Chapitre 8

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Trempé jusqu'aux os et l'air inquiet, Oliver marchait, les yeux plissés sous sa casquette et les pouces glissés sous les lanières de son sac à dos. Sans comprendre exactement sa propre réaction, Juliette resta plantée devant la fenêtre et le dévisagea, comme si elle observait un rêve dont elle ne pouvait se réveiller. Elle entendit des pas se rapprocher d'elle et comprit que Thomas avait déjà commencé à s'éloigner avant de faire demi-tour en s'apercevant que son amie ne le suivait pas.

-Juju, qu'est-ce que tu fais ? demanda le jeune homme en attrapant son poignet. Il faut qu'on le rejoigne !

L'adolescente hocha vaguement la tête et attrapa les sachets contenant les viennoiseries de sa main libre avant de suivre Thomas, toujours agrippé à son articulation, comme pour s'assurer qu'elle n'allait pas vagabonder plus loin. Ou peut-être pour se rassurer lui-même. Comme avec un enfant, ne put-elle s'empêcher de remarquer. Elle réprima un soupir d'exaspération et laissa son poignet dans la main de son ami, songeant qu'il serait sans doute plus tranquille de cette manière. Parce qu'il me traite quand même comme sa sœur, ajouta-t-elle pour elle-même, sans savoir si elle trouvait se fait dérangeant, touchant, ou les deux à la fois.

Rabattant sa capuche sur sa tête, elle espérait qu'Oliver avait vu les deux sang-mêlés à travers la vitre et qu'il les attendrait là où il était plutôt que de continuer à errer sur l'aire d'autoroute comme une âme intangible. Juliette secoua la tête, chassant ses pensées égoïstes de son esprit. Ils savaient au moins que leur protecteur se portait bien et qu'il était dans les environs, libre et pas plus poursuivi qu'ils ne l'étaient eux-mêmes. Concentrée sur ces éléments positifs, elle parvint à se convaincre que les choses pouvaient s'améliorer et dégagea doucement son bras de la prise de son ami.

-Un problème ? demanda ce dernier sans se détourner de son chemin.

-Non, répondit la jeune fille. Mais je peux marcher toute seule.

Elle vit sa mâchoire se crisper, comme s'il s'apprêtait à répliquer, mais il sembla se raviser, jugeant probablement que la situation n'était pas adaptée. Elle était d'ailleurs elle-même consciente du fait que sa réaction face à l'instinct protecteur de son compagnon de voyage n'était pas des plus appropriées, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle ne comprenait pas pourquoi, mais elle était à parts égales émue et contrariée par Thomas.

Plusieurs possibilités se présentaient à elle : soit, il s'agissait de l'humeur habituelle de la jeune fille – ce qu'elle ne considérait pas impossible, si elle était parfaitement honnête avec elle-même – soit, elle expérimentait justement ce que c'était que d'avoir un frère ou une sœur : attachement et agacement mêlés en un nœud indissociable, amitié et exaspération tressées en étroites mailles. Un lien aussi profond qu'envahissant et incontrôlable. Ou alors, elle en avait peut-être tout simplement assez de ne pas pouvoir souffler pour réellement digérer tous les événements qui surgissaient à leur figure.

-Très bien, répliqua finalement l'adolescent. Excuse-moi, je voulais juste qu'on retrouve Oli de manière suffisamment rapide pour qu'on ne nous arrête pas ou qu'on ne nous tue pas, selon la personne qui nous trouvera en premier.

La jeune fille soupira, hypocritement incapable de supporter le ton débordant d'ironie de son ami, elle qui en usait pourtant si souvent.

-Je sais, Thomas, c'est juste... Je suis fatiguée, d'accord ? Je suis fatiguée de fuir, je suis fatiguée de faire des balades forcées sous la pluie, je suis fatiguée d'avoir l'impression que tout ceci n'est qu'un rêve, souligna-t-elle, le volume de sa voix augmentant au fil de son énumération, je suis fatiguée de ne pas pouvoir parler à mes parents et je suis fatiguée de ne plus avoir le contrôle sur quoi que ce soit depuis que je suis entrée dans le foutu bureau de ce foutu prof !

Journey To Camp Half-Blood [Percy Jackson FanFic] [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant