Chapitre 23

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Vous aimez les histoires gaies, pleines d'espoir et qui se finissent bien ? Pour mon dernier chapitre je me suis dit que ce serait bien de finir sur une touche agréable... Mais bon, ça serait d'un ennui... mortel ;)


Je couru sans m'arrêter pendant trois kilomètres. Il ne m'en restait plus que deux pour rejoindre l'hôpital lorsque quelqu'un me héla. La figure de Cliff mourant ne quittait pas mon esprit. Je ne voulais plus voir les autres villageois. Je ne voulais pas leur parler. Je savais que je resterais difficilement maître de moi-même si l'un d'eux tentait de faire le malin avec moi.

-Monsieur Marlot !

La voix venait du chemin devant moi. Mes yeux étaient pleins de larmes, je discerner à peine des ombres colorées devant moi. En me les séchant d'un coup de manche, j'aperçu celui qui tentait d'attirer mon attention. C'était le médecin. Je m'arrêtai en arrivant à sa hauteur. Il ne sortait que rarement du quartier où il y avait l'infirmerie. Il ne se mélangeait jamais aux autres habitants, il ne m'attaquerait donc pas.

- Monsieur Marlot ! C'est monsieur Levinson, il est mort ce matin.

Levinson. Mon souffle se coupa. Cela faisait plusieurs semaines qu'il était à l'hôpital, mais je ne pensais pas qu'il pouvait mourir. Pas ce jour-là. Mon cerveau ne daignait plus envoyer quelque message que ce soit au reste de mon corps. Je restai figé devant l'homme de sciences.

- Monsieur Thompson m'a envoyé vous prévenir. Il avait l'air très étrange... Il est parti en courant lorsqu'il a vu ...

Thompson ! L'espace d'un instant je l'avais oublié ! J'attrapai le médecin par les épaules et le secouai.

- Où est-il parti ? Où est-il parti ?

Le pauvre homme était complétement effrayé. Je m'en fichai. Il fallait qu'il me réponde.

- Je... je crois l'avoir vu partir vers ... le Rocher.

A l'extrémité est du camp, une petite montagne de pierre s'érigeait au milieu de la plaine. On la surnommait « le Rocher ». Je lâchai brusquement le médecin qui manqua de tomber à la renverse avant de me remettre à courir. Au bout de cinq cents mètres j'attrapais un point de côté. Je continuais.

J'arrivais au pied de la falaise en quelques minutes. J'étais à bout de souffle. Sans prendre le temps de retrouver ma respiration, je commençai à grimper. Une main, puis l'autre. Je n'étais pas habitué à un tel exercice. Mes bras me brûlèrent rapidement. Mes doigts se couvrirent de sang. Il fallait que j'arrive rapidement en haut.

Lorsque ma main toucha finalement le rebord de la falaise, un immense soulagement s'empara de moi. Je me hissai à la force de mon espoir.

Il était là. Thompson. Au bord de la falaise. Il regardait en bas. J'étais arrivé à temps. Je l'appelais. Il ne bougeait pas. Je m'approchais de lui.

- Thompson, s'il-te-plaît.

- Qu'est-ce que tu me veux ?

- Viens, on va discuter un peu.

La voix de Marlot était rassurante. Il pouvait encore y arriver. Il n'était pas trop tard. Au moins un, il devait en sauver au moins un.

- Qu'est-ce que tu veux y faire Marlot ? C'est fini. Levinson est mort. A cause de moi. Je n'ai pas su aider les autres.

- C'est faux ! Tu as fait...

Thomson le fit taire d'un regard.

- C'est absurde. On n'aurait jamais dû arriver ici. Aucun d'entre nous. J'aurais dû continuer à travailler à la boutique, Levinson à peindre, toi à... à boire, conclu-t-il avec un air de dégoût. Maintenant il est mort. Beaucoup d'autres le sont et d'autres le seront ! par ma faute.

- Ce n'est pas de ta faute. Tu n'aurais pas pu faire mieux, Thompson.

- Arrête Marlot ! Tu n'es pas responsable de la mort de ton meilleur ami ! Comment pourrais-tu comprendre ?

Marlot ne répondit rien.

- De toute façon si les autres me retrouvent, ils me feront la peau. Autant faire ça rapidement.

Il prit son élan et sauta par-dessus la falaise. Marlot se précipita. Il manqua de basculer en avant. Il tendit les bras pour essayer de le rattraper. Aussi loin qu'il pouvait. Il hurla. Thompson aussi. Le corps toucha le sol. Il avait échoué.

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