30- SAMUEL

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Aria est à splendide ce soir. Elle est juste... à couper le souffle. Sa robe noire, mi-longue et prêt du corps, épouse parfaitement les courbes minces et délicates de son corps. À ses oreilles des petits anneaux dorés sont accrochés, et ses yeux sont soulignés d'un trait noir et fin, allongeant sont regard de félin. Un rouge somptueux colore ses lèvres fines et gourmandes tandis que ses escarpins noirs et brillants contrastent magnifiquement bien avec son visage de femme-enfant, terriblement séduisant.

- J'en ai trop fait, n'est-ce pas ? me demande t-elle nerveusement en passant une main dans ses cheveux bruns, qu'elle a lissé pour l'occasion

Les mots se perdent sur mes lèvres, et je suis incapable de lui offrir une réponse cohérente. La vérité, c'est que non, elle n'en a pas trop fait. Elle est tout simplement parfaite. Je la trouve toujours belle, évidemmente, mais ce soir, ce soir c'est différent. Elle semble plus... plus femme. Et, voir la fille que l'on aime depuis le jardin d'enfant, se tenir devant vous, métamorphosée en une femme splendide, je peux vous assurer que cela bouleverse.

Le rire taquin d'Ilan me ramène à une réalité où Aria me dévisage, inquiète de mon mutisme face à sa question.

- Je crois que Sam est un peu perturbé, ma belle. Laisse lui le temps de revenir parmi nous, ou bien, d'aller prendre une bonne douche froide... se moque Ilan

Un sourire amusé prend place sur les lèvres d'Aria, et je réalise seulement à ce moment là, que ça n'est pas arrivé depuis ce qu'il me semble être une éternité.

Lorsqu'on s'est remis ensemble, je lui ai promis que si je devais faire en sorte qu'une personne souffre entre nous deux, je ferais tout mon possible pour que cela ne soit pas elle. Mais, avec mon attitude de ces derniers jours, mes silences, mes nuits blanches, mes absences, je sais que je l'ai blessé. Je n'ai pas pris soin d'elle comme j'aurais dû le faire. Le fait que je traverse une période compliquée ne doit pas excuser mon comportement. Aria a besoin de moi, autant que j'ai besoin d'elle, et j'ai eu tendance à l'oublier, ces derniers temps. Je l'ai délaissé, j'ai abusé de sa patience, et j'ai intériorisé toute ma peine, m'interdisant de me montrer vulnérable.

Pourtant, elle est toujours là. À me fixer, comme si elle attendait le moment où j'allais m'en aller. Je sais qu'elle pense que je ne le remarque pas, mais je perçois ses regards inquiets, lorsque je m'isole, et que je m'absente. J'entends ses supplications silencieuses, tard le soir, lorsqu'elle me murmure de ne jamais l'abandonner. Elle est terrifiée à l'idée que je parte parce qu'elle pense qu'elle ne s'en sortirait pas sans moi, mais la vérité, c'est que c'est moi qui imploserai, sans elle.

Depuis la disparition de ma sœur, je suis une boule de feu, un volcan en ébullition, et la seule chose qui parvient à me calmer, c'est la chaleur et la douceur de son regard, à chaque fois qu'elle le pose sur moi. Elle voit en moi, quelque chose que j'ai abandonné depuis longtemps. L'espoir.

- Tu es parfaite.

Elle hoche la tête, rassurée, et saisit son long manteau beige qu'elle dépose simplement sur ses épaules. Ilan l'imite, et nous nous dirigeons tous les trois vers une soirée à laquelle nous n'avons absolument pas été invités.

*

Honnêtement, je suis déçu. Les soirées universitaires n'ont rien d'exceptionnel, à première vue. Il y a de l'alcool qui coule à flot, des gens bourrés, ou défoncés, ainsi que de la musique étourdissante et agaçante. Nos soirées de lycéens me paraissent semblables à celle-ci. La seule différence est que ces gens ont entre vingt et vingt-cinq-ans, et que jouer à des jeux d'alcool stupides semble les éclater encore plus qu'avant.

ABÎMÉSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant