ABÎMÉS

18- SAMUEL

- Betty ? Je suis rentré ! Et en plus de ça, j'ai une surprise pour toi !

Je ne lâche pas la main d'Aria, trop apeuré à l'idée qu'elle disparaisse et que je me réveille. Que je me réveille du rêve que je suis en train de vivre. On a passé une soirée absolument... magique tous les deux. Et on s'est enfin retrouvé. J'ai envie de crier à la Terre entière à quel point je suis heureux d'avoir reconquis celle que j'aimais. Même si, je dois l'avouer, je pensais que cela s'avérerait être plus compliqué. Je ne vais pas m'en plaindre, au contraire, je suis vraiment comblé qu'Aria ait accepté que l'on se re-laisse une chance.

Mais, étant donné que j'étais persuadé qu'elle était passée à autre, j'ai été profondément surpris de réaliser que ce n'était pas le cas. Et j'espère, du plus profond de mon cœur, qu'entre nous c'est parti pour durer. Je le sens au fond de moi, que cette fois ce sera différent. Aria paraît plus sûre d'elle, moins poussée par ma sœur, plus... plus attachée à moi, aussi. Moi je suis déjà fou d'elle, et l'idée qu'elle m'abandonne à nouveau me terrifie, mais celle de l'avoir auprès de moi dépasse largement mes peurs.

- Betty, je suis avec Aria ! Où es-tu ? poursuis-je en haussant un peu la voix dans l'espoir qu'elle me réponde

Aria commence à monter les escaliers métalliques en colimaçon menant à l'étage, et se dirige vers la chambre de ma sœur.

- Elle n'est pas là, me lance t-elle

Je fouille le salon des yeux, la cuisine, la baie-vitrée donnant sur le jardin, et jette un coup d'œil à la piscine, même si en plein mois de novembre, cela serait de la folie qu'elle ait décidé de s'y baigner...

- Elle est peut-être chez Liam ?

Aria redescend et me rejoint dans le salon tout en hochant la tête négativement.

- Cela m'étonnerait. Ils sont un peu en froid, en ce moment...

Je plisse les yeux, l'incitant à m'en dire plus. Elle soupire et s'assoit sur une de nos chaises hautes en marbres, placées autour de l'îlot central en forme de « I », où nous nous asseyons habituellement pour dîner.

- Elle pense qu'il l'a trompe. Avec une certaine Lydia, un ancien flirt à lui, mais il parait qu'ils sont toujours proches. Liam lui assure que c'est simplement une bonne amie, mais tu connais ta soeur, tant qu'elle n'a pas vérifié d'elle même qu'il disait la vérité, elle n'y croira pas.

- Je vois... je ne l'ai jamais senti de toute manière. Même si je ne portais pas particulièrement Matteo dans mon cœur, il avait au moins l'avantage d'être sincèrement et profondément amoureux de ma sœur. Elle n'aurait jamais douté de lui.

Aria hoche la tête, afin d'acquiescer mes propos.

- J'ai toujours pensé qu'elle avait fait une erreur en le quittant pour Liam. Mais quoiqu'on dise, quoiqu'on fasse, lorsque Betty a une idée dans la tête, impossible de l'en dissuader. Et elle voulait Liam, plus que Matteo.

- Tu as raison. Mais parfois ce que l'on veut n'est pas forcément ce dont nous avons vraiment besoin...

Je me perds dans mes pensées, et je vois qu'Aria cherche à comprendre ce que j'insinue.

- Ce que je veux dire par là, c'est que parfois on pense vouloir quelque chose très fort, et on pense qu'on sera plus heureux en abandonnant ce que nous avons déjà. Mais l'Homme est attiré par ce qu'il ne possède pas. Ce qu'il ne connaît pas. Ce qui lui paraît inaccessible. Il se lasse, il s'ennuie, et il finit souvent par... abandonner ceux qu'il aime en agissant de la sorte.

- On parle toujours de Betty ? Ou bien de moi ? me demande Aria amèrement

Je reviens à la réalité. Une réalité où la fille de mes rêves est devant moi, et où je viens de la blesser. Intentionnellement. J'ai beau dire et faire ce que je veux, la vérité c'est que je crois que je lui en veux encore. Pour avoir si vite baisser les bras, et m'avoir quitté si rapidement sans penser un instant à ce que j'aurais pu ressentir.