Backstage ∾ 5sos

1 - L'erreur

Vendredi, 10 heures. Je décide enfin d'émerger de mon sommeil. Les grasses matinées m'avaient sérieusement manqué cette année. Avec les cours et les petits jobs à droite et à gauche je n'ai même plus de temps pour me reposer. C'est dur de réussir à se payer les études lorsqu'on n'a pas de soutien de ses parents, alors j'essaie d'enchaîner des petits boulots comme serveuse dans le restaurant du coin ou bien vendeuse au magasin de jeux-vidéo - c'est d'ailleurs mon travail actuel enfin, était, car j'ai été renvoyée hier. Génial. J'étais "trop jeune" selon eux. Peu de gens acceptent d'engager des adolescentes de dix-sept ans à Sydney, alors que des centaines d'adultes qualifiés viennent des quatre coins du monde pour travailler ici. De toute manière ma mère m'a bien fait comprendre que je ramerai une fois à Sydney, mais je ne l'ai pas écoutée et je suis quand même partie. Bien qu'elle l'ait très mal prit, j'avais besoin de tout recommencer, quitter ma petite ville et avoir une vie meilleure. J'espère qu'un jour elle le comprendra.

Lorsque je vois l'heure je décide quand même de me préparer, bien que je n'aie aucun projet précis pour ma journée de libre. Je choisis de mettre des shorts, un simple t-shirt noir et une chemise à carreaux que j'attache consciencieusement autour de ma taille.

Une fois habillée, je coiffe mes cheveux bruns virant un peu sur le châtain. Je décide de les attacher, grognant silencieusement en me répétant qu'il faut absolument que je les coupe, la longueur m'étant devenue insupportable. J'y noue un bandana rouge, mon préféré, dont je fais attention à ce qu'il soit bien attaché. Je me maquille rapidement avec un léger trait d'eyeliner et du mascara pour faire un minimum ressortir mes yeux gris. On me dit souvent que j'ai les mêmes yeux que ma mère. On m'a souvent critiquée à cause de ça, comme si la couleur des yeux de quelqu'un changeait quelque chose dans son comportement. On m'a aussi souvent dit que j'ai les mêmes yeux que ma mère et ça m'a toujours rendue fière de savoir que je portais en moi une trace concrète de son ADN. Je me demande si elle est fière de moi elle aussi. J'aurais aimé être à ses côtés en ce moment mais bon, je ne peux pas réussir ma vie en restant dans ce vieux village perdu à l'autre bout du pays.

*

Alors que je prépare mon déjeuner je découvre un post-it laissé par Tessa -ma coloc et également meilleure amie- qui dit «appelle-moi quand tu auras décidé d'arrêter d'hiberner en plein été» Je note l'humour. Ce n'est pas ma faute si j'aime dormir. Je la plains d'être en cours en ce moment, j'ai préféré choisir un programme ou les cours n'étaient que de trois jours par semaine, ce qu'elle n'a évidemment pas fait. Elle adore les cours et elle adore travailler. Cette fille est folle. Néanmoins je décide quand même de l'appeler, espérant ne pas la déranger en plein travail:
-Oui?

-Tess c'est moi.

-Je ne vois du tout qui vous êtes.

-Tu as même mis mon numéro en favori, bien essayé. Pourquoi tu voulais que je t'appelle?

-Tu marques un point sur ce coup là. Je voulais déjà être sûre que tu ne t'étais pas étouffée dans tes couvertures pendant la nuit, et je voulais aussi t'informer que, à mon plus grand regret, mon cours suivant et le dernier, ce qui me laisse la journée de libre. On pourrait faire un tour au centre ville, qu'est-ce que tu en dis?

-J'en dis que c'est une idée brillante mademoiselle Johnson! On habite à Sydney et on n'a même pas encore tout visité, ce serait l'occasion parfaite.

-Super, je serai à l'apart' d'ici deux heures environ, oh et ne m'appelle plus jamais mademoiselle Johnson ou je déménage.

-Compris mademoiselle Johnson.

Je pourrais parier qu'elle vient de pousser un soupir, dommage que j'aie raccroché juste avant.

Je mange rapidement mes tartines, assise sur le canapé, zappant toutes les chaînes à la télé. Il ne passe décidément rien d'intéressant le matin. Je m'arrête sur une émission en particulier. Ils parlent de ce groupe, 5 seconds de je ne sais plus quoi. Tout le monde en parle en ce moment, et je me sens un peu stupide lorsqu'il y a une conversation sur tout ces nouveaux "groupes". Ce n'est pas ma faute si j'aime les vieux groupes de rock, avec des chanteurs bien trop vieux pour pouvoir encore monter sur scène. Je décide quand même de regarder cette émission - sûrement une sorte de documentaire- pour me mettre à jour côté tendances musicales de toute manière j'ai du temps à tuer.
Plus j'avance dans le programme plus je découvre que ce n'est pas un documentaire mais un reportage sur tous les dérapages de ce chanteur, Luke Hemmings. Alcool, filles, soirées et J'en passe. Je ne sais pas si tous ce qu'ils prétendent sur lui est vrai, mais en tout cas, la presse n'est visiblement pas son amie. A ce rythme là son groupe fonce tout droit dans le mur.