Chapitre 14

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Oliver tourna brusquement le volant vers la droite pour se placer sur le bas-côté et tira le frein à main sans se soucier d'être garé de manière conventionnelle. Son objectif premier, consistant à éloigner les deux demi-dieux du motel – et donc, de l'Oiseau du Lac Stymphale – le plus rapidement possible, l'avait entièrement détourné de la jauge d'essence. Tout en refusant de culpabiliser pour avoir priorisé ses compagnons, il savait qu'il avait commis une grave erreur en ignorant les réserves de carburant.

-Eh ben, Oli, pour une fois que c'est toi qui te fais enguirlander et pas moi... s'enquit presque joyeusement Thomas. Non, mais sans blague, on va faire quoi ? On va attendre gentiment de se faire tuer ? Je tiens à ma vie, en fait.

-Du calme, du calme, l'interrompit Oliver. J'ai dit qu'on était à quelques minutes de la Colonie, et c'est vrai. On va terminer à pied. Ce n'est pas comme si j'avais prévu de monter sur la colline en voiture, de toute façon.

-Bon, ne restons pas plantés là, alors, décida Juliette en ouvrant la portière.

La jeune fille jaillit du véhicule et dégourdit ses jambes en effectuant quelques pas avant d'inspirer profondément l'odeur de l'herbe nourrie de la lumière diurne. Qu'est-ce qu'elle se réjouissait de profiter de l'air frais en toute paisibilité ! En fermant les yeux et en se concentrant intensément, elle aurait presque pu imaginer qu'il s'agissait d'une journée parfaite : le soleil devant lequel s'aventuraient de faibles nuages, une légère brise agitant ses cheveux, le parfum réconfortant de la nature... il ne manquait plus qu'un sentiment de sérénité qui lui était impossible d'éprouver à cause du danger de mort planant au-dessus de leur tête.

Ne prenant même pas la peine de claquer sa portière, Oliver, l'épée fermement calée entre ses doigts leur adressa un signe de sa main libre pour leur indiquer de le suivre. Sans hésiter, les deux adolescents lui emboîtèrent le pas. Les enjambées de leur protecteur accélérèrent, lui faisant atteindre une allure entre la marche et la course lente, obligeant ses amis à avancer au petit trot pour ne pas se faire distancer. En même temps, avec des jambes de chèvre, c'est tout de suite plus facile... pensa Juliette avec mesquinerie.

Thomas regarda par-dessus son épaule, laissant l'expérience de cette aventure couplée à son instinct le guider. Il espérait sincèrement arriver dans les dix minutes à cette Colonie dont Oliver leur parlait depuis leur rencontre, parce qu'il menaçait de s'effondrer à tout instant. Il ne savait pas à quoi attendre de cet endroit, et il se demandait honnêtement comment le fait d'être dans une colonie de vacances allait les protéger des monstres. Cependant, ce qui lui importait le plus pour l'instant, c'était de savoir s'il s'y trouvait un téléphone qu'il pourrait utiliser.

Le jeune homme grimaça de douleur, sa blessure à la jambe le faisant un peu plus souffrir à chaque pas, et le sang qui imbibait son bandage commençait à transpercer le tissu de son pantalon, le souillant d'une tache écarlate qui recouvrait l'hémoglobine déjà séchée et qui croissait de seconde en seconde. Il doutait que ce soit bon signe, mais il ne pouvait pas alerter ses amis si près du but. Oliver avait assuré qu'il irait à l'infirmerie en arrivant, il devait simplement tenir un peu plus longtemps en se convainquant que ce n'était pas encore insurmontable.

-On traverse la route, informa Oliver, le forçant à abandonner ses réflexions. Et on ferait mieux de se dépêcher.

Juliette attrapa fermement le poignet de Thomas pour le tirer derrière elle, comme s'il était un enfant capricieux dont elle devait contenir les frasques. La vérité était qu'elle avait inconsciemment capté sa détresse et qu'elle tentait de l'aider à sa manière. Trop fatigué pour protester, le jeune homme ne broncha pas et laissa son amie l'entraîner, profitant même de l'énergie de cette dernière pour puiser dans ses propres ressources. Le satyre, déjà de l'autre côté de la route, se retourna pour observer leur progression et se retint visiblement d'effectuer un geste de la main pour les inciter à se presser. Quand enfin ils atteignirent l'herbe bordant la chaussée, Thomas en fut presque surpris : il ne s'attendait pas à ce que simplement fouler l'herbe lui procure une telle sensation de bien-être.

Journey To Camp Half-Blood [Percy Jackson FanFic] [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant