Chapitre 11

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Étendu sur le dos dans le lit à gauche de la fenêtre, Thomas contemplait le plafond d'un regard vide. Il n'avait pas très bien compris pourquoi, mais Juliette avait insisté pour prendre celui de droite. N'ayant aucune objection à ce qu'elle choisisse son lit et étant honnêtement trop fatigué pour l'interroger à ce sujet, il s'était simplement allongé sur le lit que son amie ne convoitait pas. Et c'était tout ce qu'il avait fait depuis au moins une heure : être couché sur ce matelas trop fin qui sentait la poussière en essayant désespérément de dormir sans y parvenir.

Il voulait se tourner sur le côté, mais dans les deux cas, sa jambe blessée le tiraillait. Il n'avait pas essayé, mais il ne fallait pas être un génie pour savoir qu'à plat ventre, la situation serait encore pire. Aussi, il n'avait d'autre choix que de rester couché dans cette position, sans espoir de soulager ses muscles endoloris par l'immobilité. Il avait horreur de dormir sur le dos. En fait, il avait toujours cru l'entreprise impossible, tant le fait de rester inactif même pendant son sommeil lui paraissait incongru. Mais comment elles font, les femmes enceintes... ? songea-t-il soudainement en se redressant dans le lit, dont le sommier grinça en une complainte gémissante. Il éprouva un vif respect pour toutes ces femmes qui avaient la force de porter un minuscule être humain jusqu'à sa naissance.

Le jeune homme tourna la tête pour glisser ses yeux azur vers l'autre lit. Une petite masse informe était roulée en boule sous la couverture et respirait de manière profonde et régulière. Il en conclut donc que Juliette s'était bel et bien endormie, harassée par la fatigue. Elle était étonnamment immobile, comme si sa journée avait été des plus normales, comme si un monstre n'était pas à ses trousses, et comme si elle ne se trouvait pas dans un motel inconnu et miteux, loin de son foyer.

Il admirait le calme que Juliette avait pu trouver au milieu du chaos qu'était devenu leur existence afin de réussir à trouver le sommeil. Il était incapable d'accomplir un tel exploit. Dissimuler ses émotions était une chose qu'il avait apprise tout au long de sa vie et constituait à présent une tâche aisée pour lui. Cependant, empêcher ces mêmes sentiments d'envahir son esprit jusqu'à ne plus pouvoir penser à autre chose lui était impossible. Il aurait préféré trouver la télécommande de son cerveau et appuyer sur le bouton « pause » qui lui permettrait enfin de se dérober à ses inquiétudes.

Sa vie venait d'échapper complètement à son contrôle ; le jeune homme n'était pas une personne organisée, il ne planifiait que peu de choses et l'imprévu l'accompagnait quotidiennement, comme un vieil ami qu'il aurait rencontré dès sa naissance. Pourtant, un changement comme celui-ci avait sur lui l'effet d'un glissement de terrain qu'il ne pouvait arrêter, un éboulement dans lequel s'étaient effondrées toutes ses convictions et certitudes. Tout serait à jamais différent, maintenant. Peut-être était-ce là qu'il se distinguait de Juliette. Celle-ci pensait pouvoir retourner à son ancienne vie, comme si rien n'était arrivé. Lui était persuadé du contraire : il n'allait plus jamais vivre comme avant les événements de cette journée.

Thomas retourna à sa contemplation du plafond, qui comptait un nombre impressionnant de fissures. C'est à se demander comment le bâtiment tient encore, songea-t-il avec une pointe d'inquiétude. La respiration régulière et légère de son amie le réconfortait étonnement, comme le ferait les ronronnements apaisants d'un chat endormi. Il essaya quelques minutes de se concentrer sur elle pour se détendre, avant de se redresser brusquement une nouvelle fois, se rappelant soudainement la présence d'un Oliver bien éveillé.

-Tu n'arrives pas à dormir ? demanda celui-ci, sans détourner le regard de ses mains, qu'il occupait à serrer et à relâcher la poignée de l'épée sur le rythme d'une mélodie que lui seul pouvait entendre.

-Non, chuchota-t-il. C'est si évident ?

-Même si tu ne bougeais pas sans arrêt depuis que tu t'es couché, je suis un satyre, ce qui veut dire que je peux déduire facilement tes émotions, expliqua le protecteur.

Journey To Camp Half-Blood [Percy Jackson FanFic] [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant