris d'où vient le bip. C'est étrange comme situation. Je peux voir la scène dans laquelle je suis l'actrice principale, mais je ne contrôle rien. Depuis combien de temps suis-je là, inerte ?
J'observe la scène comme si je rêvais. Le rêve va devenir cauchemar... J'ai peur. Peur de ce que je vois, de ce que cela pourrait engendrer. Et si je ne me réveillais jamais ? Qu'adviendrait-il de...
- Emma... Oh, ma chérie.
Ma mère est penchée au-dessus de mon corps. Elle tremble. Elle attend quelque chose mais je ne sais pas quoi. Ses yeux fatigués sont humides et rouges à force de pleurer. Mais elle ne veut pas craquer devant moi. Je le sens. Comme je sens son désarroi, sa peur et sa douleur. Mais maman ne t'inquiète pas. Je suis là près de toi.
Elle sert ma main. J'aimerai pouvoir lui rendre son geste mais mon corps reste comme paralysé. Je ne peux qu'être témoin de la scène. Elle ne prend pas la peine de cacher sa déception. Je crois bien qu'elle n'en a plus la force. Elle s'assoit péniblement sur la chaise installée près de mon lit.
Oh maman, si tu savais...Tu as tant besoin de moi mais je suis incapable de t'entourer de mes bras. Ne t'inquiète pas, je suis là tout va bien se passer. Je serai toujours là. Ne perd pas espoir, le jour où tes yeux se plongeront à nouveau dans les miens arrivera bientôt. Je te le promets.
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Demain sans elle {Terminé}
Teen Fiction"Je me souviens d'avoir essayé un jour de compter les étoiles. C'est une idée folle n'est-ce pas ? Mais je n'étais pas du genre à renoncer pour des barrières que nous impose l'impossible. Rendre possible l'impossible." Deux amies, deux sœurs, une ét...