Chapitre 9

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Assise sur la banquette arrière de la petite voiture, les jambes comprimées contre le siège passager sur lequel Thomas était assis, Juliette commençait à perdre patience. Elle avait oublié à quelle heure ils avaient tous les trois quitté ce parking dans un autre véhicule volé, mais peut-être valait-il mieux qu'elle n'ait pas réussi à compter chaque minute qui passait, pendant lesquelles ses jambes lançaient douloureusement.

-Thomas, tu ne veux pas changer de place ? cingla-t-elle. Je suis compressée, moi, ici !

-Tu ne veux pas non plus venir sur mes genoux ? répliqua-t-il. C'est déjà la troisième fois que tu me le demandes. On n'a déjà pas vraiment le temps de s'arrêter, mais en plus, tu es plus petite que moi. Je ne tiendrais même pas, à l'arrière !

Volontairement, la jeune fille soupira bruyamment, frustrée d'être reléguée à l'arrière-plan à cause de sa taille et déterminée à le faire savoir. Elle ne s'était d'ailleurs jamais considérée comme petite, mais bien de taille moyenne. Ce n'était pas sa faute si Thomas était un géant comparé à elle ; s'il ne s'était pas senti obligé de croître comme une plante au soleil, elle n'en serait pas là.

-La prochaine fois, tu pourrais au moins faire attention à ce que je ne sois pas transformée en bloc comprimé, ça serait sympa, râla-t-elle.

-Ne sois pas ridicule, Juju. Il serait impossible de comprimer toute la contradiction et la mauvaise humeur contenues en toi, répondit son ami de manière un peu trop spontanée.

L'adolescente ouvrit la bouche pour répondre, sans pouvoir trouver un seul mot devant une réplique aussi véridique.

-Je te déteste, finit-elle par lâcher. Je te déteste de toute mon âme, Thomas Morgensen.

La seule réaction qu'elle obtint fut un rire. Pas seulement de la part du jeune homme en question, mais aussi de la part d'Oliver, qui avait eu la sagesse de rester en-dehors de leur échange jusqu'à ce moment. Juliette croisa les bras sur sa poitrine et riva son regard sur le paysage qui défilait par la fenêtre. Ils ont conspiré contre moi, tous les deux, pensa-t-elle injustement. J'aurais dû rester dans ce magasin de vêtements et aller boire un café avec cette vendeuse au look d'enfer. Elle soupira, sachant pertinemment qu'elle serait probablement déjà morte, si elle était restée, et Thomas et Oliver n'auraient plus qu'à mettre une iris bleue sur son cercueil. Elle n'avait jamais aimé les roses.

Juliette secoua la tête pour s'extirper de ses sombres pensées. Pourquoi planifiait-elle son enterrement ? Elle n'avait pas l'intention de mourir aujourd'hui. En fait, elle avait bien l'intention de rendre son dernier souffle très vieille après avoir laissé une impression marquante à autant de personnes que possibles après les avoir poussés à bout. C'était une des seules choses pour laquelle elle était douée. Ça et fuir, on dirait... songea-t-elle de manière assez morose.

-Tu ne devrais pas trop t'en vouloir d'avoir voulu te sauver, Juliette, la rassura Oliver, comme s'il avait lu dans ses pensées. Tu as fait ce qu'il fallait. Tu n'étais pas armée pour le contrer.

-Je ne sais pas ce que tu fais, si tu as des capacités spéciales de chèvre ou je ne sais quoi, déclara l'adolescente, mais arrête. Arrête ça tout de suite.

-J'essaie simplement de t'aider, se défendit le satyre.

-Je sais, mais ne refais pas ça, le prévint-elle.

Alors que le silence s'installa soudainement dans la voiture, les mains d'Oliver se crispèrent visiblement sur le volant ; l'adolescente savait qu'il essayait d'aider, mais elle ne supportait pas l'idée qu'elle puisse paraître faible. Pas encore une fois aujourd'hui. Elle devait s'inquiéter de choses plus importantes que ses sentiments, comme par exemple, un monstre aviaire qui était à leurs trousses. Oui, ça, c'est important, se dit-elle en son for intérieur, contrairement à ce que je ressens.

Journey To Camp Half-Blood [Percy Jackson FanFic] [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant