Chapitre 21

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Le lendemain je ne bêchais pas nom plus. J'avais passé la matinée à ne rien faire. En fait, si, j'avais fait quelque chose. J'avais pensé. Pour la première fois, il me semblait. Ou peut-être pas... C'était en tout cas, et j'en étais sûr, la première fois que je pensais à penser.

Pendant des heures, je réfléchissais, torturais mes méninges sur les sujets les plus épineux : l'amour, la justice, la conduite de la vie, ... tout y passait. J'écrivais tout ça. J'avais obtenu des tonnes de papiers horriblement gribouillés. Des paragraphes écrits si vite qu'ils en devenaient illisibles, des schémas plus bancals les uns que les autres,... Ma si belle écriture n'était apparue sur aucunes de ces feuilles. J'avais utilisé presque tout mon stock. Des exemples me venaient à l'esprit. Je voulais les écrire, tous... Je voulais partager mes idées. Je voulais écrire. J'avais toujours voulu être écrivain, mais pour la première fois je voulais écrire.

Deux choses me tirèrent de mes pensées. La faim, d'abord. Elle n'avait pas suffi à me faire quitter mon occupation, mais avait quelque peu tarit le flot de mes idées. Ce sont les hurlements de la foule qui me firent définitivement abandonner mes projets. Dehors, les villageois descendaient la rue comme un troupeau de taureaux. Je ne savais pas quel vacher les guidait. Je les exhortais à se taire. Ça n'eut aucun effet. Je décidais donc de les suivre. J'espérais trouver un moyen d'endiguer ce flux massif de désagrément.

La harde s'arrêta finalement devant une maison que je connaissais bien. Celle de Thompson. J'aurais dû m'y attendre. Après les derniers évènements, la colère des habitants avait quitté le maire pour se diriger vers leur élu. La culpabilité monta en moi accompagnée d'une violente nausée. Je courrai pour prendre la tête du groupe. Je devais les raisonner. Faire de Thompson leur élu avait été mon idée. Je ne pouvais pas le laisser dans ce pétrin.

- Mes amis ! Ecoutez-moi ! Vous faites erreur ! Thomson n'est pas...

Ma phrase se perdit dans le coup de poing que je reçu. Un fermier furieux me hurla dessus.

- Dégage Marlot. C'est toi qui l'as placé là, c'est ta faute aussi ! Estime-toi chanceux qu'on ne te réserve pas le même sort !

Ils forcèrent le passage, arrachèrent la porte. Je fermai les yeux. Je ne voulais pas les voir emportant mon ami avec eux. Ils auraient été capables de le brûler vif.

Je ne rouvris les paupières que lorsque deux mains agrippèrent mon col pour me soulever.

- Il est où ? Réponds-moi, Marlot, ou tu vas le payer ! Il est où ?

Aucune idée ne me vint en tête. Je souris bêtement, heureux de voir leurs plans contrecarrés.

- Tu le sais, hein ? Et tu sais aussi que je pourrais danser la gigue autour de ton pauvre petit cadavre. Alors réponds !

Toujours souriant, je lui répondis calmement :

- J'en sais rien.

Il ne voulu pas me croire. Il se mit à me frapper. Avec ses poings d'abord. Je reçu un gros coup dans l'estomac. La bile me monta aux lèvres. La douleur était terrible. Un deuxième atterrit sur mon visage. Ma joue gonfla automatiquement. J'ignorais dans quel état était mon os. Un troisième toucha mon flanc et je tombais à terre. Il se mit à me donner des coups de pieds. Je sentais tout mon corps souffrir. Je ne bougeais pas, tétanisé. J'avais peur, sans doute. Mais je voyais surtout que je ne pouvais rien faire. J'attendais, patiemment, qu'il cesse. L'hôpital. Pendant qu'il me battait, je su où était Thompson. Evidemment, il avait dû rejoindre Levinson à l'infirmerie. J'espérais qu'ils perdent suffisamment de temps avec moi pour qu'il ait le temps de se mettre à l'abri.



Je ne sais pas si c'est dû à ma dernière lecture qui se passe pendant la guerre de Troie, mais j'avais visiblement des envies de sang aujourd'hui...

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