Emy, Je Suis Fou De Toi (Tome 1)

Chapitre 34

Je le suis jusqu'à la sortie en lui réclamant des explications.

- Elle m'a chargé de simplement remettre la moto, dit-il en se retournant.

- Est-ce qu' elle va bien au moins?

- Oui... En tout cas, j' espère.

Il hèle un taxi qui passait par là et y monte, me laissant planté dehors comme un imbécile. Quand je me retourne, ma mère est debout  les bras croisés tout aussi confuse que moi. Elle hoche la tête comme pour me dire que je fais bien d'y aller quand je fais démarrer la moto.

Arrivé devant chez elle, je me stationne et descends tout en réfléchissant à comment je vais rentrer chez elle. Je prie que, lorsque je frappe,  ce soit elle qui vienne m' ouvrir. Quand je m' apprête à frapper, un bruit derrière moi m' arrête dans mon mouvement et je me retourne. Emy vient de laisser tomber par terre quelques sacs qu'elle portait et prend le chemin inverse pour aller je ne sais où.

- Attends, crié-je.

Elle ne m' écoute pas. Je cours donc après elle et la rattrape. Elle essaie de se débattre quand je la prends sur mes épaules pour l' amener à un endroit plus discret.

- Ne me touche pas, me menace-t-elle.

Je prenais sa mise en garde comme une caprice mais quand je l' entends sangloter en me suppliant de ne pas la toucher, j'ai dû m' arrêter sous un manguier où je n' aperçois personne et la dépose par terre. Elle essaie de garder une certaine distance avec moi.

- Il s'est passé quoi pour que tu m' envoies la motocyclette? Demandé-je en m' approchant d'elle.

Elle recule.

- Est-ce que tu as peur de moi?

Ma voix sonne à peine, craignant que j'ai raison. Elle hoche la tête. Je m' arrête, confus, essayant de mettre le p'tit doigt sur ce qui a pu se passer entre nous pour en arriver là.

Elle croise ses bras et soutenant mon regard, elle lâche:

- J'ai revu Julie.

J'avale ma salive difficilement.

- Et? Fais-je l'air de rien.

- Ne fais pas semblant de ne pas comprendre, lâche-t-elle avec toute la haine du monde.

Ses paumes sont plaquées sur mon torse en me tapant. Ses petits coups ne me font bouger d'un poil. J' essaie de lui prendre les mains pour la calmer mais elle s' écarte encore de moi.

- Je te prenais pour quelqu'un de bien, crache-t-elle. Je me disais que tu es différent, que tu peux être une bonne personne même quand tu es un homme. En voyant comment tu te conduisais avec moi, je me suis dite " Oh! En voilà un qui vient démentir le dicton que tous les hommes sont les mêmes". Je t'ai presque pris pour le Bon Dieu, John. Mais au final, tu es comme...

- Ne dis pas ce que tu vas dire, je la supplie alors que j' essaie de ne pas paniquer. Ne le dis pas.

Elle me regarde de la tête aux pieds, l'air méprisant avant de se prononcer:

- Tu es comme mon père.

Une phrase. Juste une pour que je m'en rende compte du con que je suis. L' entendre me comparer à un tel homme c'est comme me poignarder le coeur. J'ai pourtant travaillé sur moi depuis le jour où je l'ai connue.

- Tu ne connais pas toute l'histoire, osé-je me défendre malgré la boule qui se forme dans ma gorge. Tu n'as pas entendu ma version.

- Mais quelle version, John? Toi et ton ami aviez forcé cette fille à faire un plan à trois avec vous deux pour l' humilier. C'est du viol collectif. Vous méritez de pourrir en prison pour cela.