Chapitre 1. Ombre

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La nuit tombante accentuait l'obscurité de la ruelle mais il n'en avait que faire, il la connaissait maintenant par cœur, la nuit n'était donc pas pour lui un problème.

Bucky Barnes fléchit les genoux et sauta. Ses mains se refermèrent sur la rambarde dans un tintement. Seule l'une d'entre elles lui permit de sentir la peinture écaillée et l'acier froid sous ses doigts. À la force de ses bras, il tira son corps vers le haut puis le fit passer par dessus la barre. Malgré la vitesse qu'il avait mit dans son mouvement, il réussit à faire atterrirent ses baskets sur la plateforme métallique dans le plus grand des silence. Il releva la tête, vérifiant instinctivement les alentours, puis dégagea une mèche brune qui lui tombait sur les yeux. 

Il grimpa tranquillement les marches qui s'offraient à lui, observant le sol à chaque palier. Pas qu'il soit paranoïaque, non, mais... il se savait rechercher et bien qu'il ai réussit, depuis presque un an, à se cacher au fin fond de l'Europe, il refusait qu'un excès de confiance lui soit fatale. 

Son ascension des escaliers extérieur était presque terminer, il abandonnait les relents s'échappant des poubelles en contrebas pour l'air frais de la nuit, une odeur qu'il appréciait bien plus. Le dernier étage était son moment préféré. L'escalier se terminait ici et même avec ses grandes capacités, il était trop bas pour pouvoir sauter et se hisser sur le toit. Sa seule possibilité était de se rattraper à la fenêtre en face de lui et de là, escalader en trois pas le mur. Il poussa en arrière le bas de sa veste et recula pour prendre un peu d'élan. Comme à chaque fois, il sentit cette délicieuse sensation de stresse et d'envie avant le grand saut. Il sourit. Comme à chaque fois. Heureux de sentir cette adrénaline. Heureux d'enfin ressentir des choses après tant d'années.

Il passa par dessus la rambarde. Durant un moment infime il fut dans les air puis ses mains rencontrèrent violemment le rebord de la fenêtre. Il avait du sauter trop sur le coter car il fut contraint de ficher les doigts de sa main gauche dans le béton pour ne pas glisser. Il remercia infiniment ses instincts et (bien qu'il se répugne à le faire) un peu ses entraînements chez Hydra. Après s'être assuré que sa prise était bonne, il resta un instant à calmer sa respiration, le front contre la dalle, le bout de ses pieds reposant sur un défaut du vieux mur. 

- On a des escaliers à l'intérieur.

Il releva brusquement la tête, sa main droite déjà posé sur la crosse de l'arme qu'il cachait à sa ceinture. Il fronça les sourcils. Penché à la fenêtre sur laquelle il était pendue, un homme d'une cinquantaine d'année en salopette bleu marine regardait dans le vague. Bucky l'observa attentivement comme si l'autre ne pouvait pas le voir.

- Je suis aveugle, petit génie. 

Il ne sut pas comment réagir. N'importe qui se serait sentit confus ou géné mais ces émotions là manquait à sa palette. Le vieil homme (qui n'était pas si vieux que ça) passa une main sur sa barbe poivre et sel en soupirant puis il tendit sa main.

- Touche mon bras si t'es muet, parce que sinon on est pas sortit du sable et si t'es sourd... bah mon gars je peux rien faire pour toi.

Bucky ne put s'empêcher de sourire en baissant les yeux.

- J'ai pas de vrai bras gauche mais pour le reste ça va.

L'homme esquissa un sourire à son tour et se recula de la fenêtre.

- Allez, rentre.

- Non, je...

- Rentre, j'te dis.

Bucky réfléchit un instant, l'éventualité que cela pouvait très bien être un piège l'effleura mais il se hissa quand même dans l'appartement de l'homme. Il avait un besoin étrange d'avoir une conversation avec quelqu'un, même aussi bref cela pouvait-il être. Il posa ses pieds sur la moquette et une forte odeur d'épice agressa son odorat. Il observa autour de lui. C'était un salon des plus basique qui donnait sur une petite cuisine simple, c'était d'une banalité réconfortante. L'homme marcha en effleurant le mur du couloir qui donnait sur la porte d'entrée puis prit une feuille sur l'imposante commode qui s'y trouvait.

- Ça fais un moment que j'attend de pouvoir de parler. Je t'ai entendue passer pas là... 57 fois. J'me demandais à chaque fois si t'allais pas te rompre le cou...

Il passait son doigt sur le papier qui semblait cartonné et sur lequel Bucky pouvait distinguer les nombreuses encoches marquant ses passages.

- Vous les avez comptés ?

L'homme se retourna, un sourire en coin.

- J'ai pas grand chose à faire, c'est vrai. Et ça...

Il dirigea la feuille vers Bucky, qui s'approcha rapidement. Son visage se figea. Sous les traits indiquant les fois où il avait emprunté ce passage se trouvait des croix. Depuis plusieurs semaines.

- Ça c'est ton ombre, gamin.



In Cold Blood (Sтucκʏ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant