Chapitre 16

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La nuit n'a pas été longue ou du moins, ma mère m'a réveillé de trop tôt ce matin. D' ailleurs, je n' avais réussi à fermer l'oeil que très tard, bouleversé par tout ce qui s' était passé.

Lorsque nous arrivons devant la maison, ma mère descend m'ouvrir la portière et l' infirmière la rejoint pour m' aider à rentrer. Les femmes aiment trop exagérer. Il est vrai que je n'ai pas encore "complètement récupéré" mais je peux me tenir seul. Enfin, je pense...

Elles me font asseoir sur mon lit et j' avoue que je suis un peu gêné en voyant l' état de ma chambre. Les deux femmes trouvent rapidement de quoi s' occuper: ma mère en rangeant mes vêtements dans le placard et Anna en installant des piles de médicaments et ses matériels médicaux sur ma table de chevet.

- Il faut que je change ton pansement, examine l'infirmière en s' approchant de mon visage.

Elle enlève le pansement qui était collé à mon arcade sourcilière pendant que ma mère disparaît dans la cuisine. Sa délicatesse quand elle nettoie la blessure qui s'y trouve me fait lever les yeux vers elle. J' ai  assez le temps de m'attarder sur ses lèvres fines brunes qui bougent pour me dire de ne pas bouger puis d'analyser tout son visage partant de son nez droit vers ses grands yeux bruns que je trouve charmants.

Je sursaute quand l' alcool touche ma peau.

- Désolée, murmure-t-elle sans se laisser distraire.

Elle applique le deuxième pansement puis s' excuse, sûrement pour aller jeter le coton. Elle revient accompagnée de ma mère munie d'un bol de soupe. Je grimace à la vue de la nourriture avant de me résigner à me laisser nourrir par ma mère. Une fois terminé, Anna me file deux comprimés et je les prends, toujours en râlant.
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- Comme je vous l'ai dit, infirmière,vous occuperez ma chambre. Tout est déjà prêt.  Maintenant, je dois aller me préparer pour le travail, annonce ma mère tristement.

Je voudrais la retenir parce que je sais qu'en revenant, elle me comblera de questions. Mais je ne pourrai pas cacher la vérité pendant longtemps. Je repense à cette adolescente morte par ma faute et mon cerveau ne cesse de me reprocher tous les moyens que j' avais d' éviter cela. Pour une énième fois, le couteau se meut dans ma plaie. Je ne sais pas combien de temps je mettrai à en guérir ou si même j'en guérirai. J' aurais dû m'en aller, hier. J' aurais dû.

Je ne sais pas quand j' ai élevé la voix mais je l'ai fait. Ma mère accourt vers moi, toute paniquée. Elle demande à l'infirmière de nous laisser seuls pendant qu'elle dépose ma tête sur ses genoux.

- C'est de ma faute. C'est de ma faute, répété-je en boucle.

Elle essuie mes larmes de ses mains en essayant de me calmer.

- Shuut! Rien n'est de ta faute. Peu importe ce que c'est.

Elle ne cherche pas à s'enquérir, voulant sans doute me laisser me vider. Elle me tapote le bas du crâne en me dissuadant à chaque fois que je me culpabilise. Comme un enfant qu'on berce, mes yeux se ferment lentement.

***

Quand je me suis réveillé, ma mère n' était plus là. Un mal de crâne me fait appeler après Anna qui vient de suite. Elle me donne un autre comprimé puis me recommande de rester couché.

- Ma mère...commencé-je.

- Elle disait devoir passer au bureau après que vous vous êtes endormi.

- Désolé, dis-je gêné.

-  Ça va. Ça doit être l' effet des médicaments. Vous avez besoin de beaucoup de repos avant de récupérer, m'apprend-t-elle.

Emy, Je Suis Fou De Toi (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant