Laisse-Toi Succomber [PAUSE]

Chapitre 4.2

« Les jours, les mois, les larmes qui coulent encore,
Ils partent, s'envolent les morceaux de mon cœur,
Ne reste que les remords. »
G

avin James Ft. Philippine - Always

Laïa

− Quoi ? Tu... Comment tu as pu entrer ?!

Il hausse les épaules et part de la chambre par une deuxième sortie. Je le suis, avec cette impression de le coller tel un petit chien. J'arrive dans un salon où, là aussi, le strict minimum est présent : une télévision, un canapé et une table basse. La couleur marron des murs est à revoir, rendant la pièce peu chaleureuse.

Peut-être qu'il y avait déjà les habits près de la douche, c'est la seule explication possible. Du moins, c'est ce que je me répète sans cesse. C'est la seule et unique option. De toute façon, je n'en vois pas d'autre.

Il les avait mis avant.

− Tu n'aurais pas dû enlever ce bandage, ta blessure aurait cicatrisée rapidement, crache-t-il.

Je lâche un rire aigu et balance, sur le même ton froid que lui :

− Depuis quand tu t'occupes de moi ?

− Une bière ? demande-t-il soudainement.

− Non.

Son revirement soudain de comportement me laisse perplexe. Il est devenu si gentil d'un coup, ça ne lui ressemble pas. Shrek part chercher sa bière dans le frigo et il s'installe confortablement dans le canapé.

− On doit parler.

Son ton est dur et me perce les poumons, il vient de me couper la respiration. Je n'ose même pas demander de quel sujet. Si je suis ici, c'est bien pour une bonne raison et je crois que j'ai compris.

− Le jeu nous a liés.

Il m'observe sous tous mes angles, attendant une quelconque réaction de ma part. Devrais-je réagir ? Montrer ma haine que j'ai envers moi pour avoir bêtement suivi le troupeau ? Non, j'ai accepté et c'est à moi de faire en sorte de sortir de ce jeu.

Je m'assois à terre sous son regard perçant. Il juge mes moindres faits et gestes, il guette toujours ma réaction.

− Quoi ? C'est pas ma faute si ton sol est bien plus propre que ton canapé !

Il lève les yeux au ciel et ne fait même pas attention à ma remarque. Son canapé est crade, quelques tâches noires se trouvent au niveau des coussins du fauteuil. Je ne veux même pas poser une seule de mes fesses dessus. Même sous la torture je préférerais lécher le sol que faire ça !

Je croise les bras et je compte les secondes qui s'écoulent avant qu'il ne prenne la parole. Cinq minutes sont vites passées, j'ai dû compter jusqu'à trois cents. Shrek est toujours assis sur le sofa, il n'a pas bougé d'un pouce. Ses yeux, où quelques éclats vifs ressortent, me scrutent. Il est à son aise dans le fauteuil, son corps dégage un air glacial.

− OK. J'en ai marre ! Qu'est-ce que tu veux ? maugréé-je, impatiente.

Un petit rictus se forme sur ses lèvres.

− Je veux que tu te tiennes à carreaux. Tu n'as pas le droit d'aller voir un autre homme, ne serait-ce que lui toucher le bras est interdit.

Maintenant, j'ai affaire à un homme jaloux. Je ne sais pas quelle bestiole l'a piqué, mais il va me taper sur le système.

− Oh non mon coco, il en est hors de question ! dis-je en me relevant. Je suis libre de mes faits et gestes, je fais ce que je veux. Je ne sais même pas pourquoi je suis encore là, j'ai rien à faire ici !