Chapitre 16

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De façon évidente, après son superbe discours qui m'avait gentiment tourné en ridicule, Thompson avait été choisi. S'il avait peu d'amis proches dans le village, il avait également peu d'ennemis. Cela avait joué en sa faveur.

La semaine qui suivit, il prit note de toutes les doléances des habitants et tenta de résumer les plus importantes. D'un autre côté, nous connaissions tous le même problème : la faim. Il ajouta également le manque de médicaments et le manque de matériel agricole.

Le lundi matin, il était enfin prêt à rencontrer les autorités. Il avait revêtu sa plus belle chemise, pris son carnet de notes. Et il était diablement stressé.

En sortant de chez lui, il se rendit compte que tous les villageois, ou presque, étaient venus l'encourager. De quoi le faire encore plus s'inquiéter. Il ne voulait pas décevoir ces gens qui avaient confiance en plus. Je tentais de le rassurer autant que possible. Si le maire refusait, on reviendrait juste à notre point de départ.

Le chemin entre la cabane de Thompson et la mairie n'avait jamais paru aussi long. Son escorte avait décidé de se faire entendre des autorités depuis la rue. Ils hurlaient tous une cacophonie de slogans indistincts qui devaient convaincre le maire de leurs donner davantage à manger. Sans les émettre à haute voix, j'avais quelques doutes sur l'efficacité du processus. Je supposais que le bruit le ferait lever les yeux de son bureau. Une fois arrivés devant le bâtiment, la clameur ne faisait que s'amplifier. Thompson entra. Je le suivais avec Milton, le villageois bagarreur. L'émissaire avait trouvé que le symbole serait à même de calmer les esprits. Je ne sais pas si nous devions être ses gardes du corps, ses sbires ou ses conseillers, mais nous restâmes avec lui jusque devant le bureau du maire. Il avait demandé une audience.

Nous attendîmes longtemps et en silence devant ce bureau. L'homme qui nous avait ouvert le bâtiment disait que le travail de manquait pas dans l'administration. Il semblait tout ignorer du travail d'un champ.

La porte s'ouvrit finalement sur un grand homme vigoureux bien mieux habillé que je ne l'avais été de ma vie. Son visage était sérieux mais se voulait compatissant. Sa voix était chaleureuse. Il avait un superbe port et un charisme impressionnant. Si j'avais été étonné de l'éloquence de Thompson, ce n'était rien face à celle de cet homme. Rien qu'en indiquant à mon ami qu'il pouvait entrer, il avait mieux parlé que je ne le ferais jamais dans toute ma vie.

L'entretient dura longtemps. Plusieurs heures. Milton et moi faisions les cent pas devant la porte, en essayant de s'éviter autant que possible. Nous ne tenions pas à nous battre de nouveau, néanmoins nos esprits étaient échauffés. Nous cherchions à entendre les voix de l'émissaire et du magistrat au travers de la porte, cependant il semblait que les hommes qui avaient bâti la mairie étaient véritablement capable de bâtir quelque chose. Même Bertrand n'aurait pas su isoler ainsi une pièce.

Le soleil commençait à se coucher lorsque Thompson passa la tête dans l'embrasure de la porte.

- Sortez avec les autres, nous allons faire un discours !

Nous nous précipitâmes vers la sortie. Les cris, qui n'avaient pas faibli de toute l'après-midi se calmèrent légèrement en nous voyant sortir, et se turent lorsque le petit épicier apparu à la fenêtre à côté du grand fonctionnaire. Ils avaient trouvé un terrain d'entente. La colère de la foule s'apaisa.

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