In Cold Blood (Sтucκʏ)

Chapitre 7. Omelette

Steve sortit les clefs de l'appartement, trouva celle de l'entrée et la tourna dans la serrure. Il récupéra les sacs qu'il avait laissés au sol et poussa la porte de l'épaule. Il referma derrière lui puis traversa le vestibule pour aller déposer ses achats dans la cuisine. Le salon était baigné dans une douce lumière grâce aux faisceaux qui traversaient les rideaux, la poussière dansant lentement à l'intérieur. Steve tenta de faire le moins de bruit possible en rangeant sa veste puis  les aliments qu'il venait d'acheter (tant qu'à rester là autant bien y manger). Alors qu'il glissait une boite de sardine dans un des placards, il perçu un froissement dans son dos et, suspendant son geste, se retourna.

Bucky était là, au milieu du salon, derrière la table basse. Comment y était il arrivé aussi discrètement, Steve n'en avait que faire, il était debout, semblait aller mieux, et c'était la chose la plus importante. Ils restèrent à se regarder quelques secondes. Steve, le corps de profil, baissa lentement le bras et se retourna totalement vers lui puis lui adressa un fugitif signe de la tête.

- J'ai... acheté des œufs... je me souviens que tu aimais ça... les œufs...

Bucky avait, pendant un instant, douté de la réelle présence de Steve mais finalement même son esprit malade n'aurait pu mettre au point une phrase de retrouvaille aussi ridicule. Il passa ses mains dans les poches de son pantalon noir et hocha la tête.

- C'est vrais. 

Bon, même lui se trouvait ridicule... mais il n'était pas prêt à ça, à Steve parfaitement parfait et réel. Si il avait écouté ses envies il serait déjà auprès de Steve, tentant d'entrer en contact avec lui... autrement qu'avec ses poings. Bucky refoula une vague d'images pour le moins désagréable et détourna le regard. La présence du Captain emplissait totalement l'appartement, son odeur y circulait librement et le tourmentait. Il se laissa glisser sur canapé respirant doucement comme de peur de retirer cette sensation déroutante mais enivrante. Steve se retourna vers le plan de travail, il termina de ranger les courses puis entreprit de faire une omelette. 

- Qu'est se qu'il c'est passé ?

Sans s'en rendre compte Bucky s'enfonça un peu plus dans le canapé, fixant une tête de clou qui dépassait d'une planche de la table.

- Je ne veux pas en parler.

Steve reposa sa fourchette tel une mère en colère et se retourna.

- Tu ne veux pas en parler ?! Je te demande pas de justifier quoi que se soit de ton passé, je veux simplement savoir pourquoi tu te retrouve avec deux balles dans le corps, à deux doigts de crever ! Je veux... je veux savoir comment tu va maintenant...

Il se retourna vers les plaques de cuisson, voulant échapper au regard de Bucky. Ce dernier entrouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Il se pencha en avant et croisa les mains.

- Désolé pour... la dernière fois, je...

- Nan, nan, nan je t'arrête tout de suite.

Bucky tourna la tête vers Steve occupé à sa cuisine, il resta un instant à observer son dos, la dernière fois qu'il l'avait touché, si il y avait effectué une pression trop forte, ses os se seraient brisés. C'était il y a si longtemps, maintenant. Une douce odeur commençait à se répandre dans l'appartement.

- Tu n'as rien à te faire pardonner. Je ne peux pas te laisser la responsabilité de ça, c'est comme si je t'accusais d'être... d'être tomber de ce foutu train.

Ils se turent pendant plusieurs secondes où seul le son de la cuisson de l'omelette brisait le silence. Bucky fixait ses ongles où il n'avait pas réussit à gratter la totalité du sang séché qui s'y était logé.

- Je ne sais pas qui c'est mais ils sont doués...

Le Captain se retourna et, s'adossant au plan de travail, croisa les bras.

- Ah, ils "sont" toujours.

- Steve !

Bucky venait de tourner vers lui un regard mêlant indignation et reproche. 

- Excuse moi, continue.

Malgré le visage fermé qu'arborait Steve, à la seule prononciation de son prénom par Bucky il avait manquer de recommencer les crises d'asthme.