Chapitre 29

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Depuis cinq bonnes minutes, je suis assis sur le lit à attendre Emy qui ne sort toujours pas de la salle-de-bain. Pourquoi les femmes doivent toujours tarder dans tout ce qu'elles font? Après cette dernière pensée, les lumières de la chambre s' éteignent me plongeant dans le noir. Je ne bouge pas, le coeur battant. Une musique douce s'ensuit attisant le suspens encore plus. N' en pouvant plus, j'allume la lampe de nuit. J' aperçois petit à petit la silhouette d' Emy qui s' avance en face de moi, une main sur la hanche. Elle fait une pirouette sur elle-même et j' admire comment la nuisette épouse parfaitement ses rondeurs. Le rouge lui va tellement bien!

Elle s' arrête à quelques centimètres du lit en gardant la tête haute telle une reine, les épaules en arrière et sa poitrine généreuse en avant. Puis elle accroche son regard au mien, passe lentement sa langue sur sa lèvre supérieure puis se penche en avant comme si elle ramassait quelque chose par terre. Elle me fait un clin d' oeil en se relevant avant de se remettre à bouger lentement sur le rythme de la musique. Elle se retourne et me regarde par dessus son épaule, la bouche entrouverte continuant à me faire sa chorégraphie. Ses belles lèvres ne donnent envie qu'à être dévorées.

Qu'elle peut être sexy!

Elle se remet face à moi en posant un pied sur le matelas, juste entre mes cuisses, me dévoilant ainsi sa jambe longue fine. Elle a son index entre ses dents alors qu' elle me fusille du regard. Mon Dieu, je n' en peux plus. Je dépose vite fait un oreiller sur le devant de mon pantalon. Elle sourit, fière de l' effet qu'elle me fait.

Telle une chatte agile, elle s' avance plus près de moi avec ses genoux posés sur le lit et ses mains tout aussi plaquées dessus. Je me mets aussi sur mes genoux, déboutonnant ma chemise presqu'à en arracher les boutons. La musique s'arrête faisant planer le silence autour de nous, dérangé seulement par le bruit de nos langues qui s'entremêlent avec une telle fougue que je ne saurais l' expliquer. Elle me pousse doucement sur le dos, prenant ainsi le dessus. Mes mains s'attachent aussitôt à ses fesses avec une telle pression qu'on aurait dit que je voulais y laisser mon empreinte. Elle se laisse renverser sur le côté alors que j' exalte tout son corps de mes baisers: c'est tout ce dont je peux lui offrir en retour pour avoir rendu réel ce fantasme que je nourris depuis si longtemps.

- S'il arrive qu'un jour tu oublies mon anniversaire, je te tue, me menace-t-elle en riant.

Je m' écroule sur elle, posant ma tête sur son épaule dénudé.

- Je t'aime, je t'aime, lui répété-je plusieurs fois.

Elle ne répond pas, voulant sûrement se laisser bercer par ces mots dont je ne me lasserai jamais de lui dire.

***

On est lundi. Une nouvelle semaine de travail débute. Après avoir déjà accueilli deux de mes patients, je profite du temps qu'un autre arrive pour dresser officiellement le rapport d' Emy. J' aurais dû le faire avant vu que les séances ont pris faim longtemps déjà. Elle va bien maintenant, j'en suis convaincu. Pour être devenu plus proche d'elle, j'ai pu constater comment cette fille brisée que j'ai connue a su se transformer en une femme forte. Ses démons ne la hantent plus, ses cauchemars ont cessé d'après ce qu'elle m' a dit. N'importe qui peut voir désormais son envie de vivre juste en la regardant dans les yeux. Elle est heureuse, elle essaie même de partager sa joie avec les autres. Quand je vais chez elle, je la trouve plusieurs fois en train de jouer avec sa petite soeur: chose qu'elle ne faisait pas avant. De plus, un dimanche que j' étais passé la voir, je l'ai vue en train d' aider sa mère en cuisine: leur relation s'est améliorée.

Sur une feuille blanche, je griffonne
quelques lignes. Après, je glisse la page dans son dossier où j' écris d'un feutre " CONFIDENTIEL". Je tape sur l' ordinateur une autre feuille que je pense remettre au chef du cabinet dans laquelle je rapporte que le dossier de Valen Thomas est finalement classé. Je n'ai pas à donner plus de détails à cause du secret professionnel. Je quitte donc mon bureau après l' avoir imprimée et la remets au secrétaire qui se chargera de l' acheminer jusqu'à M. Carl.

Revenu à mon bureau, je vois à ma montre que mon patient est en retard de cinq minutes. J'espère qu'il ne me fera pas trop attendre. La seconde qui suit, mon téléphone vibre et je le tire de mes poches.

- Je viens d' avoir la mère de Valen au téléphone. Dis-moi que ce qu'elle vient de me dire est faux.

La voix de ma mère est inquiète. Elle respire à peine en parlant.

- De quoi elle t' a parlé?

Je me doute de la réponse, n'empêche que je lui pose la question.

- Elle dit que tu as profité de sa fille et qu'elle compte porter plainte, lâche ma mère furieuse.

Je n'en reviens pas. Pourquoi elle fait ça? Au moment où sa fille va mieux en plus?

- A cause de toi, Valen ne dort presque plus chez elle. Bon sang, John, il y a le bac qui approche. Tu devais juste aider cette fille...

- Laisse-moi t' expliquer, maman, essayé-je de la calmer.

- M'expliquer quoi, hein? S' emporte-t-elle. Que c'est fort entre vous? Que vous vous aimez? En tant que psy, tu devrais savoir que dans certains cas les patients finissent par éprouver des sentiments pour leurs psys. Tu en as juste profité.

- Tu ne sais pas ce que tu dis.

- On prend son argent et la patiente avec, c'est ça?... Ça fait plus que 15 ans que je travaille au cabinet, j'ai profité de ma relation avec le chef pour que tu puisses venir travailler ici le temps que tu ailles faire tes études supérieures. Maintenant qu'on va apprendre une telle chose, comment est-ce qu'on va me voir? As-tu pensé à moi au moins? Si elle porte plainte...

Je ne prends pas au sérieux les mots de Mme Thomas. Elle a appelé ma mère parce qu'elle croit que c'est la seule personne qui puisse m' empêcher de voir sa fille.

- Elle ne va rien faire dutout, la rassuré-je calmement. Si tu t' inquiètes de ta réputation, je ne la gâcherai pas. Si tu veux, je laisse le boulot aujourd'hui même.

- Je... je n'ai pas dit ça, bégaye-t-elle inquiète.

- Je suis amoureux d'elle, maman, je me défends.

- Toi amoureux? Tu parles. Je te connais plus que n' importe qui. Dans seulement quelques mois son coeur sera ajouté aux rangs des coeurs brisés.

- Je t'ai dit que j'ai changé. Tu n'as pas à me juger comme ça.

Sans me rendre compte, j'ai élevé la voix sur elle.

- D'abord, tu baisses d'un ton et tu m' écoutes, m'indique-t-elle. Je parle ainsi parce que je connais Valen. Cette fille est brisée en elle-même, tu viens, tu lui donnes de l'espoir, elle s' y accroche. Et après que tu t'en serais allé, hein? Tu as pensé à ça ou pas encore? A comment sa chute pourrait être mortelle?

- Arrête, maman. Je ne l' abandonnerai jamais.

- Il vaudrait mieux pour toi parce que pour elle, tu es comme son sauveur. J'essaie de te dire qu'une fois qu'elle s' accroche à toi, si tu t'en vas, elle va sombrer de nouveau. Sa petite bulle éclatera d'un coup, elle se réveillera de son rêve. Tu ne seras pas là pour l' aider à se relever, non. Assure-toi juste que tu lui trouves une raison de continuer à vivre autre que toi.

Les paroles de ma mère me poignardent le coeur. Je sais qu'elle a un peu raison et c'est pour ça que je n' arrive toujours pas à avertir Emy de mon voyage prévu pour le mois d' Août. Je ne pourrai pas supporter qu'elle rechute et ce, par ma faute. J'invente une excuse à ma mère lui disant qu'un patient est là pour raccroche. Ce dernier vient de m' envoyer un SMS où il me motive pourtant son absence. Je soupire et me laisse tomber sur la chaise.

Toute cette joie qui habite Emy en ces jours, je ne voudrais pas la voir disparaître. Elle s'est complètement remise de sa dépression, je ne veux pas croire qu'elle pourrait y retomber. Quand le moment sera venu, je lui dirai tout et elle sera d' accord pour m' attendre.

Emy, Je Suis Fou De Toi (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant