4- MATTEO

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- Comment ça il n'est pas allé en cours ? C'est de ta faute Sonia ! Si tu avais été moins docile avec ce gamin, il ne foutrait pas sa vie en l'air aujourd'hui ! s'écrie mon père

- Mais bien sûr, Aaron ! C'est toujours de ma faute, de toute manière. Que le lave-vaisselle ne fonctionne plus, que Tyler se soit fair virer de son boulot et même que Matteo n'aille plus en cours ! rétorque ma mère agressivement

- Je suis là ! m'écriai-je

Ils stoppent leur violente dispute et me fixent intensément. Les yeux de ma mère sont humides et ceux de mon père lancent des éclairs.

- Et je vous entends. Alors arrêtez de crier.

- Tu nous entends ? Mais c'est génial ça, Matteo ! Tu vas pouvoir nous expliquer ce que tu as foutu aujourd'hui ? Et quasiment tous les jours depuis la rentrée, en réalité.

Je soupire et ferme les yeux. Ma vie part en vrille, putain. C'est ma dernière année au lycée. Elle devait être génial. J'aurais dû la passer auprès de ma copine, et de mes potes. Mon frère aurait dû être là pour moi, et mes parents aussi. Mais au lieu de ça... Betty s'est barrée avec un connard qui est déjà à l'université, mes potes ne supportent plus mon humeur massacrante, mon frère passe ses journées à picoler et à dealer, quant à mes parents... ils ne cessent de se disputer. Pour tout et n'importe quoi. Je crois qu'ils ne s'aiment plus, et qu'ils cherchent à tout prix à le faire comprendre à l'autre.

C'est con. Ils devraient se l'avouer tout simplement. Se dire qu'ils ne se supportent plus. Au lieu de crier et de vivre dans cette ambiance pourrie. Putain ça craint, je suis vraiment en train de donner mentalement des conseils sur la vie amoureuse de mes parents ? Alors que celui que sa copine a quitté pour un autre : c'est moi.

Elizabeth Anderson a été mon premier amour, et malheureusement, ma première rupture douloureuse, aussi. J'essaye de garder le cap, d'aller bien. De ne pas me noyer. Je dis à tout le monde que je m'y attendais, que cela n'allait plus entre nous. Mais la vérité, la putain de vérité, c'est que j'étais dingue de cette fille, et que je pensais l'être toute ma vie.

Prenez cela pour un rêve de gosse, une illusion, ou autre chose, mais naïvement je pensais que cela allait durer. Longtemps. Vraiment longtemps...

Je suis arrivé à Glens Falls il y a deux ans. Mon père venait de se faire embaucher dans un excellent restaurant gastronomique et ce déménagement devait être un nouveau départ pour nous. Notre famille. Le mariage de mes parents, aussi...

J'ai donc fait ma rentrée au lycée au Kingsley High School, et je suis tombé sous le charme de cette blonde aux grands yeux bleus dès que je l'ai vu. Oui c'est carrément cliché, je sais. Seulement c'est ce que j'ai ressenti. Lorsque Betty m'a adressé la parole pour la première fois, j'étais en salle de musique. Je bossais sur une nouvelle compo', et elle est restée derrière la porte pendant une bonne demie-heure, à m'écouter en cachette. Lorsque je m'apprêtais à partir je l'ai aperçu derrière la porte, un sourire espiègle sur les lèvres et une lueur malicieuse brillant dans ses yeux clairs.

, exactement là, à ce moment précis, j'ai su que je ne pourrai plus jamais me passer de ce regard océan. On a vécu deux ans de pur bonheur. Malgré quelques disputes quotidiennes, je pensais vraiment que l'on formait un couple solide. Et à la fin du mois d'août elle m'a plaqué. Par message. Treize mots, un texto, et cela a suffi à me briser le cœur. « Je suis désolée, Matt, mais j'ai rencontré quelqu'un d'autre. Merci pour tout, Betty. »

J'ai d'abord cru qu'elle me faisait une blague. Betty possédait ce genre d'humour décalé, que peu de gens pouvaient comprendre, au premier abord. Mais ensuite elle n'a plus répondu à mes textos, et à mes appels. Là j'ai compris que c'était vraiment fini, et bordel, ça m'a crevé le cœur. J'avais besoin d'elle. Elle était ma bouée, et je sentais que sans elle, j'allais couler.

ABÎMÉSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant