Laisse-Toi Succomber [PAUSE]

Chapitre 2.1

« Time is a valuable thing
Watch it fly by as the pendulum swings
Watch it count down to the end of the day
The clock ticks life away » *

Laïa

Aujourd'hui, je travaille de neuf à dix-huit heures. Une longue journée m'attend et je le sens, je n'ai aucune motivation. Pourquoi ai-je été dans cette boutique de luxe déjà ? Ah, oui, parce qu'on est très bien payés et bien habillés. On nous fournit deux tenues identiques : une jupe noire et un chemisier blanc portant le logo du magasin. Simple mais classe.

Je frotte ma jupe et souffle, ça fait à peine deux heures que je suis ici. Le « Jame's » est un magasin très réputé à Rouen, on peut y trouver des costumes magnifiques ainsi que d'autres vêtements tout aussi canons les uns que les autres. Je ne sais même pas comment ils ont pu m'embaucher, moi, la petite nouvelle du coin, alors que toutes les filles à papa attendaient leur tour ? Que je le dise franchement, la plupart d'entre elles rêvent d'être ici pour trouver leur prince charmant. Enfin, surtout un homme riche. Parce que, la richesse permet en quelque sorte l'accès illimité aux magasins dans ce genre, qui eux-mêmes permettent le bonheur. L'argent, c'est le bonheur. Ceux qui ont vécu sans fortune me comprennent mieux.

Caroline, qui est en train d'aider un client à quelques mètres de moi, me montre bien la personne pourrie gâtée qu'elle est. Elle fait ce qui semble être une parenthèse avec son corps, pour montrer ses belles fesses. Regarde bien sa main, il a une bague de marié au doigt salope !

− Bonjour.

Je sursaute et j'appuie mes mains contre ma poitrine. L'homme qui se tient devant moi, ses deux doigts grattant sa barbe naissante, vient de me faire une peur bleue.

− Je n'suis pas le diable enfin, lâche-t-il.

Il pose sa main contre mon bras et je lui souris poliment. Si le diable venait réellement me chercher, il me botterait plus les fesses qu'autre chose face à ma gentillesse surdimensionnée.

− En quoi puis-je vous aider ?

− Je cherche une veste simple qui irait parfaitement avec cette chemise.

Je hoche la tête lorsqu'il me pointe du doigt celle qu'il porte et me dirige vers le rayon demandé. Je prends trois vestes et me retourne. Je me retrouve nez à nez contre un torse dur. Je ferme les yeux quelques instants. Je déteste cette proximité avec un homme. Ça me rend folle, j'ai envie de lui foutre une claque.

Règle numéro une : ne jamais mettre un pain le premier rendez-vous, jamais.

− Suivez-moi.

− Je suis si vieux que ça ? Tu peux me tutoyer.

Je me dirige vers les cabines et lève les yeux au ciel. Ce client semble beaucoup trop orgueilleux et il me paraît arrogant aussi. J'en ai déjà marre. Pourquoi suis-je venue ici déjà ? Ah oui, c'est ironique mais c'est l'argent qui m'a attirée ici.

− Je sais pas si cette veste est serrée ou si mes biceps sont imposants, qu'en penses-tu... Laïa ? dit-il en lisant mon badge.

J'ouvre la bouche et la referme. Si je lui dis que c'est vraiment à cause de son corps imposant, il va croire que je le drague. Il en est hors de question, j'ai autre chose à faire que de chercher un petit-ami parmi les gosses de riche.

Il met ses mains dans ses poches et me fixe avec insistance. Il arque un sourcil et ne se gêne pas pour me matter. Il attend une réponse, chose que je ne lui donne pas. Je pars directement de la grande salle afin de trouver la taille qu'il lui faut. C'est-à-dire, la taille au-dessus.