Chapitre 10

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Thomas, assis sur l'appui de fenêtre du motel quelque peu précaire qu'Oliver avait déniché, n'avait pas été très communicatif depuis qu'ils avaient quitté la voiture précédente, celle qu'ils avaient délaissée un peu plus tôt et dont une partie du toit était béante, pareille à la blessure mortelle infligée à un animal. Il n'arrêtait pas de se remémorer la terreur qui l'avait envahi une fois l'adrénaline retombée. Le pire était qu'il ne s'était rendu compte de son état de crispation que lorsqu'il fut obligé de lâcher le volant, une fois garé. Oliver était alors toujours pressé contre la paroi et, lui-même assis sur la ceinture de sécurité du satyre, l'adolescent ne pouvait se libérer, même une fois la portière ouverte.

Il aurait volontiers laissé Oliver seul sur son siège, mais il lui avait semblé nécessaire de rassembler ses dernières forces afin de commander à ses mains de ne plus tenir la roue de direction. Lorsqu'il y était finalement parvenu, il s'était aperçut qu'il frémissait. Pas seulement ses mains, non. Son corps entier était pris de tremblements nerveux. Sa jambe blessée l'avait élancé, lorsqu'il s'était enfin glissé sur le siège passager pour sortir à son tour, et avait baissé le siège pour que Juliette puisse le suivre. Il avait alors serré les dents pour ne rien laisser paraître, à peu près certain qu'il ne s'agissait pas du bon moment pour en informer ses compagnons de route.

À sa plus grande surprise, l'adolescente n'avait émis aucun reproche vis-à-vis du temps qu'il avait mis à se souvenir qu'il devait la libérer de la banquette arrière. Elle était pâle et ses cheveux roux étaient complètement ébouriffés par le vent qui s'était engouffré par la déchirure du toit. Une fois son amie hors de la voiture, le jeune homme s'était penché sur sa jambe valide afin de ramasser l'épée d'Oliver, qui avait attendu à ses pieds pendant tout le trajet. Il avait également cherché les mots pour rassurer Juliette, mais il n'était pas parvenu à trouver ceux revêtant une juste consonnance. Peut-être que, pour une fois, il devait réussir à s'aider lui-même avant de porter secours aux autres.

Leur protecteur les avait pressés afin de trouver une autre voiture et, une fois installés, il avait décidé que du repos était nécessaire. Juliette avait vaguement protesté, lui rappelant qu'il ne voulait pas s'arrêter lorsqu'il les avait trouvés dans le train. Thomas, lui, était bien trop las que pour demander des explications ou le contredire. C'était de cette façon qu'ils s'étaient retrouvés dans ce motel miteux, à l'allure aussi négligée que ce qu'il était réellement, à trois dans une chambre de deux avec une salle de bain dont le rideau de douche semblait aussi fin que de la dentelle et aussi sale qu'un bavoir de bébé. Enfin, au moins, ils avaient une salle de bain, luxe sur lequel aucun d'eux n'aurait parié dans un lieu aussi délabré.

Oliver était celui qui s'était chargé d'aller demander une chambre à l'accueil, non seulement parce que le risque que les deux adolescents soient reconnus était trop grand, mais aussi parce que leurs deux pulls étaient toujours tachés du sang de Thomas, et que personne ne pouvait ignorer ce détail sur le vêtement gris de ce dernier.

Le jeune homme soupira, dessinant un petit nuage de buée sur la fenêtre qui, d'ailleurs, aurait eu besoin d'un bon nettoyage, elle aussi. Au moins, la chambre semblait plutôt propre, bien que minuscule. Les deux lits, de part et d'autre de la fenêtre, étaient perpendiculaires au mur et une seule table de chevet, munie elle-même d'une petite lampe sur pied, se tenait entre les deux couchages. Une commode d'un bois différent de celui des autres meubles s'étendait à côté de la porte de la salle de bain, prête à accueillir des habits propres et pliés. Aucun des trois amis ne possédait d'affaire de rechange, mais dans le cas contraire, ils n'auraient probablement pas pris le risque d'ouvrir un tiroir de peur de ce qu'ils y auraient découvert.

Pour un semblant de sécurité, ils s'étaient un peu éloignés de l'autoroute, mais Thomas commençait à se demander dans quel but. Que ce soit sur la chaussée, dans le train ou ailleurs, cette créature qui les poursuivait semblait toujours les retrouver. On ne va pas le laisser gagner, avait dit Juliette, remarquant l'abattement soudain de son ami. Il faut continuer à avancer, peu importe ce qui arrive. C'était aussi ce que Mona lui avait dit, il y a trop longtemps. Il faudra avancer. Quoi qu'il arrive. Promets-le-moi, Tommy. Et il avait promis, bien évidemment. Il a toujours été incapable de résister à sa petite sœur.

Journey To Camp Half-Blood [Percy Jackson FanFic] [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant