Ça fait 5 jours. Je n'ai pas pleuré depuis le jour de sa mort. Pas une seule fois. Mes yeux sont secs. Ma gorge est sèche. C'est comme si elle n'était pas vraiment partie. Comme si, elle était simplement en voyage et qu'elle finirait par passer le seuil de ma porte, tout sourire. Alors je la serrerai fort dans mes bras, me perdrai dans la douceur de son parfum et rigolerai avec elle des mimiques du petit machin qui est sorti de son ventre. Mais ça n'arrivera pas n'est-ce pas ?
Je m'avance pas à pas dans l'allée. Le monde se presse autour d'elle dans un silence pesant entrecoupé de sanglots plus ou moins discret. Sa mère se tient près d'elle, recourbée sur elle-même. Elle a pris de l'âge en quelques jours seulement. Elle semble porter la misère du monde sur ses frêles épaules et ses jambes tremble sous ce poids. Elle a dans son regard le même vide que celui qu'on a tous dans le cœur. Des personnes aux faux airs compatissants embrassent la mère dévastée. Peuvent-ils vraiment comprendre. La plupart ne sont que des hypocrites venus pour briser leur routine lassante. Un enterrement...quelle distraction...Aucun n'a bouge le petit doigt quand Emma avait besoin de nous, moi la première. Les regrets m'assaillent et me tordent l'estomac alors que j'arrive face à elle.
Son corps est étendu dans un cercueil en bois sombre. Elle est légèrement maquillée mais son teint reste blanc, sans vie. Le rouge naturel de ses joues a disparu laissant place à tous ces artifices. Elle est habillée d'une robe simple mais élégante, d'un bleu profond. Que cherchaient-ils en la déguisant ainsi ? Il voulait cacher quoi ? La mort qui s'est emparée d'elle ? Mais elle est bien là ; là où avant la vie coulait dans ses veines, là où son cœur battait encore avant. Ses yeux sont clos et tout en elle est immobile. Comme si elle dormait ou qu'elle faisait une simple pause. Une pause qui durera l'éternité.
Je me penche et effleure sa peau. Elle est glaciale. Tout mon corps frissonne à ce contact mais je n'enlève pas ma main. Je lui chuchote à l'oreille simplement :
« Pardon Emma. »
Puis je me tourne vers sa mère, la serre dans mes bras quelques instants. Je la sens s'affaisser et la serre plus fort. Ces derniers temps nous nous sommes beaucoup appuyées l'une sur l'autre.
La douleur vrille mon estomac alors que je rejoins ma place sur un banc de l'église. La cérémonie commence. Quelques personnes de la famille d'Emma viennent étaler leur peine dans un discours qui fait monter les larmes à l'assemblée. Je ne ressens rien. Je suis comme de marbre face à ces paroles jetées dans un air étouffant.
Et puis, est venu mon tour. Je suis montée sur la petite estrade et j'ai approché le micro de mes lèvres. C'est sa mère qui me l'a demandé, de lui adresser les dernières paroles avant qu'elle ne rejoigne la terre. Je regarde les personnes en face de moi, je me racle la gorge et me tourne vers toi, Emma :
« Emma, tu viens d'entendre tous ces gens chantés tes louanges. Ls ont dit quelle personne géniale tu étais, combien tu rayonnais et que tu es partie trop tôt. Ces mots sonnent faux tu ne trouves pas ? Oui, tu étais extraordinaire mais chaque personne l'est aux yeux des gens qui l'aiment. Mais toi et moi on sait la vérité. Tu avais tes défauts, tes peurs, tes angoisses, ton passé et tu aurais dû avoir ton futur. En bref, tu étais humaine. Et en tant qu'humaine, tu jouais à ce jeu auquel on joue tous depuis notre naissance. Un jeu à risque mais dont personne ne sort gagnant finalement. Et ça tu le savais. Alors tu jouais deux fois plus fort. Tu ressentais tout deux fois plus forts. Tu vivais deux fois plus fort. Et tu as fini par perdre. Comme ça arrivera à chacun de nous un jour. Alors on te rejoindra, là-haut dans les étoiles. En attendant, ne nous oublie pas. Je serai forte, nous le serons tous parce que nous, nous continuons de jouer, nous continuons de vivre. »
Je me tourne vers l'assemblé, une larme coule doucement le long de ma joue. Je descends de l'estrade et regarde une dernière fois ma meilleure amie :
« Tu aurais été la meilleure des mères comme tu as été la meilleure des amies. »
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Demain sans elle {Terminé}
Teen Fiction"Je me souviens d'avoir essayé un jour de compter les étoiles. C'est une idée folle n'est-ce pas ? Mais je n'étais pas du genre à renoncer pour des barrières que nous impose l'impossible. Rendre possible l'impossible." Deux amies, deux sœurs, une ét...