Chapitre 1

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Il est facile de tomber dans les pièges de l'amour et difficile de s'en sortir. Moi, John Pierre, je ne me suis jamais imaginé tomber amoureux. Ma vie n'a toujours été qu'un bordel de merde et il n'y avait pas de place pour ce sentiment qui faisait... comment on dit déjà ? Ouais, tourner la tête et qui nous transportait sur des nuages. Ce petit coeur-là que Dieu a pris le temps de me façonner m'est tellement précieux que toute ma vie j'ai essayé d'éviter les filles pour lesquelles je pensais avoir des sentiments. Derrière mes 22 ans, je traîne une vie bourrée de vagabondage et d'insouciance que j'ai parfois honte à raconter aujourd'hui. Si seulement elle savait que c'est pour elle que j'essaie de changer !

Avant, je traînais dans les boîtes de nuit, séchais les cours à l'université pour me retrouver dans les bars, mon verre d'alcool ayant toujours été mon meilleur pote. J'ai aussi couché pleins de filles sans jamais trop m'attacher à elles; parfois dans les clubs ou chez moi , retenant leurs gémissements par un oreiller pour les empêcher d'arriver jusqu'aux oreilles de ma mère, mon premier amour. Malgré toutes ces occupations que je me suis données, mes notes n'ont jamais chuté jusqu'au jour où je l'ai rencontrée, elle...A en croire que celle qui a comblé mon besoin incessant de sexe par un seul regard , au lieu d'être une source de motivation pour moi, m'a fait régresser à force de penser à elle. Ah! l'amour, ce sentiment à nous faire chier! J'ai perdu ma subvention universitaire que me payait une organisation à cause de ça. Ma pauvre mère va devoir travailler des heures supplémentaires pour pouvoir financer mes études et moi, je suis condamné le soir à entendre ses reproches: " Je suis le père et la mère en même temps et voilà que tu laisses les filles t'empêcher de réussir". Je secoue simplement la tête m'empêchant de lui répondre: " Maman, ce ne sont pas les filles. C'est "une"fille ".

Je l’ai vue pour la première fois dans ce club pas trop loin de chez moi. Je ne l’ai jamais vue avant, peut-être qu’elle venait juste d’emmenager dans le quartier ou qu’elle était une nouvelle recrue. Quand je l’ai vue déhancher comme ça devant moi, elle m’a tourné la tête comme si c’était pour la premiere fois que je voyais danser une fille. Il y avait cette chose dans ses yeux que je ne parvenais pas vraiment à décrypter, je ne savais pas si c’était de l’innocence ou de la méfiance. A mesure qu’elle bougeait dans ses sous-vêtements, les billets sortaient de partout et tombaient sur elle. Pendant ce temps, je soutenais son regard qu’elle n’avait jusque-là pas enlevé sur moi. Le show étant fini, elle ramassa à la hâte les billets et s’enfuit dans le couloir. J’ai essayé de suivre sa silhouette qui disparaissait dans la nuit en vain.

Le lendemain soir, j’ai été l’un des premiers clients à penetrer l'enceinte du club. Je fus déçu de ne pas la voir. J’ai continué ainsi pendant plusieurs soirées mais en vain. Fâché, je n’ai plus remis les pieds dans cet endroit qui me parut d’un coup sans vie. Je pense à elle tellement que ça me fait peur. Comment une inconnue peut- elle avoir un tel impact sur moi ? je deviens quasiment fou, je reste cloué sur mon lit à revivre cette éternelle danse dans ma tête. Aucune autre fille ne m’interesse guère, je la veux elle. Combien de fois ai-je essayé de coucher avec des filles pour remplir ce vide qu’elle a creusé en moi mais en vain, ayant l’impression de la tromper ? Et si on dit que l’amour est fou, je suis le premier à le croire pour être dans une telle situation. Son visage est ancré dans ma mémoire, je rêve souvent d’elle. J’ai souvent le sentiment que quelqu’un m’observe dans la rue, que quelqu’un me suit et je me suis alors convaincu qu’elle n’est pas loin. Je prie seulement pour avoir un signe qui m’enverra à elle.

- Il paraît que monsieur ne veut plus sortir avec nous. Il y a une fille derrière ça ? Me demande Jay, mon ami d’enfance.

- Shut ! il y a un prof qui dispense un cours là, lui fais-je remarquer.

Il baisse le ton :

- Est-ce que t’es… malade ?

Je prends mes affaires qui étaient éparpillées sur mon pupitre pour les glisser dans mon sac et quitte la salle, Jay à ma trousse.

- Attends, mec. Où vas-tu comme ça ?

Je ne lui réponds pas, redoublant le pas. Je sors la clé de la moto de ma poche. Le moteur rugit et je démarre en jetant un dernier regard à mon ami pour lui dire de me suivre. Nous nous retrouvons sur une place publique pour parler :

- Tu étais obligé de venir jusqu’ici ? On aurait pu parler à la cafet, se plaint-il en m’offrant une cigarette.

- Non, refusé-je. Je ne peux pas lui faire ça.

- Qui ça ?

Il allume sa cigarette en ne me lâchant pas du regard pour entendre ma réponse.

- Tu promets de ne pas rigoler ?

- Tu me connais, murmure-t-il en prenant un air sérieux qui ne lui ressemble pas du tout.

- Je suis a…amoureux.

- Amoureux ?

- D’une fille.

- D’une fille ?

- Tu peux arrêter de répéter après moi ? m’énervé-je. Je parle sérieusement. J’ai rencontré une fille le mois dernier, enfin pas rencontrer dans le bon sens du terme…En fait, je veux dire… Ok, je t’explique dès le commencement. J’étais à ce club-là, tu sais? Celui qui se trouve tout près de chez moi. Je suis tombé sous le charme d’une fille que j’ai vue danser.

- Tu veux dire une prostituée ?

- Non ! m’exclamé-je. En fait, je ne sais pas. Je ne crois pas qu’elle soit une prostituée, peut-être qu’elle n’était venue que pour…danser.

- Ah bon ?

Jay secoue légèrement la tête de haut en bas pendant que je lui confie ces sentiments que cette fille a fait naitre en moi. Je suis déçu quand je l’ai vu éclater de rire,retenant son ventre de son bras droit alors que la fumée qui sort de sa bouche emplit notre espace. Je lui lance un regard furieux.

- Attends, tu ne croyais quand même pas que je n’allais pas…que je n’allais pas rigoler ? Mon meilleur ami me raconte être tombé amoureux d’une prostituée, d’une fille qu’il ne reverra peut-être plus jamais de sa vie et moi, j’allais rester comme ça ? tu n… tu n’es pas sérieux, John, dit-il essayant vainement de retenir son rire.

- Ce n’est pas une prostituée ! Rétorqué-je calmement. J’ai demandé pour elle au patron mais il ne la connaissait pas non plus.

Il reprend sa mine sérieuse :

- Elle était l’invitée du show alors, qu’est-ce-que tu ne comprends pas? Ce n’est pas une prostituée mais elle était à cette boîte de nuit et dansait moitié nue pour de l’argent ? Parfois, je ne comprends vraiment pas comment ça marche ton cerveau. Mec, c’est bien de tomber amoureux, je te le dis en connaissance de cause mais quand c’est de la mauvaise personne, je te jure que ton cœur ne tiendra pas longtemps… Allez, maintenant reprends-toi. Oublie cette inconnue, prends cette cigarette et retournons à cette vie où les filles sont à nos pieds. J’avoue que tu as terriblement manqué à moi et aux gars. Le John amoureux ne colle pas du tout, conclut-il en ricanant.

- Je t’ai déjà dit que je ne voulais pas de ta cigarette, refusé-je encore. Je me prépare pour quand je vais la rencontrer. Je fais attention à moi désormais, je ne bois plus, je ne fume plus, je ne traîne plus dans les soirées. Je veux être en forme quand je la reverrai.

- Tu deviens fou, John. Elle t’a ensorcelé, la prostituée…

- Va te faire foutre, ragé-je en grimpant la moto. Ne t’hasarde pas a lui manquer de respect en l’appelant comme ça… Emy, c’est le nom que j’ai choisi pour elle.

Je démarre de suite ne lui laissant pas le temps de répliquer. 

Emy, Je Suis Fou De Toi (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant